Lundi 28 février 2022

Arritti privé de ses annonces légales par le préfet Lelarge

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arritti
Journal à consonance nationaliste installé dans la presse locale depuis près de 60 ans, l'hebdomadaire Arritti se voit remettre en cause sa légitimité en tant qu'organe de presse.

Cela survient à la suite d’une décision de la préfecture de Corse-du-Sud qui a choisi de ne pas renouveler l’habilitation pour la parution des annonces légales au média, à contrario de la préfecture de Haute Corse qui elle l’avait  accordée. Pour la direction du settiminale il s'agit là d'une nouvelle attaque orchestrée par le préfet Pascal Lelarge. 

Présent et reconnu dans le giron de la presse locale depuis 1966, il compte plus de 2700 numéros à son actif, c’est l'un des plus anciens hebdomadaires de Corse. Fondé en décembre 1966 par Max Simeoni, pour porter la voix de l'autonomisme depuis plus de 56 ans, sa rédaction est assurée par des rédacteurs bénévoles. « Arriti est un journal qui a toujours défendu toutes les luttes du peuple corse mais pas uniquement car il ne s’est pas contenté de les défendre il a parfois structuré l’action, structuré le débat public, et a été porteur d’initiative » déclare Fabienne Giovannini, rédactrice en chef du journal.

Mais le média se voit confronté à de grosses difficultés alors qu’en Haute Corse, la préfecture a accepté l'habilitation du titre sans demander de justifications complémentaires, la préfecture de Corse-du-Sud n'a quant à elle  pas renouvelé son autorisation pour la publication d'annonces légales en 2022. Habilitation décidée par les préfets des deux départements sur la base de données de diffusion, dont l'organe de presse se voyait accorder depuis les années 80 mais le préfet Lelarge a pris cette décision qui a des conséquences directes pour le média, « cela a des conséquences importantes et subites pour nous, nous n’avons plus le droit de faire paraître les annonces légales et judiciaires en Corse du Sud. À terme cela représente quand même près de  25 000 €  par an pour un petit budget comme le nôtre. Nous avons trois gros piliers de recette : les abonnements, les publicités, les annonces légales et judiciaires, quand vous touchez un de ces piliers vous déstabiliser tout l’ensemble ».

Appel gracieux et campagne d’abonnement de soutien

L'affaire remonte au 31 décembre, relatent à travers un article les responsables de publication. « La Préfecture de Corse du Sud a demandé des justifications complémentaires quant à la diffusion d’Arritti le 31 décembre 2021 à 16 heures … pour un arrêté préfectoral à prendre avant le 31 décembre à minuit. Et cela alors que le dossier était dans les services de la Préfecture depuis le 15 novembre et n’avait fait l’objet d’aucune réserve »

Suite à cela le journal Arritti a donc pris des dispositions, « nous avons donc lancé un appel gracieux face à l’arrêté qui nous exclut de faire paraître nos annonces et cela de manière injuste ».

Mais pas uniquement en vue d’une perte d’argent présumée et pour palier à ce manque qui peut se dessiner, le média compte sur le soutien des corses, « c’est dans l’adversité que les corses savent se retrouver ».

Arritti remercie le peuple corse de leurs messages de soutien ainsi que les médias présents à leur côté. 

Le settiminale Naziunale Corsu lance donc une campagne d’abonnement au prix de 45€ pour la 1ère année afin de soutenir le titre et la liberté de la presse. 

Marc-Antoine Mucchielli