Mercredi 10 mars 2021

Sébastien Dominici, un artiste en mouvement

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seb dominici
Sébastien Dominici a débuté sa carrière de plasticien il y a sept ans à la Galerie Gour Beneforti à Bastia. ‌Depuis, il n'a jamais cessé de créer, se plongeant quotidiennement dans son œuvre. Du détail aux aplats de couleurs, de ses motifs alphabétiques aux grands formats, son expression est questionnée, précisée, amplifiée et gagne cette puissance qui fait de Sebastien un artiste en pleine effervescence. Il expose aujourd'hui à ACID Galerie à Lille, Saltiel à Aix-en Provence et Vend'art, une galerie en ligne associée au magazine Art Travel, qui le choisit pour sa couverture dans son Hors série 2020. Un avenir qui résonne comme une promesse pour l'artiste bastiais.

Sébastien me reçoit chaleureusement dans son atelier situé au rez-de-chaussée de son domicile. Plus qu’un atelier, c’est un espace de vie et de création marqué par l’esthétique trash et flashy de la contre-culture punk rock de sa génération : une porte et des murs peints de tous côtés, les tables et étagères remplies de couleurs et une cabine dédiée à la musique, essentielle à sa vie et à son expression : guitares, pédales à effets, table de mixage etc… Ses amis d’enfance passent régulièrement à l’improviste pour discuter, écouter de la musique, boire une bière, assister en direct à l’évolution de l’œuvre en cours. Un rythme qui convient parfaitement à Sébastien Dominici qui ne sépare jamais l’art de la vie.  

« Ce qui m’intéresse, c’est de retranscrire la vie. Il peut m’arriver de peindre sur le passé mais l’essence même de ce que je crée c’est une réflexion sur nos conditions de vie donc tout peut m’inspirer. »

Une inspiration que Sébastien saisit et déploie par une pratique quotidienne de sa technique et de son geste et une exploration audacieuse de son style. En véritable compositeur, il élabore un langage, une grammaire artistique extrêmement précise et approfondie. Déjà une belle conquête pour cet artiste bastiais qui, il y a seulement sept ans, n’aurait pas osé montrer son travail : 

« C’est ma femme qui a envoyé mes œuvres par mail, moi j’avais trop de pudeur … »  

Un talent qui, depuis, n’a d’ailleurs pas échappé au regard professionnel de certains galeristes. D’abord en Corse, avec la Galerie Gour Beneforti à Bastia, puis Marie Ricco à Calvi et Up Galerie à Bonifacio puis dans deux grandes galeries nationales où il expose aujourd’hui. La principale, ACID Galerie à Lille, un lieu très dynamique qui lui offre beaucoup de visibilité à travers de nombreux projets, notamment un livre, en cours de réalisation, qui lui sera entièrement consacré, des expositions et des foires. Puis, la Galerie Saltiel à Aix-en-Provence, où il partage les murs avec des grands artistes comme Robert Combas, César ou Antonio Segui. Il collabore également avec une galerie en ligne : Vend’art associée à Art Travel, un magazine d’art autour de la méditerranée qui lui consacre un article dans son numéro hors-série 2020.

Faut pas attendre. Faut oser, faut se lancer mais faut rien attendre

 Malgré cette reconnaissance professionnelle, Sébastien Dominici reste très proche de ce qui fait son ADN : cet esprit libertaire issu du milieu du skate et du surf à une époque où c’était encore peu connu et assez mal perçu en Corse. 

« On sait maintenant qu’il y a vraiment une culture derrière le skate et le surf, un univers pictural et musical. Les limites de l’insularité nous ont permis d’aller chercher plus loin, de modifier nos influences et de créer notre propre univers. Avec le recul, c’est une chance ».

Un univers donc très marqué par ces influences que l’artiste s’approprie et transforme à sa sauce : peinture sur planches de skate en guise de totems ; une multitude de signes, de dessins et de mots anglais en guise d’alphabet ; des grands formats et des couleurs très vives, parfois rehaussées de paillettes pour le débordement et des thèmes souvent liés à la nature, la mer ou la pollution.  Sans oublier les particules élémentaires : la musique et le rythme qui agissent comme un premier souffle sans cesse renouvelé. 

Sébastien Dominici suit son instinct, suit le mouvement, surfe sur la vague, comme il sait bien le faire, en se disant que « jusque-là, tout va bien ». Avec rigueur, avec vigueur, il continue de mener un emploi en parallèle : 

« C’est énormément de travail, énormément d’organisation mais c’est un choix, je m’offre le luxe de ne pas dépendre des ventes de mes œuvres pour manger. Ça amène une certaine liberté au niveau créatif… » 

Liberté et créativité, sans doute sa seule devise et son seul conseil : « Faut pas attendre. Faut oser, faut se lancer mais faut rien attendre ».

Texte et photos Aesa Poli