Mercredi 25 août 2021

Occupation symbolique de la mairie de Galeria pour dénoncer une spéculation immobilière croissante

Image
manisfestation galeria
À l'initiative d'un collectif composé de citoyens, la mairie de Galeria a été symboliquement occupée ce mercredi 25 août pour protester contre une spéculation immobilière croissante sur la commune.

« Nous ne voulons pas que Galeria devienne comme certaines communes de Balagne toutes proches mais aussi de Corse. Si nous occupons les lieux aujourd'hui c'est pour alerter les pouvoirs publics avec, en premier lieu, le maire bien sûr, dont l'une des prérogatives est d'organiser la constructibilité sur sa commune à travers un PLU en accord avec le PADDUC, qui peut et qui doit limiter le nombre de résidences secondaires ».

Le ton était donné de cette occupation symbolique de la mairie de Galeria par un groupe de citoyens réunis en un collectif.

Des exemples criants de cette spéculation croissante étaient donnés. Parmi eux :

« Un bien acheté il y a 2 ans 96 000€ sur lequel ont été réalisés pour 125 000€ de travaux a été revendu au mois de juin dernier 380 000€. L'acheteur l'a déjà remis en vente aux prix de 450 000€ ! Des maisons sont mises en vente au double de leur valeur, des terrains familiaux sont mis en vente par des agences à des prix complètement exagérés, des vedettes du showbiz veulent venir acheter chez nous… Qu'elles viennent passer les vacances chez nous c'est très bien mais qu'elles viennent spéculer sur notre dos : NON! et avec la complicité de certains locaux bien sûr ».

Le collectif en appelle à l'Assemblée de Corse pour qu'elle mette tout en œuvre pour stopper cette spéculation immobilière qui devient exponentielle, même si cela déprendra en partie des négociations avec l'État.

Ne venez pas pour nous acheter, pour la plupart nous ne sommes pas à vendre

Enfin, le collectif annonce qu'il s'opposera par tous les moyens en leur pouvoir à cette spéculation immobilière croissante et, « conseille donc gentiment à tous les requins avides de terrains et de demeures corses de passer leur chemin, ils ne sont pas les bienvenus ».

Et de conclure :

« Venez passer vos vacances chez nous si vous le désirez, il y a des hôtels, des résidences de tourisme, des gîtes, des campings, des maisons à louer...Ne venez pas pour nous acheter, pour la plupart nous ne sommes pas à vendre ».

Jean-Marie Seité, Maire de Galeria, a échangé avec le collectif avant d'affirmer que la Municipalité luttait contre cette spéculation immobilière.

« La mairie vient d'acheter un terrain qui borde la rivière du Fango, un endroit très prisé par les baigneurs. On était inquiet à l'idée que des maisons puissent être construites et contribuer ainsi à la dégradation des eaux de baignade et de la rivière. Afin de préserver ces lieux nous avons donc décidé d'en faire l'acquisition et ainsi préserver définitivement ce lieu.

Autre point, la commune a également acheté un autre terrain de 1 hectare, juste derrière la mairie et l'école du village pour y faire des terrains à bâtir pour les résidents permanents de la commune qui pourront les acquérir à un prix très raisonnable, moyennant l'engagement d'une clause de non spéculation portant sur plusieurs années ou encore de le rétrocéder à la commune au prix acheté.

Enfin, pour que chacun comprenne bien, nous avons mis en place un document d'urbanisme qui va contrôler tout ça, en l'occurrence la carte communale. Les études sont achevées, le document a été soumis aux services de l'État. Donc, le bilan c'est une position très protectrice de l'environnement puisque les parties urbanisées et urbanisables de la commune feront en tout moins de 1% du territoire de la commune ».

Un choix de la carte communale assumé plutôt qu'un PLU

Le premier magistrat de la commune expliquait son choix de la carte communale plutôt qu'un PLU comme le revendique le collectif par le fait que c'est une grande commune pour laquelle 99% des enjeux sont des enjeux environnementaux, en tout cas en matière de surface de territoire, d'où l'importance d'avoir un document de très bonne qualité.

Et d'ajouter : « Galeria est certainement l'une des communes qui a été le plus étudiée sur ce plan depuis 50 ans. Donc on a toute une masse de documents qu'un PLU aurait juste l'avantage, ou pas, de compiler. La carte communale s'appuie sur tous ces documents avec des volets équivalent à ceux d'un PLU. Ce qu'il n'y a pas dans la carte communale c'est un PADD ( plan d'aménagement  de développement durable) mais celui là on le connaît, c'est 99% de territoire protégé pour l'environnement. Le PADD se résume à cette phrase là. L'engagement financier pour un PLU n'est pas le même, la difficulté, le temps ne sont pas les mêmes et l'engagement de l'État n'est pas le même non plus. Dans une carte communale, le préfet consigne le document avec le maire alors que dans un PLU il s'occupe juste d'assurer le contrôle de légalité. Avec la carte communale on se met autour d'une table, tout le monde s'engage, conjointement ».

Un statut de résident pour lutter contre cette spéculation immobilière

Petru Francescu Angelini, au nom du Collectif s'exprimait sur l'importance de cette occupation symbolique de la mairie face à cette spéculation immobilière naissante sur la commune.

Et de poursuivre :

« Il est clair que la commune de Galeria a des atouts qui attirent beaucoup de monde. Même si nous avons plusieurs résidences secondaires sur la commune, nous ne connaissions pas ce phénomène de spéculation immobilière que nous connaissons depuis ces deux dernières années et qui est devenu plus criant ces derniers mois. Pour y remédier, il faut élaborer des documents d'urbanisme très contraignants, tout comme le PADDUC face à cette économie résidentielle. Au niveau législatif il faudrait que l'on ait un outil qui permette de taxer cette spéculation et que celle-ci rapporte à la Collectivité de Corse, mais pour ça, il faudrait que l'État ait une écoute attentive. Enfin, à mon sens, l'outil le plus important serait un statut de résident avec 10 ans de présence avant de pouvoir acquérir un bien sur nos terres. Il y a une étude précise à faire la dessus mais je pense que ce serait la solution pour combattre cette spéculation immobilière ».

Gilbert Guizol