Arte Mare : un film tunisien, premier choc de la compétition

Si l’Iran, pays du Moyen-Orient n’est en méditerranée, le festival Arte Mare a pourtant choisi d’intégrer à la compétition Chronique de Téhéran, d’Ali Asgari et Alireza Khatami. Ce long métrage propose neuf visages de la vie quotidienne dans la capitale iranienne d’aujourd’hui. Les deux réalisateurs ont réussi à le tourner en échappant à la censure et aux autorités locales.

Un prophète

Après ce geste politique fort, le deuxième film en compétition était projeté lundi à 18h45 au Théâtre de Bastia. Behind the mountains (titre original Oura el Jebel) est le troisième long métrage de Mohamed Ben Attia. S’il n’a pu faire le déplacement en Corse, ce réalisateur tunisien est un habitué du festival Arte Mare. En 2016, son premier long, Hedi, un vent de liberté avait reçu le Prix du jury. Il avait récidivé en 2018 en remportant le Grand prix avec son second, Mon cher enfant. Enfin, l’année suivante, en 2019, le réalisateur tunisien faisait partie du jury au côté, entre autres, de la productrice ajaccienne Marie-Ange Luciani.

Behind the mountains est un grand film totalement maitrisé, une véritable déflagration cinématographique. Ce road movie suit un père, Rafik, et son jeune fils qu’il vient d’enlever à sa sortie de prison. Rafik, s’il ne le maitrise pas encore complètement, a un don, celui de s’envoler. Avec son fils et un berger croisé au hasard de leur pérégrination, poursuivis par la police, ils se réfugient, un soir, dans une maison de campagne et prennent en otage ses occupants. A la limite du fantastique, entre huis clos et grands espaces, le film est une claque visuelle magistralement interprété par Majd Mastoura que le réalisateur avait déjà dirigé dans Hedi, un vent de liberté. Pour l’occasion, ce comédien tunisien également à l’affiche du dernier film de Kaouther Ben Hania, Les filles d’Olfa, est venu présenter le film à Bastia (photo).

Coup de chaud

Ce mercredi au théâtre, la journée débute en Italie avec, à 9h30, la projection de Rapito (L’enlèvement en français), le nouveau film de Marco Bellochio (Le traitre). A 14 heures, dans le cadre du la thématique, c’est Djam de Tony Gatlif, invité d’honneur de cette 41^e édition, qui sera projeté, suivi, à 16 heures du film israélien en compétition, Le voyage à Eilat de Yona Rozenkier et de Io capitano du réalisateur italien Matteo Garrone (Dogman). Ces deux films sont en compétition et donc soumis aux votes du public et du jury. Ce dernier est composé de la comédienne Vicky Luengo, de la réalisatrice Cristèle Alves Meira, de l’autrice Laure Giappiconi, du réalisateur Safy Nebbou sous la présidence du réalisateur Philippe Le Guay.

Pour finir cette journée en beauté au théâtre de Bastia, le grand film à ne pas manquer, est Vincent doit mourir de Stéphan Castang. Ce film présenté en séance spéciale à la Semaine de la critique à Cannes ne cesse de rafler des prix partout où il passe. Le dernier en date étant l’Octopus d’or qui récompense le meilleur long métrage au Festival européen du film fantastique de Strasbourg. En plus, cerise sur le gâteau, Vincent doit mourir est accompagné de son acteur principal, le stupéfiant Karim Leklou que l’on a pu voir dans Le monde est à toi, Bac Nord, Goutte d’Or ou encore la série Hippocrate. Une séance à ne pas manquer.

L’ensemble de la programmation est également repris au Centre culturel Carlu Rocchi et au cinéma le Régent toute la semaine jusqu’au 7 octobre prochain.

Le programme complet du festival est à retrouver ici : www.arte-mare.corsica

Article de Laurent Herin.