Jeudi 25 mars 2021

Alexandra Santelli : la jeune fille et la mer

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Alex Santelli
Le 14 septembre 2011, lorsque Alexandra voit le jour, Emmanuel et Sophie, ses parents, étaient loin de s’imaginer que ce petit bout allait se montrer d’une précocité rare et exceller dans le domaine de la voile. Visage d’ange, timide mais souriante, quand on la voit, on ne se doute pas que cette petite fille brillante et affirmée est l’un des grands espoirs nationaux de la voile. En avance d’un an à l’école, elle brûle toutes les étapes et les temps de passage dans son domaine de prédilection l’optimiste. Portrait de cette calvaise à l’avenir prometteur.

« Manu », le papa, référence insulaire dans le monde de la voile, ne voyait pas d’un bon œil qu’Alexandra embrasse la même passion. Ça sera donc aux côtés de Sophie, la maman, qu’elle fera ses premières armes dès l’âge de trois ans, sur l’eau, en optimiste. Rapidement elle se prend au jeu et remporte à six ans seulement la première régate à laquelle participe en poussin: la VELA Cup à Calvi, course de niveau régional. Elle inscrira d’ailleurs une seconde fois son nom au palmarès de ce trophée sur son terrain de jeu favori, la baie de Calvi.

« J’aime la mer et le sentiment de liberté, c’est devenu ma passion et mon objectif c’est de gagner le plus de régates possible » précise Alexandra.

Finalement, le papa veille au grain et gère les entraînements localement. Le quotidien, c’est deux à trois sorties par semaine mais Alexandra ne tient pas en place, vélo, randonnée, natation synchronisée, tennis, planche à voile et violon sont autant d’activités qu’elle pratique avec une facilité déconcertante.

Après sa première régate à 6 ans, le Yacht club de la pointe rouge à Marseille l’avait déjà repéré et elle intégrait les stages du pôle France

Précocité rare et résultats surprenants

 

Les régates s’enchaînent et Alexandra est très souvent dans le haut de tableau. Devant des garçons souvent plus âgés qu’elle.

Coupes internationales d’été, régates nationales, autant de courses où elle impressionne par son talent, sa dextérité et une maturité incroyable pour son jeune âge.

« Après sa première régate à 6 ans, le Yacht club de la pointe rouge à Marseille l’avait déjà repéré et elle intégrait les stages du pôle France. Depuis qu’elle a changé de club pour intégrer une équipe privée : team passion voile, elle fait des stages avec les meilleurs nationaux et l’équipe suisse. La Covid a changé la donne, malgré la pandémie, avec Monaco elle a la possibilité de régater, elle est douée même si parfois je dois insister sur les consignes mais c’est les défauts de la jeunesse, je suis parfois peut être trop exigeant » affirme le papa fier de sa petite championne.

Et de poursuivre : « Les avis des différents coachs qu’elle rencontre sont tous dithyrambiques, il s’avère qu’Alexandra aurait un haut potentiel. Elle remporte des régates face à des enfants beaucoup plus âgés et pour sa première année dans la catégorie benjamin elle dispose déjà d’une expérience incroyable quand d’autres, pour la grande majorité débutent à peine ».

La petite déception, c’est l’absence de soutien au niveau des entreprises locales. La problématique qui se pose c’est l’insularité, les déplacements sont coûteux. ... on a beau remplir des dossiers auprès des compagnies maritimes pour qu’elles jouent le jeu et accompagnent une petite Corse ayant des résultats et un avenir dans ce milieu d’excellence

Malgré la crise sanitaire,les échéances arrivent et à court terme, c’est la coupe internationale d’été qui se profile à Biscarrosse.

Les résultats scolaires sont excellents, elle a un an d’avance en CM2 et les professeurs jouent le jeu et l’encouragent dans cette aventure.

« On l’accompagne au maximum, c’est beaucoup de sacrifices mais c’est pas grave. Elle a de l’ambition et on fera le maximum pour qu’elle atteigne ses objectifs » concède la maman.

Performer même aussi jeune, représente un coût financier.

Par chance elle a déjà quelques sponsors : Optim Azur, Labbé CCM, SOAT 111/team passion voile qui a de gros moyens et l’aide au niveau logistique et bien sur l’entreprise familiale MANUREVA.

Le club de voile de Calvi est toujours présent et soucieux de la mettre dans les meilleurs dispositions sur place.

 

Appel aux compagnies maritimes

 

« La petite déception, c’est l’absence de soutien au niveau des entreprises locales.

La problématique qui se pose c’est l’insularité, les déplacements sont coûteux. Il faut savoir que malgré son jeune âge, elle se déplace au minimum une fois par mois sur le continent et on a beau remplir des dossiers auprès des compagnies maritimes pour qu’elles jouent le jeu et accompagnent une petite Corse ayant des résultats et un avenir dans ce milieu d’excellence ».

Alexandra très ambitieuse n’en reste pas moins une petite fille de son âge et ses parents restent attentifs à son évolution. La détermination sans faille ne doit pas occulter le reste.

Ils se font un point d’honneur à ce qu’elle se réalise, qu’elle s’accorde des moments de détente, qu’elle ne se déconnecte pas de ses amis et surtout garde la notion de plaisir.

Bientôt se posera la question du changement de support, peut être même un départ sur le continent pour maintenir le niveau d’excellence.

Elle ambitionne de passer à la planche à voile et n’est pas apeurée par l’éventualité de devoir partir de Calvi plus tard, si la nécessité s’en fait ressentir.

« On est attentif à ses envies, car ça reste le critère essentiel, à un moment, si elle le souhaite pourquoi pas l’intégrer avec moi dans des projets d’envergure et s’il faut que je les abandonne pour qu’elle puisse aller plus loin, on avisera mais on le fera. Pour l’instant c’est encore trop tôt, il faut que jeunesse se passe ».

Texte François Colombani