"Des classes à 35 élèves, c’est inconcevable" : Les lycées agricoles de Borgo et Sartène s'opposent à une réforme menaçant la qualité de l'enseignement

Ce mercredi après-midi, une mobilisation a eu lieu devant la préfecture de Corse. Les manifestants, qui se battent pour "leur avenir", sont fermement opposés à une réforme du ministère de l'Agriculture qui prévoit une réduction de la dotation globale horaire (DGH) dès la rentrée prochaine. La DGH correspond au nombre d'heures d'enseignement allouées à chaque établissement pour mener à bien ses missions pédagogiques, et une baisse de cette dotation pourrait gravement impacter leur formation.
Actuellement, les classes du lycée agricole fonctionnent avec de petits effectifs, ce qui permet un meilleur encadrement. Cependant, un regroupement des classes pourrait tripler le nombre d'élèves par classe, et les enseignants risquent de perdre des heures de cours ou même leurs postes. Les élèves craignent que ces changements nuisent gravement à leurs conditions d'apprentissage et à la qualité de leur formation.
Une délégation reçue en préfecture
Accompagnés de leurs enseignants, les élèves du lycée agricole de Borgo ont exposé leurs préoccupations devant les grilles de la préfecture. La manifestation, calme et organisée, a permis à une délégation d’être reçue par un représentant du préfet. Pendant plus d'une heure, les élèves ont présenté leurs revendications, et ressortent relativement satisfaits de cette rencontre.
Un point positif : le directeur de la Draaf leur a assuré que l’option agro-alimentaire, qu’ils craignaient de voir disparaitre, serait maintenue. "Cela nous a été confirmé en préfecture", a exprimé Jean-Félix Acquaviva, l’un des élèves. Concernant les autres revendications, "nous avons été entendus au sujet du regroupement des classes", bien qu'aucune réponse définitive n'ait été donnée. "Nous savons que des négociations vont suivre et espérons des réponses positives, mais quoi qu’il arrive, des classes à 35 élèves, c’est impensable."
Le soutien de la chambre d'agriculture
De son côté, Jean-Baptiste Arena, président de la chambre d’agriculture de Corse, a exprimé son soutien : "Nos inquiétudes ont été prises en compte et les retours ont été faits. Maintenant, nous devons poursuivre notre travail de lobbying auprès du ministère de l’Agriculture et rester vigilants." Il insiste sur la nécessité de maintenir "les postes d'enseignants dans les lycées de Borgo et Sartène afin de garantir une formation de qualité et permettre aux élèves d’acquérir les compétences nécessaires."
Les lycéens prévoient une nouvelle rencontre ce vendredi avec les services de la Draaf pour poursuivre les discussions sur cette réforme.
Soutiens politiques en Corse
Les actions menées par les élèves ont recueilli plusieurs soutiens politiques. Le groupe Fà Populu Inseme a exprimé son soutien total aux mobilisations : "Les coupes budgétaires menacent les formations agricoles alors que la Corse doit tendre vers une production locale durable et garantir la souveraineté alimentaire." Le PNC a également dénoncé cette décision : "Elle est inacceptable. L’État doit revenir sur sa décision pour ne pas pénaliser de nombreux jeunes et les filières agricoles."
Core in Fronte a souligné le rôle essentiel des lycées agricoles dans le développement de l'autonomie alimentaire de la Corse et la reconquête de sa capacité productive. Le mouvement indépendantiste a promis de s’opposer fermement à toute tentative de fusion des établissements. Enfin, l'ensemble des groupes de l’Assemblea di a Ghjuventù a insisté sur l'importance de maintenir une formation de qualité pour assurer un développement durable du secteur agricole en Corse.