Jeudi 10 juin 2021

Procès aux assises de Bruno Garcia – Cruciani : une nouvelle épreuve pour la famille de Julie Douib

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PROCÈS DOUIB
Lucien et Violette Douib, entourés de leur enfant Jordan, de quelques membres de la famille et de leurs avocats ont affronté avec beaucoup de dignité cette première journée du procès aux assises de Haute-Corse de Bruno Garcia – Cruciani qui doit répondre de l'assassinat par arme à feu de son ex-compagne Julie Douib, 35 ans au moment des faits. Un crime pour lequel l'accusé encourt la perpétuité.

Dès les premières heures de la matinée, une certaine effervescence régnait autour du Palais de justice de Bastia où s'ouvrait le procès devant la cour d'assise de Bruno Garcia – Cruciani, accusé d'avoir le 3 mars 2019 tué par arme à feu son ex-compagne (et mère de leurs deux enfants, âgés au moment des faits de 8 et 10 ans), qui se trouvait à son domicile de la Résidence de la Mer à l'Ile-Rousse et avec qui il était séparé depuis septembre 2018.

Sur les grilles du Palais de justice, des portraits de Julie Douib, des représentantes d'associations, et amies de la victime.

Dans la cour du Palais, de nombreux médias nationaux et régionaux étaient présents pour couvrir ce procès qui au moment des faits avait engendré une très vive émotion, tant à L'Ile-Rousse où plus de 3000 personnes participaient quelques jours après à une marche silencieuse, tout comme à Vaires-sur-Marne où Julie a vécu avec ses parents.

Son geste accompli, Bruno Garcia – Cruciani est sorti de l'appartement, a croisé une voisine et amie de Julie, avant de se rendre peu après à la Gendarmerie pour dire qu'il avait commis l'irréparable.

Présenté devant un juge, il s'était vu signifier sa mise en examen du chef d'assassinat et était aussitôt placé en détention provisoire à la Maison d'Arrêt de Borgo. 

Un féminicide qui avait aussi été le déclencheur du Grenelle des violences faites aux femmes. Depuis, des mesures ont été prises pour mieux protéger les victimes et un numéro vert est mis en place mais cela est encore bien insuffisant et les chiffres des féminicides ne cessent d'augmenter ces derniers temps.

À leur arrivée au Palais de justice Lucien, Violette et Jordan Douib avaient le visage marqué, l'appréhension se lisait dans leurs yeux. Avant de rentrer dans la salle d'audience, Lucien Douib était partagé entre le fait de croiser le regard de celui qui a ôté la vie de sa fille adorée qui ne demandait que le bonheur et celui de ce calme intérieur qui l'animait.

Avec un léger retard sur l'horaire, les différents témoins et intervenants de ce procès étaient convoqués pour connaître leur ordre de passage durant les jours nécessaires à ce procès.

La cour était composée de la présidente Mme Véronique Maugendre, de deux assesseurs M. Risson et Mme Martinent.

Six jurés et deux supplémentaires au cas où l'un des jurés ne puisse délibérer ont été désignés. Ces  six jurés seront accompagnés pour le verdict de deux  magistrats professionnels.

L'avocat général Charlotte Beluet siège au banc du ministère public.

Les parties civiles, les parents et enfants de la victime  sont représentés par Me Jean-Sébastien de Casalta et Lia Simoni, du Barreau de Bastia, Me Adhil Sahban du barreau de Paris.

L'accusé est lui défendu par Me Antoine Vey, Me Archibald Celeyron et Me Camille Radot, avocats au barreau de Paris.

Deux des témoins absents

Après avoir rappelé les faits, la cour précisait que deux des témoins s'étaient rétractés pour raison de santé. Il s'agit d'une ex compagne de Bruno Garcia qui craint pour sa vie et d'un ami de l'accusé, qui lui devra répondre devant le TC de Bastia d'un délit pour « Destruction de documents ou objets concernant un crime ou délit pour faire obstacle de la vérité ».

La cour pourrait si nécessaire avoir recours à la force pour les obliger à venir témoigner.

Bruno Garcia – Cruciani est apparu derrière les vitres, vêtu d'un jeans, d'un tee-shirt et d'un masque noir. Les regards entre l'accusé et la famille Douib ne se sont pas croisés et le climat restait tendu.

L'accusé a choisi pour l'heure de rester silencieux.

Après une première interruption de séance, les débats ont repris et le témoignage d'un enquêteur a apporté des éléments intéressants sur le déroulé de cette affaire.

À 13h10, nouvelle interruption de séance. Avocats et parties civiles se sont retrouvés pour faire un point rapide. Tous ont souligné le professionnalisme du gendarme enquêteur.

Lucien Douib n'a pas souhaité répondre à l'ensemble des médias, avant de quitter le Palais de justice de Bastia pour se rafraîchir.

Lucien et Violette se sont arrêtés près d'une photo de leur fille sur une banderole où l'on pouvait lire : « Justice pour Julie », « Ghjustizia pè Julie ».

L'audience devait reprendre à 14h15 pour l'audition d'autres témoins.

Compte rendu d'audience par Gilbert Guizol depuis Bastia