Mercredi 2 mars 2022

Le 3 mars 2019 à l'Ile-Rousse, Julie Douib était assassinée par son ex compagnon

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Le 3 mars 2019 en fin de matinée, résidence de la Mer à l'Ile-Rousse, Julie Douib, 34 ans, créatrice de bijoux, mère de deux enfants, était assassinée à son domicile de trois balles de 9 mm par son ex compagnon. En ce 3ème anniversaire tragique, tous ont une pensée pour cette maman victime de féminicide, le 30e sur 146 en cette année 2019.

Elle est devenue un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. Son histoire a bouleversé toute la Corse.

Cette journée du jeudi 3 mars 2022, date anniversaire de sa mort, est celle du recueillement, à la mémoire de Julie Douib, cette mère de deux enfants tuée de trois balles à son domicile de la résidence de la Mer , route de Monticello, le 3 mars 2019 à l'Ile-Rousse.

Ce jour-là, peu après 11 heures, la mère de famille ouvre la porte de son domicile à l'homme qui lui ôtera la vie en lui tirant dessus à trois reprises, avant de quitter l'appartement pour se rendre à la gendarmerie où il avouera avoir tué son ex-compagne.

Dans le même temps, Julie décédera de ses blessures, privant ses deux enfants de l'amour de leur maman et plongeant ses parents Violette et Lucien mais aussi son frère Jordan et sa famille dans une profonde douleur.

Les amies de Julie sont également anéanties.

L'auteur des faits sera condamné le mercredi 16 juin 2021 par la cour d'assises de Haute-Corse à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.

Nul ne peut comprendre comment cette mère de famille, amoureuse de la Corse au point de choisir de s'y installer, a pu tomber sous les balles de son ex compagnon.

Quelques jours plus tard, le samedi 9 mars, à l'initiative des amies de Julie, une marche silencieuse était organisée dans la cité paoline. Ils étaient plus de 3000 pour soutenir la famille mais aussi crier leur colère face à ce drame atroce qui de l'avis de bon nombre de personnes aurait pu être évité.

« Cet hommage rendu à Julie, c'est beaucoup d'émotion. Une fois encore, je remercie tous ses ami(e)s qui ont été présents lorsqu'elle avait besoin d'eux. Je remercie tout le monde pour lui avoir donné envie de rester là. La Corse, c'était sa vie. Elle est venue là il y a 13 ans et elle ne voulait pas envisager autre chose. Lorsqu'elle a été mise à la porte par son ex-concubin, elle a décidé de faire face, de se battre. Elle n'arrêtait pas de dire que sa vie était ici, pour elle mais aussi pour ses enfants. Ses enfants, c'était toute sa vie, c'était aussi pour eux qu'elle se battait. Nous lui avions dit de rentrer sur le continent, elle a toujours refusé » devait dire ce jour-là Lucien Douib, papa de Julie avant d'ajouter :  « La colère, oui je l'ai en moi. J'espère que la justice fera son travail pour que je puisse me libérer de ce poids. Depuis le mois d'octobre dernier, je suis souvent venu la voir. Elle ne voulait pas tout dire mais je savais. Il y a eu des menaces mais jamais je n'aurai pensé qu'il puisse en arriver là. Je pensais qu'au moins pour ses enfants, il saurait les protéger ». 

Et de conclure en lançant un appel à toutes les femmes victimes de violences conjugales pour que la peur change de camp.

Dans les communes de Balagne,  un banc rouge, symbole de ces violences faites aux femmes 

Depuis ce drame atroce du 3 mars 2019, qui a coûté la vie à une mère de deux enfants, les initiatives se multiplient. Parmi celles-ci, si il y en a bien une qui symbolise ces violences, c'est bien ce banc rouge écarlate que l'on peut désormais voir dans différents lieux de promenades de villages et communes de Balagne. 

L'intercommunalité du bassin de vie de l'Ile-Rousse, municipalités, associations, amies de Julie, se sont impliquées pour rendre hommage à Julie mais aussi pour traquer les auteurs de ces violences faites aux femmes et malheureusement aussi aux enfants.

Sur ce banc qui attire les regards et qui rappelle que chez nous aussi, les féminicides existent, on peut lire : « In Memoria di Tutte e Donne Culpite » avec deux numéros de téléphones que les victimes doivent appeler : Numéro national : 3919 ; Numéro Régional : 0800 400 235.

Un combat sans fin qu'il faut livrer au quotidien 

Julie est devenue le symbole de la violence faite aux femmes. Pour Lucien Douib, le papa, cette lutte contre la violence faite aux femmes est devenue son quotidien. À chaque sollicitation, à chaque occasion, avec d'autres il est là pour se battre, pour défendre toutes ces femmes qui subissent ces violences.

Julie Douib est devenue un symbole de cette lutte, suscitant un grenelle contre les violences faites aux femmes mis en place par le Gouvernement. Sous la houlette de la ministre, Marlène Schiappa, des mesures ont été prises mais, force est de constater aujourd'hui que depuis la mort de Julie, le nombre de victimes de féminicides a peu diminué. Elles ne sont pas toujours écoutées comme il se devrait et la justice ne passe pas toujours dans bon nombres d'affaires. C'est tout le système de cette justice qui est à revoir et qui doit retenir toute l'attention du Gouvernement et de ceux qui font la justice.

Ce jeudi 3 mars, Lucien Douib et son épouse Violette, les enfants Anthony et Lucca, le frère Jordan ; tous les membres de la familles, les amies de Julie et toutes les personnes marquées par ce drame du 3 mars 2019 ont une pensée pour Julie et prient pour le repos éternel de son âme.

Joint par téléphone, le papa, Lucien regrette de ne pouvoir être en Corse pour se recueillir sur la tombe de sa fille à Monticello où elle repose mais se joint à son épouse et à toute sa famille pour remercier toutes celles et tous ceux toujours présents pour leur apporter chaleur et réconfort.

« Il n'y a pas un seul jour qui passe sans que l'on pense à Julie. Cette situation que nous vivons est pesante. L'assassin de notre fille a été condamné à perpétuité mais ce n'est pas réglé pour autant puisque ce dernier a fait appel de tout, de sa condamnation, de sa déchéance parentale. Il va y avoir ce procès en appel pour lequel nous attendons que la date soit fixée mais il y a aussi ce procès en correctionnel pour lequel des personnes vont devoir répondre de leurs actes. Ce sont encore des épreuves difficiles auxquelles nous devons faire face » conclut Lucien Douib.

Gilbert Guizol