Jeudi 19 août 2021

Paul-Félix Benedetti à Calvi pour dénoncer la vente d'un terrain par la franchise Stéphane Plaza

Image
paul félix benedetti
En présence de Paul-Félix Benedetti et de son frère Félix, la section Balagna de « Core in fronte » a tenu une conférence de presse ce matin à Calvi pour dénoncer la vente d'un terrain de 5000 m2 au prix de 1,8 million d'Euros par une agence immobilière de la franchise Stéphane Plaza immobilier implantée à Bastia mais aussi plus globalement.

C'est avec un peu de retard sur l'horaire qu'a débuté ce matin la conférence de presse de « Core in fronte » organisée en bordure de route du quartier Donateo à Calvi.

Autour de la table prenaient place Pierre-François Bascoul, responsable de la section Balagna de « Core in fronte », avec à ses côtés, leur leader Paul-Félix Benedetti, conseiller territorial, Jean-Michel Fabrizy et Anthony Luciani.

Une douzaine de militants, dont Félix, le frère de Paul-Félix Benedetti, a également fait le déplacement.

Pierre-François Bascoul prenait la parole pour préciser: « Nous ne sommes pas ici pour stigmatiser une personne ou un professionnel en particulier, mais bien pour mettre en lumière le déséquilibre et la spoliation du patrimoine foncier corse ». Puis il dénonçait le prix du terrain concerné de 5000 m2 pour un montant de 1,8 millions d'euros, soit 360 euros le m2, ajoutant:  « la possession de la  terre n'est accessible qu'à une grande majorité des corses. Cette dépossession programmée est le résultat de l'inflation galopante de l'immobilier au cours des deux dernières décennies. Le point d'équilibre a été franchi ».

Vivre chez soi dignement ne doit pas être un espoir mais un droit

L'adjoint au maire de l'Ile-Rousse, responsable de « Core in fronte Balagna » s'élevait aussi sur le fait que sur l'ensemble de l'île les résidences secondaires représentent un logement sur trois avec une mention spéciale qu'il décerne à la Balagne.

« Vivre chez soi dignement ne doit pas être un espoir mais un droit. Le but n'est pas de jeter l'opprobre sur les acteurs intègres de ce secteur mais d'établir une table ronde entre socioprofessionnels et instances politiques afin de remédier à cette situation par la mise en place de certains moyens. Le permis de louer auquel nous avons déjà fait référence peut être l'un d'entre eux. Le statut de résident qui réserverait le droit à l'acquisition de biens immobiliers à celles et ceux qui y résident depuis plusieurs années, à titre permanent. Ce système est mortifère pour l'ensemble de la Corse. Mortifère tant sur le plan social et économique que sur l'environnement ».

Et de conclure : « La médiatisation de cette action nous permet de lancer notre campagne : « n'achetez pas notre terre » à destination des touristes, people présents dans notre pays en cette période de forte affluence pour leur signifier que le peuple corse n'accepte plus ces résidences secondaires qui empêchent notre jeunesse d'accéder au logement. L'économie résidentielle n'est pas un avenir pour la Corse. Nous rappelons l'urgence absolue de mettre un terme à la dépossession foncière, à travers une situation politique ».

Lancement d'une campagne de communication contre la dépossession avec affichage et actions de terrain

Leader de Core in fronte, conseiller territorial de Corse, Paul-Félix Benedetti mettait en avant deux actions immédiates : la raréfaction des biens par un début de commencement d'application du PADUC et d'un autre côté le mécanisme d'augmentation sans limite des prix, avec une offre en permanence supérieure à toutes les capacité d'achat des corses.

« Aujourd'hui on doit avoir des règles et non un mécanisme intempestif au cas par cas. On doit avoir une règle globale, celle du réaménagement par écriture du plan d'aménagement durable. 

Il va rentrer dans sa dixième année et il appartient à notre mandature de le réviser. 

Cette révision ne doit pas être dans le sens d'un relâchement mais d'un renforcement. Actuellement il se construit 6000 logements par an en Corse. Sur ces 5 ou 6 dernières années il s'est construit 20 000 nouveaux logements, essentiellement des résidences secondaires, c'est à dire sur la mandature patriotique qui aurait pourtant dû être le début d'un renversement des politiques générales et de cette tendance à un tourisme tout locatif et à cette ubérisation généralisée de la Corse.

