Jeudi 13 janvier 2022

Jean-Michel Djian à Monticello où il prépare un film à la mémoire de Michel Rocard

Image
Djian
Journaliste, écrivain et politologue, fondateur de France Culture, rédacteur en chef du monde de l'éducation et de la culture jusqu'en 2000, Jean-Michel Djian est actuellement à Monticello où il prépare la réalisation d'un film consacré à Michel Rocard, ancien Premier Ministre de François Mitterrand, décédé le 2 juillet 2016 dont les cendres ont été inhumées dans la commune.

C'est dans les locaux de Télé Paese à Monticello que Jean-Michel Djian a fait une halte ce mardi 11 janvier où il a été accueilli par Franco Farsetti, PDG de la chaîne.

Au cours de ce passage à Monticello, le journaliste écrivain a rencontré plusieurs personnes dont Hyacinthe Mattei, maire honoraire, en vu de la réalisation d'un documentaire consacré à l'ancien ministre Michel Rocard, dont ses cendre ont lors de ses obsèques été déposées au cimetière de la commune.

Après avoir visité les locaux il s'est entretenu de ce projet de réalisation afin d'en arrêter les modalités et voir dans quelle mesure pourrait être envisagé une collaboration avec la télé locale qui rappelons-le diffusera sous peu sur l'ensemble de la Corse.

« Le film va s'appeler « J'irais dormir en Corse », et en fait, c'est le dernier titre du texte que Michel Rocard a écrit pour le jour où il serait inhumé ici, puisqu’on le sait il a choisi que ses cendres soient ici à Monticello. Et donc, plutôt que de faire un portrait assez classique d'un personnage politique hors norme, j'ai choisi ses centres d'intérêts personnels ; dans ceux-ci, il y a la mer.

Il ne faut pas oublier que c'est quelqu'un qui aime la mer, qui aime les territoires et qui aime les îles.

Et grâce à Sylvie Rocard, sa femme qui est originaire d'ici, il a décidé avec Hyacinthe Mattei, le maire honoraire, d'être enterré ici, en tout cas du moins que ses cendres soient déposées à Monticello.

On peut mesurer l'amour que Michel Rocard a pour la Corse sur deux niveaux différents, tout d'abord sur le plan électoral car au  fond il s'est aperçu que c'est en Corse que l'on votait le plus pour lui. Aux Européennes par exemple il a fait à Monticello 37% . Jamais il a eu localement, régionalement, des scores aussi hauts. Donc, il avait un attachement pour ces gens, pour ces électeurs qui ont considéré que ses propos étaient entendus. Et puis, parce que sa femme est d'ici. J'ajouterais une troisième, qui est quand même beaucoup plus importante, c'est que politiquement, depuis les années 1960, il était encore au PSU, Michel Rocard s'est passionné pour des sujets qui maintenant sont d’actualités : les territoires, l'identité, les peuples... Et à chaque fois son questionnement politique coïncidait avec les problématiques corses et toutes les réunions qu'il y a eu à l'époque où il était dans l'opposition, bien avant qu'il soit premier ministre, tournaient toujours  autour de ces questions, y compris la question de la violence. Tout ça a été abordé ici avec Edmond Simeoni, Max Simeoni, avec beaucoup d'acteurs de terrain qui avaient envie de penser la politique au delà du quotidien. Michel Rocard était l'homme de la situation. C'est pour ça qu'il a laissé un souvenir incroyable.

Je dois vous avouer, pour l'avoir bien connu, que Michel Rocard après qu'il fut premier ministre, et surtout après qu'il fut député européen, s'est vraiment retourné sur cette terre là, il y allait beaucoup plus souvent, il était un peu plus disponible, mais justement pour faire un petit peu le bilan de sa vie. Et justement, le bilan de sa vie c'était de constater qu'il se sentait plus un homme d'État qu'un homme politique » précise JM Djian, avant de revenir sur ce documentaire qui sera consacré à Michel Rocard.

Pour moi Michel Rocard est une figure politique essentielle dans la Ve République, qui laisse beaucoup plus de traces que l'on imagine aujourd'hui

« Comme les films que j'ai pu faire pour France Télévision sur François Mitterand, Gaston Deferre, le général De Gaulle, ou encore François Hollande il y a 3 ans, je m'intéresse finalement à l'humain du politique. Ce qui m’intéresse aussi c'est ce qu'ils ont dans la tête, leur rapport aux hommes, aux femmes. Voilà il y a quelque chose à chercher. Plutôt que de m'intéresser à tout un parcours, je choisis un angle et je creuse mon sillon pour essayer de découvrir quelque chose que l'on a pas forcément eu l'occasion de croiser dans des figures aussi légendaires que les personnages que je viens de vous citer et en particulier Michel Rocard qui pour moi est une figure politique essentielle dans la Ve République et qui laisse beaucoup plus de traces que l'on imagine aujourd'hui.

Avec Michel Rocard, j'avais d'abord des relations d'engagement. Moi j'étais assez proche des thèses qu'il soutenait à l'époque où il était au PSU, même si je n'ai jamais été au PS mais j'étais toujours soucieux de cela, et puis, progressivement, à l'époque où je suis devenu journaliste au Monde où j'ai été rédacteur en chef du Monde de l'éducation, j'ai eu l'occasion de le croiser plus souvent pour des interviews. Et puis, très rapidement j'ai eu envie de faire un livre avec lui et puis surtout des émissions pour la chaîne Histoire et Arte. Progressivement on s'est lié d'amitié.

Curieusement, peut-être aussi, j'ai eu la chance d'avoir été à l'époque ou j'étais producteur à France culture de  faire avec lui une interview de 3 heures. C'était les interviews du soir à voix nue. On a des traces de ce bilan. Et là, on a un Michel Rocard plus vrai que nature, toujours vivace, pétulant intellectuellement jusqu'au bout, ce qui donne beaucoup de sel à la mémoire de ce bonhomme totalement décalé par rapport à la scène politique. Alors on garde toujours les clichés comme celui de Mitterand qui l'aimait pas. Moi je vais essayé de montrer qu'il y a un autre personnage, d'ailleurs beaucoup plus intime.

Passer aujourd'hui à Monticello, de rencontrer le maire honoraire Hyacinthe Mattei qui l'a bien connu, de voir Pierrot le facteur, Sylvie évidemment sa femme, c'était essentiel pour préparer tout ça. C'était un pont de passage obligé et je suis très content d'en être ».

Le tournage devrait avoir lieu au printemps pour une diffusion en septembre ou octobre 2022.

Gilbert Guizol