Jeudi 24 juillet 2025

Corailleur, un métier en voie de disparition.

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Sous un soleil de plomb, bercé par le vent des côtes du sud de la Corse, c’est dans le port discret de Pianottoli qu’un curieux marin s’affaire. Jean-Philippe Giordano est bien connu dans la région bonifacienne. Sympathique et sociable, il fait surtout partie des sept derniers corailleurs de Corse. Un métier unique, dangereux, controversé, et surtout, de plus en plus rare.
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"On fait de la plongée profonde, et on a une récupération en grande profondeur du plongeur, qui reçoit une gueuse pour faire toute sa décompression.
Si on a beaucoup de vent, le plongeur part en drapeau et on ne peut pas faire une décompression correcte, ce qui est absolument dangereux.
Donc, les jours de vent, on fait l’entretien du matériel."

Ce dimanche venteux est l’occasion de découvrir le métier incroyable de corailleur à travers l’expérience de Jean-Philippe Giordano, qui fut, un temps, le plus jeune corailleur de Corse. C'est dans les années 1984/85 que l'aventure commence pour notre corailleur, qui aujourd'hui est l'un des pionniers du sujet.

 

Jean-Philippe Giordano, corailleur depuis toujours.

Le métier de corailleur consiste à plonger en profondeur (autrefois même à plus de 100 mètres) pour récolter le corail rouge. Il y a plusieurs années, les corailleurs se sont accordés à ne prélever que les colonies de Corail situés entre 50 et 100 mètres de profondeur. Cette règle est désormais officiellement en vigueur. Elle vise à protéger les jeunes colonies situées à moins de 50 mètres, d’autant plus qu’à cette profondeur, la température reste stable toute l’année, entre 12 et 15 degrés. Ainsi, le corail n’y subit pas encore les effets du réchauffement climatique.

Pour récolter une branche, il faut également que celle-ci mesure au minimum 7 mm de diamètre à la base, toujours dans une volonté de protéger la reproduction de l’espèce. La limite de 100m, quant à elle, est fixée pour des raisons de sécurité par la législation. Cette pêche est désormais très réglementée, et les autorisations sont de plus en plus rares. 

 

"J’ai rarement vu, dans ma carrière, des gens qui se félicitaient de pêcher du petit corail pour gagner de l'argent. Ça existait, j'ai eu des gens avec qui je me suis confronté. (...)Je ne rentre pas dans ces discours-là. Nous, les corailleurs, nous sommes interdits les zones de 0 à 50 m, ce n’est pas pour rien ! À partir de 50 m, on rentre dans une thermocline de 12/14 °C, et cette espèce-là ne subit pas du tout les effets du réchauffement climatique."

Descendre à de telles profondeurs n’est évidemment pas sans risques : cela engage à la fois le plongeur et le marin resté en surface, qui doivent suivre un protocole strict.

Dès l’immersion du corailleur, son copilote resté à bord ne doit pas perdre de vue les bulles émises par le plongeur. Sa mission, entre autres, est de lui envoyer la ligne de décompression dès le début de la remontée.

La décompression s’effectue par paliers, pendant plusieurs heures, à l’aide de mélanges suroxygénés, afin de permettre au corps de se réadapter progressivement à la diminution de pression. Les accidents restent malheureusement fréquents, même si les nouvelles technologies, comme la présence d’un caisson de décompression à bord, contribuent à réduire les risques.

 

 

un métier de plus en plus rare.

Cette année, 7 autorisations ont été accordées en Corse, dont Jean-Philippe Giordano. Ces autorisations sont rares, nominatives et déterminées en fonction de l’aptitude hyperbare. Elles sont réévaluées chaque année, pour chaque pêcheur, par un professionnel de santé. 

Malgré le renouvellement de son autorisation, Jean-Philippe n'a pas encore trouvé le bon coéquipier marin pour cette saison. La raison selon lui ? "la réglementation européenne en particulier impose de plus en plus de contraintes en grand décalage avec la réalité de ce métier."

 

"Je recherche depuis plusieurs mois quelqu’un de sérieux pour m’accompagner en mer : un marin professionnel pour l’assistance en plongée et je voudrais bien formé un successeur !"

 

le Coralium Rubrum

La particularité du corail rouge de Corse, et plus largement méditerranéen, est qu’il construit un squelette minéral plein, contrairement aux coraux tropicaux, qui sont inexploitables en bijouterie en raison de leur forte porosité.

Selon les scientifiques, sa croissance est très lente : entre 0,8 mm et 1 mm par an. Sa couleur rouge caractéristique, dite « sang de bœuf », serait due à la présence de ferritine, proteine permettant le stockage du fer naturellement présent dans le substrat sur lequel le corail est fixé.

 

Recherche marin professionnel – Bonifacio (Corse du Sud)

Patron pêcheur corailleur cherche marin / matelot plongeur pour la saison 2025 (jusqu’à décembre) :

 Missions :

  • Assistance et surveillance plongeur
  • Skippage + maintenance navire 12 m (bi-moteur)

Profil :

  • Expérience souhaitée
  • Sérieux, autonome, ponctuel
  • Diplômes requis : Classe hyperbare, Capitaine 200, (750 kW apprécié)
  • Mise à niveau hyperbare possible en Corse

Salaire : 3000 € net/mois

📧 Contact :
corailrouge.bonifacio@gmail.com