Ciné-concert exceptionnel aux Rencontres de Calenzana
Pour cette deuxième journée des Rencontres de Calenzana chères à Jean Sicurani et toute son équipe, trois rendez-vous étaient au programme.
Durant la journée, au Préau de Calenzana, le public était convié à une rencontre entre compositeurs insulaires et talents cinéastes. En se posant la question : « Comment s'adresser à un compositeur pour la création d'une musique originale ? Et inversement ? ».
Ces réponses étaient apportées lors d'une mise en situation réelle avec 4 porteurs de projet : Ghjulia Pierrini, Florent Agostini, Délia Sépulcre-Nativi et David Olivesi. 4 talents à l'écoute et aux prises de contact pour la réalisation de leur court métrage.
Un atelier très enrichissant de la musique qui rencontre l'image.
C'est ensuite vers Lumio que le centre d'intérêt de ces Rencontres se déplaçait avec un quatuor composé de Eric Lacrouts, Marie-Paule Milone, Denis Pascal et David Guerrier pour du romantisme allemand interprétant du Johannes Brahms.
À 21h30, à la Chapelle Sainte-Restitude toute illuminée, dans les jardins entourés d'oliviers centenaires on allait assister à une soirée exceptionnelle dédiée à l'académie de musique (Académia di musica) créée en 2018 pour des compositeurs qui travaillent pour l'image, pour le cinéma et qui dispense une formation professionnalisante .
Pour l'occasion, Gilles Alonzo, professeur au CNSM de Lyon, meilleure formation au niveau européen de musique à l'image a composé la musique du film muet américain de Buster Keaton « Sherlock Jr » datant de 1924 présenté ce mercredi soir en Ciné-Concert .
Cette nouvelle musique de film est interprétée par « Hors-Champ », jeune ensemble de musique de chambre atypique de Lyon. Celui-ci a pour particularité de faire de la musique à l'image son terrain de jeu.
Gilles Alonzo on l'a dit, a composé cette musique mais a aussi dirigé avec maestria l'ensemble.
Une comédie burlesque sur fond d'intrigue
Cette comédie de 44 minutes raconte l'histoire d'un projectionniste de cinéma amoureux d'une femme qui achète une boîte de confiserie avant de se rendre chez elle pour la lui offrir, avec une bague. Un autre prétendant arrive, dérobe la montre du père et effectue un prêt sur gage. Avec l'argent, à son tour il achète une boîte pour l'offrir à la femme. Entre-temps le père se rend compte que sa montre a été volée. Comprenant que le projectionniste va fouiller les personnes présentes, l'autre prétendant lui glisse le reçu dans la poche. Le projectionniste est alors accusé à tort, et sort de la maison.
La femme continue l'enquête, et va demander la description au prêteur sur gage. Elle se rend alors compte que le voleur est l'autre prétendant.
Pendant ce temps, le projectionniste s'endort pendant une projection, et rêve d'être le meilleur détective du monde qui échappe à des tentatives de meurtre, résout un vol de collier et un kidnapping. Il est réveillé par la femme qui vient l'informer de sa méprise précédente…
Avec une justesse millimétrée, et un synchronisme à l'image remarquable, la musique a accompagné les différentes scènes de cette comédie.
Le public s'est laissé aller à rire à gorge déployée lors de certaines situations dans ce film burlesque sur fond d'intrigue.
Un pur moment de bonheur qui allait remplir de bonheur mélomanes et cinéphiles.
En première partie, le public a eu droit à une restitution de trois stagiaires de l'académie de musique. Leur composition a été jouée par les musiciens de l'ensemble « Hors-Champ ».
Un manque de billetterie qui va faire défaut
Jean Sicurani, cheville ouvrière de ces Rencontres ne cachait pas les difficultés rencontrées en raison de la situation sanitaire :
« C'est assez compliqué, surtout moralement c'est très difficile. Comme vous le savez, on organise beaucoup de scènes puisqu'on évolue dans 17 communes différentes et proposons pas moins de 23 spectacles. C'est autant de lieux de plein air qu'il faut barriérer, ce qui demande une logistique beaucoup plus importante, notamment pour le contrôle du Pass Sanitaire.
On est aussi confronté à un autre problème, celui de la billetterie qui est en baisse, tout simplement parcequ'il y a des gens qui ne sont pas vaccinés ou d'autres qui n'ont pas spécialement envie d'aller passer un test pour assister à un spectacle.
Concrètement, nous sommes obligés d'interdire l'accès à beaucoup de monde et c'est des situations pas toujours faciles à gérer. Le port du masque est obligatoire sur le site. Toutes ces mesures sanitaires imposées nous permettent malgré tout de fonctionner et d'offrir des spectacles que nous avons à cœur de proposer.
C'est pas évident d'organiser dans ces conditions. Ce sont 30 concerts que nous programmons dans toute la Balagne. C'est un gros investissement de la part de tout le monde. Nous avons cette volonté de proposer de la musique et de faire en sorte qu'elle existe. Sur le plan financier, heureusement nous sommes soutenus par les collectivités publiques, par la Collectivité de Corse puisque l’on est conventionné. Il y a aussi la Mairie de Calenzana qui ne ménage pas ses efforts et d'autres municipalités qui collaborent en fonction de leur possibilité. Après, c'est clair que ce manque de billetterie va nous faire défaut ».
Gilbert Guizol