Lundi 7 juin 2021

Lucien Douib s'exprime à la veille du procès aux Assises du meurtrier présumé de sa fille Julie

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julie douib
Le jeudi 10 juin s'ouvrira devant les Assises de Haute-Corse le procès de Bruno Garcia – Cruciani accusé du meurtre de son ex concubine Julie Douib le 3 mars 2019 à l'Ile-Rousse.
À la veille de quitter Paris pour Bastia, Lucien Douib, papa de Julie a accepté en exclusivité pour le Groupe Télé-Paese – Stampa Paese de s'exprimer. Durant le procès, Lucien Douib a annoncé qu'il ne prendrait pas la parole, laissant le soin à ses avocats de le faire, si nécessaire.

Un peu plus de deux ans après ce dimanche maudit où ils ont appris à distance le meurtre à l'Île-Rousse de leur fille Julie, la famille Douib s'apprête à vivre une autre période douloureuse de leur vie, celle du procès aux assises de Haute-Corse du meurtrier présumé de ce féminicide qui avait provoqué une immense émotion en Corse et bien au delà.

Julie Douib, 35 ans au moment des faits, mère de deux enfants, âgés à l'époque de 8 et 10 ans, a été tuée le dimanche 3 mars, peu avant midi,  dans son appartement de la Résidence de la mer, par son ex concubin, de deux balles de 9 mm. L'auteur des faits s'était ensuite rendu à la Gendarmerie.

Ce drame avait provoqué beaucoup d'émotion, mais aussi de la colère. Quelques jours après, une marche silencieuse regroupait à l'Ile-Rousse plus de 3000 personnes.

Bien malgré elle, Julie Douib est devenue le symbole de la violence faite aux femmes.

À l'initiative de la famille et des amies de Julie, un Grenelle des violences conjugales pour lutter contre les féminicides a été organisé et un certain nombre de mesures ont été prises mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Les 50 féminicides enregistrés depuis le début 2021 sont là pour nous rappeler la triste réalité.

Avec beaucoup d'émotion, les yeux rougis, Lucien Douib, le papa se remémore  son mariage avec Violette en juillet 1985, son voyage de noces à Ajaccio en compagnie de Julie née un an plus tôt, le 20 octobre 1984 et la naissance le 22 décembre 1986 du fiston Jordan.

« Julie était une enfant adorable. Au terme de sa scolarité, elle a passé une licence à Bobigny. En 2006, elle nous a fait part de son intention d'effectuer un job d'été au « Club 24 » à Calvi. C'est là qu'elle a rencontré quelqu'un et qu'elle nous a fait part de son intention de rester en Corse et de vivre avec lui. Tout ce que nous voulions, c'était son bonheur. L'arrivée au monde le 11 décembre 2008 de leur premier enfant ne faisait que nous conforter. Pourtant, après la naissance du 2e enfant le 27 janvier 2011, la situation s'est dégradée. Julie a voulu profiter que les enfants soient scolarisés pour se lancer dans la création de bijoux, lui permettant de retrouver un peu d'autonomie et de liberté (…). En juillet 2018, Julie s'est résignée à appeler sa mère et à lui faire part de ce qu'elle subissait depuis des années mais aussi de son intention de le quitter. Avec mon épouse nous avons pris la décision de venir au mois d'août en Corse pour avoir une discussion mais les discussions ont tourné court et les menaces étaient présentes. On est rentré en septembre et pour Julie, la descente aux enfers s'est poursuivie. Elle a été mise à la porte et contrainte de dormir dans son véhicule. Pour elle, la décision de ne plus revenir a été prise. Et puis, il y a eu une violence altercation à la foire de l'Ile-Rousse où Julie vendait ses bijoux. La suite sera bien entendu évoquée au procès mais ça n'a été que harcèlement, menaces de mort, intimidation. Les enfants ont été utilisés comme moyen de pression. Julie encaissait et ne voulait rien laisser paraître. Elle a tout fait pour se reconstruire en se trouvant un logement et en travaillant  mais c'était devenu invivable. Une fois encore, je ne veux pas rentrer dans les détails, cela sera fait au procès. Julie a déposé 6 plaintes et des mains courantes. Pour ma part j'en ai déposé 4. J'ai beaucoup de mal à évoquer cet épisode. On en est arrivé à l'extrême, sans que rien ne soit fait pour l'éviter ».

Je n'accepterai aucune excuse de l'accusé. J'ai confiance en la justice et j'espère que la peine prononcée sera à la hauteur de ce qu'il a fait

Lucien et Violette Douib, leur enfant Jordan, et deux autres membres de la famille quitteront Vaires-sur-marne aujourd'hui pour regagner Paris et s'envoler pour Bastia où ils s'installeront durant le procès prévu du 10 au 17 juin.

Préservés, les enfants seront représentés lors de ce procès très attendu. Bon nombre de médias nationaux seront présents.

Avant de s'exprimer sur le procès par lui-même, Lucien Douib profite de l'instant pour remercier une fois encore du fond du cœur, toutes les amies de Julie et tous ceux qui aujourd'hui sont toujours là pour faire vivre sa mémoire.

« Concernant le procès il ne m'appartient pas de m'exprimer. Je voudrais juste dire que je n'attends rien du meurtrier de ma fille et que je n'accepterai de sa part aucune excuse . Une seule chose compte pour moi : c'est que la sentence prononcée sera  à la hauteur de ce qu'il mérite. J'ai confiance en la justice de mon Pays. De ce procès nous en avons besoin, non pas pour faire notre deuil et encore moins tourner la page mais pour la mémoire de Julie. Elle est toujours là et restera toujours là. Comme je l'ai dit, durant le procès je ne répondrai pas aux sollicitations des médias, nos avocats s'en chargeront. Après le verdict, nous rentrerons à Vaires-sur-Marne et avec l'amie d'enfance de Julie, Céline Lolivret qui a toujours été là pour nous secouer, nous obliger à réagir ou encore pour provoquer ce grenelle des violences faites aux femmes, nous poursuivrons ce combat ».

Durant ce procès, les pensées iront vers Julie Douib qui repose à Monticello, sur cette terre de Corse qu'elle aimait tant.

À suivre également l'interview de Lucien Douib ce soir à 19h30 dans le journal de Télé Paese. 

Propos recueillis par Gilbert Guizol. Photos Gilbert Guizol