Donc ça veut dire que ce qu'il faut rajouter c'est en plus de la protection des espaces, de la sanctuarisation des terres agricoles une rampe de progression de l'ordre de 1% par an, sachant qu'en Corse il y a un peu plus de 200 000 logements et bien ça représentera 2000 constructions annuelles.

Ces constructions doivent être exclusivement vers les logements permanents et vers le tourisme professionnel avec bien entendu un cahier des charges généralisé à l'ensemble de la Corse sur l'analyse, la prospection et les modalités d'évolution de notre tourisme ».

À l'exemple de Calvi chaque commune est devenue boulimique en matière de développement

Et de conclure :

« Chaque commune est devenue boulimique d'un développement. Je prends l'exemple de Calvi : 

À Calvi on a assez construit, dans la Balagne, globalement on a assez construit, dans toute la zone littorale de corse on a largement assez construit. 

Il serait temps aujourd'hui de faire un rééquilibrage au profit de tous les villages de l'intérieur, tout simplement pour qu'il y ai une répartition des richesses territoriales, pour que chacun ait son petit coin de paradis, en ayant son espace locatif mais pour les corses, pour les gens qui sont résidents ici.

Quand il y a des terrains qui commencent à prendre des valeurs de 350 à 400€ le m2, que ce ne sont pas des terrains remarquables au sens de l'emplacement  mais qui le sont parce qu'ils sont en Corse près d'une ville très prisée comme Calvi.

Ou on prends conscience collectivement de ces problèmes ou on prend conscience qu'il faut des règles globales, des règles opposables, ou il y aura l'anarchie ».

Ce terrain on aurait préféré le laisser à nos enfants mais on n'a pas d'autre choix que de le vendre. Le fait que l'on soit jeté en pâture de la sorte est inadmissible

Jean-Paul Bartoli, représentant la famille héritière de ce terrain s'est exprimé avant la conférence de presse. Très remonté, il dénonce une situation qu'il a bien du mal à comprendre, et il le fait savoir :

« Ce que je ne peux pas supporter c'est d'avoir été jeté en pâture de la sorte sur les réseaux sociaux.

Si on vend c'est tout simplement parce que on est obligé de vendre, qu'il y a des droits de succession à régler avant de risquer la saisie et la possibilité que ce soit racheté par quelqu'un d'autre, pour rien.

Il faut aussi que je vous précise que ma belle-mère a vendu à la ville de Calvi deux hectares de terrain au prix du Domaine pour que la ville puisse mettre en place son programme d'accès à la propriété. Je ne connais pas beaucoup de gens qui l'ont fait ici.

Ce que je voudrais savoir c'est qui envoie ces gens.

Clairement ce terrain on voudrait bien le laisser à nos enfants mais on n'a pas le choix, on ne peut pas. Les droits de succession à régler sont très lourds.

Au lieu de s'attaquer aux gens qui vendent sans savoir, il aurait peut-être fallu s'attaquer aux arrêtés Miot qui ont été supprimés et apparemment il n'y a pas eu beaucoup de gens qui se sont battus, ça nous aurait au moins permis de garder nos terrains.

Je n'ai pas attendu 2017 pour être nationaliste, je le suis depuis bien longtemps, comme l'était mon père, c'est tout.

De cette conférence de presse je n'attends rien si ce n'est que des explications de savoir pourquoi on vient ici nous chercher alors que l'on ne sait même pas qui on est. 

Quand je vois certains commentaires et certains slogans circuler sur les réseaux j'ai juste à dire à ces personnes que je n'ai honte de rien, de personne, ni de rien du tout.

Je le répète, je trouve inadmissible de jeter comme ça les gens en pâture. Ici c'est une propriété privée et personne ne rentrera. Moi je ne rentre pas chez les gens.

En procédant de la sorte, on est sûr d'aller de l'avant.

Je ne comprends pas certains représentants de « Core in fronte » qui sont de l'Ile-Rousse pour ne pas les nommer et qui préfèrent s'occuper de Calvi plutôt que de ce qui se passe chez eux, avec des villas les pieds dans l'eau, la loi littorale bafouée et autre. On s'acharne sur nous. Je voudrais savoir le pourquoi du comment, c'est très bizarre cette histoire. Ce qui se passe est lamentable ».

La conférence de presse prenait fin vers 12h30.

Gilbert Guizol