James Boswell : Focus sur la vie du biographe ayant rendu la Corse célèbre aux yeux du monde entier

Jeunesse et scolarité
Né le 29 octobre 1740 à Édimbourg, il fut l’aîné d’Alexander Boswell, un éminent juge, et d’Euphemia Erskine. L’éducation ecclésiastique stricte de sa famille et la distance affective de son père influencèrent profondément sa santé mentale. Il montra, tout au long de sa vie, des signes de troubles bipolaires et de dépression profonde. Il fut inscrit à l’Université d’Édimbourg dès l’âge de 13 ans, où il étudia les arts jusqu’en 1758, avant de poursuivre des études de droit. Il préféra aller à l’Université de Glasgow afin d’y suivre les cours du célèbre économiste et philosophe écossais Adam Smith. Il termina ensuite ses études à l’Université d’Utrecht, aux Pays-Bas, où il approfondit ses connaissances en droit. Il s’exila ensuite à Londres à l’âge de 19 ans, se rebellant contre l’autorité familiale afin de vivre une vie libertine et mondaine, rythmée par la littérature.
Rencontre avec Pasquale Paoli
Après avoir finalisé ses études, Boswell exerça en tant qu’avocat, d’abord en Écosse, puis à Londres, avec un succès mitigé. Parallèlement, il nourrit une passion profonde pour l’écriture et les voyages, qui l’amenèrent à entreprendre le « Grand Tour » en 1764, un parcours populaire chez les jeunes lauréats britanniques, passant par l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, la France, et surtout la Corse. Il rencontra Voltaire et Jean-Jacques Rousseau lors de son voyage ; ce dernier lui recommanda d’aller à la rencontre du leader de l’indépendance, Pasquale Paoli, lorsqu’il se rendrait sur l’île. Boswell se prit de passion pour le charisme et les idées du général. Les deux hommes devinrent rapidement de très bons amis, et le jeune Britannique écrivit alors son ouvrage Account of Corsica en 1768. Celui-ci relata les événements historiques ayant marqué l’île, colonisée par les Génois, ainsi qu’un portrait idéalisé de Paoli et de son combat nationaliste. L'œuvre fut un succès international, traduite en plusieurs langues, trouvant des lecteurs jusqu’en Amérique et popularisant ainsi les exploits et les idéaux du chef corse auprès des révolutionnaires étatsuniens.
Son plus grand ouvrage
Cependant, l’ouvrage le plus connu de James Boswell est sans aucun doute La Vie de Samuel Johnson, biographie de l’un des auteurs britanniques les plus influents de son temps. Les deux écrivains se lièrent d’amitié dès 1763, lors d’une première rencontre dans une librairie de Londres. Ils établirent rapidement une relation de respect mutuel, marquée par une grande dévotion de Boswell envers l’homme de lettres. Ce dernier finalisa son récit sur la vie de Johnson en 1791. L’ouvrage rencontra un succès international majeur, faisant de lui un modèle pour les biographes du monde entier. Cette œuvre sera plus tard considérée par beaucoup comme la première « biographie moderne ».
Déclin et héritage
Toutefois, sa passion pour les excès (notamment l’alcool et le sexe à outrance) causa de récurrents problèmes de santé, allant jusqu’à transmettre une infection vénérienne à sa femme, Margaret Montgomerie, qu’il aurait contractée à la suite d’une relation avec une prostituée locale. Son état physique se détériora jusqu’au jour de son décès, le 19 mai 1795, à Londres. Son corps fut ramené en Écosse, puis inhumé dans le mausolée familial.
Durant les années 1920, de nombreux de ses écrits furent retrouvés grâce aux efforts de l’Université de Yale, ce qui conduisit à ce qu’il soit aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands biographes de tous les temps. Au-delà de ses écrits sur Samuel Johnson, il est surtout reconnu en Corse pour avoir fait connaître la cause paolienne aux yeux du monde entier, son impact allant jusqu’à inspirer le nom de certaines villes américaines comme « Paoli » ou « Corsica », en hommage au général, à l’île et à son histoire.
Anthony Muraccioli