La Corse, qui affiche la plus forte proportion de sa population éligible au logement social en France métropolitaine

En cinq ans, la Collectivité de Corse a investi 65 millions d'euros dans le programme "Una casa per tutti" pour répondre aux problématiques liées au logement sur l'île.
Ce financement a permis de créer 3 700 logements sociaux et 700 logements communaux, des chiffres avancés par le président de l'Agence d'Urbanisme et d'Énergie de la Corse. Cela représente un investissement annuel de 13 millions d'euros pour la réhabilitation et la construction, mais ces efforts restent insuffisants face à la demande, comme le reconnaît Julien Paolini : "Le besoin est considérable. Dans le secteur du logement social, on comptabilise environ 6 500 demandes chaque année pour seulement 1 000 attributions. Le marché est sous pression, une pression alimentée par une démographie en forte croissance et des évolutions sociologiques, avec une proportion plus importante de familles monoparentales... Malgré les investissements massifs de la collectivité, la tension demeure".
À cela s'ajoute la spéculation foncière liée à l'attractivité touristique de l'île, ainsi que l'explosion des offres de locations saisonnières. "Il est clair que ce n'est pas la construction en masse qui régulera le phénomène", précise le président de l'AUE. "Rappelons qu'au cours des dix dernières années, 5 000 permis de construire ont été délivrés chaque année, mais la majorité a concerné des résidences secondaires et des meublés de tourisme." L'élu nationaliste plaide pour la création de zones réservées aux résidences principales "antispéculatives", ainsi que pour l'autonomie.
Ce constat de carence est partagé par Juliette Ponzevera, présidente de l'Office Public de l'Habitat de la Collectivité de Corse, qui gère près de 3 300 logements, principalement en Haute-Corse. Là encore, ces logements sont insuffisants pour satisfaire la demande. "Chaque année, environ 200 logements sont attribués, tandis que 800 demandes restent en attente", explique-t-elle. Les raisons : un foncier limité, des coûts de construction en constante augmentation, des aides de l'État insuffisantes, et un parc vieillissant. Les budgets contraints, tant au niveau national que local, n'encouragent pas à l'optimisme.