Mercredi 1 septembre 2021

L'abstrait au cœur de l'atelier de François Husson à Nessa

Image
françois husson
Installé dans le village balanin de Nessa, l'artiste peintre contemporain François Husson, spécialisé en peinture abstraite, exposera à la Galerie « Noir et Blanc » de Bastia du 9 au 21 septembre. À la veille de ce rendez-vous, il nous a ouvert les portes de son atelier niché dans le petit village de Nessa en Balagne.

À 17 km de l'Ile-Rousse, entre mer et montagne, le pittoresque village de Nessa avec ses étroites ruelles pavées. Au détour de l'une d'elles, un artiste peintre contemporain, François Husson, spécialisé dans l'art abstrait, a fait l'acquisition il y a 17 ans de l'une de ces maisons typiques de nos villages.

Son atelier de peinture y a aussi trouvé sa place dans la cave toute en pierre.

C'est là qu'il nous a accueilli pour parler de sa passion pour la peinture, principalement l'art abstrait porté sur la matière mais aussi de sa vie, de la crise environnementale qu'il exprime à travers ses œuvres.

« Cette passion pour le dessin et pour la peinture me vient de ma mère qui était institutrice, très douée en dessin et qui voulait être styliste de mode. Ensuite il y a eu l'adolescence avec son lot de « conneries ». Un peu plus tard, dans les années 80, du côté de Saint-Germain-des-Prés, j'ai rencontré une bande de copains, autour de l'écrivain Antoine Blondin et ça a provoqué chez moi un déclic pour la passion de la peinture. À cette époque, j'ai  préféré privilégier ma vie de famille et ma vie professionnelle plutôt que de vouloir exister à travers la peinture. Je savais aussi que la peinture est un art exigeant qui prend la tête et qui risque de vous jouer des mauvais tours sur le plan professionnel et familial. J'ai donc fait le choix, au bon moment, de mettre ma passion, mon art entre parenthèse ».

C'est de l'art abstrait, non construit, plutôt poétique, lyrique, gestuel, matiéré qui demande cet effort physique que l'on retrouve dans le rugby

Ce n'est que dans les années 90 que François Husson a repris contact avec ce vieux démon qui le hantait : la peinture !

Ancien 3e ligne de rugby, François Husson se retrouve dans cette passion pour l'ovalie pour définir sa peinture :

« C'est de l'art abstrait, non construit, plutôt poétique, lyrique, gestuel, matiéré qui demande cet effort physique que l'on retrouve dans le rugby. Dans la toile je mets beaucoup de matière, je charge et j'y vais. Les matériaux utilisés ont un rapport direct avec la sensibilité envers la crise environnementale et tout ce qui se passe autour, la pollution, la déforestation, etc...

Ce qui explique les ingrédients que j'utilise pour construire mes toiles : la cire d'abeille, significative envers la pollinisation, la terre corse pour moi très importante, l'oxyde parce que ça ronge et ça bouffe la planète... ce qui m'a amené à avoir une certaine réflexion là-dessus. La construction d'une toile est toujours ancrée dans cette optique, je suis ancré dans tout ça et j'avoue que j'ai du mal à en sortir mais je ne perd pas pour autant la nuance du beau qui m'intéresse, l’esthétique me plaît. Il faut de l'équilibre et de la couleur ».

Lorsqu’on lui parle de la manière dont il construit une œuvre, l'artiste répond sans la moindre hésitation : «ça s'arrête, ça se fait, c'est un accident qui tout à coup m'émerveille et là je dis bon elle est finie. L'abstraction c'est aussi ça. Je peux rester planté devant très longtemps, dormir dessus, revenir avant que le déclic opère. Il n'y a pas une œuvre qui marche du premier coup. Je suis autodidacte et seul dans mon atelier».

Les reliefs imprimés dans ses œuvres, les couleurs, les épaisseurs, les titres comme Dévastation, Embûche, vague à l'âme, Big Bang sont autant d'éléments qui expriment les sentiments de colère et de désolation de l'artiste face à nos forêts dévastées, à notre planète mutilée par la main de l'homme...

François Husson est un écorché vif d'une grande sensibilité qui a du mal à concevoir ce désastre environnemental. Cette colère, cette incompréhension, il l'exprime dans cette force physique et intellectuelle.

Le résultat est tout simplement époustouflant.

Dans son atelier, avant de retrouver sur la terrasse son épouse Agnès, François Husson retourne sur une toile qu'il pose à plat sur deux tréteaux, avant de jouer de la spatule, du pinceau, des matières pour faire passer ses colères, ses émotions, son envie d'un monde meilleur avant de trouver l'harmonie parfaite, celle qui l'apaisera.

François Husson a d'autres projets en Corse mais en attendant, nous vous invitons à découvrir ses œuvres à la Galerie « Noir et Blanc », place du marché à Bastia. Ce sera du 9 au 21 septembre 2021.

Gilbert Guizol