Deux ans de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité requis contre Valérie Bozzi.

La maire de droite est jugée aux côtés de deux autres prévenus, dont son compagnon, Sylvestre Ceccaldi. Ce dernier a vu la réquisition du parquet contre lui porter sur une peine d'un an de prison avec sursis et une amende de 10 000 euros pour "recel de prise illégale d'intérêts". Farid Zouari, le dirigeant de l'entreprise de vidéosurveillance, a, quant à lui, vu une demande de six mois de prison avec sursis et une amende de 5 000 euros pour "recel de favoritisme". Le jugement sera également rendu le 14 mai.
Un marché de 330 000 euros en cause
L'affaire porte sur un marché public de 330 000 euros, conclu entre 2019 et 2020, pour l'installation de 70 caméras de vidéosurveillance à Porticcio. Selon les accusations, Valérie Bozzi aurait transmis des informations cruciales, notamment un diagnostic de sécurité, à Farid Zouari avant la publication de l'appel d'offres, afin de garantir que son entreprise, Visiotec, remporte le contrat. La maire est également accusée d'avoir validé l'installation d'une caméra visant à surveiller la route menant à l'établissement balnéaire de son compagnon, Sylvestre Ceccaldi, qui avait été la cible d'un incendie criminel. Farid Zouari et Ceccaldi ont tous deux affirmé que l'installation de cette caméra avait été payée par l'entreprise de Ceccaldi, et non par la municipalité.
Défense et accusations de conflits d'intérêts
Pour sa défense, Valérie Bozzi a justifié l'attribution du marché en soulignant qu'il visait à "assurer la sécurité" et a estimé qu'il était impossible de remettre en cause un marché simplement en raison de la proximité avec la personne impliquée. Sylvestre Ceccaldi a également minimisé les accusations, arguant que les conflits d'intérêts étaient fréquents en Corse, mais qu'il n'y avait aucune intention de truquer les marchés. De son côté, le procureur a évoqué une "proximité marquée par des intérêts anciens" et des "relations douteuses".
Les avocats des prévenus ont plaidé pour la relaxe de leurs clients. Me Dominique Mattei, avocat de Valérie Bozzi, a estimé que les réquisitions étaient "excessives" et "inadaptées" par rapport au dossier, affirmant que "les rumeurs et les éléments suspicieux" ne constituaient pas une preuve. Il a également précisé que le projet de vidéosurveillance avait été réalisé "au bénéfice et à la satisfaction des citoyens de Porticcio". L'avocate de Farid Zouari, Me Aljia Fazai-Codaccioni, a estimé que les accusations étaient infondées, soulignant que l'enquête avait été "extrêmement rapide" et qu'elle ne justifiait même pas l'ouverture d'une information judiciaire, basée sur des "ouï-dire" et des "rumeurs". Elle a ajouté que l'enquête semblait reposer sur un préjugé concernant la probité des élus, avec des éléments insuffisants pour justifier une culpabilité.