Pasquale Paoli : un héros corse célébré en Angleterre, entre exil et héritage diasporique
Son parcours met en lumière ici un double mouvement diasporique : celui des Corses, contraints à l’exil, et celui des Anglais, marqués par une longue histoire de migration et d’implantation en Outre-mer. À travers Paoli, ces deux réalités se croisent. Loin de son île, le général corse devient un point de rencontre entre deux peuples, deux histoires, deux cultures, deux formes d’attachement à la terre natale. Il incarne ce que les diasporas ont de plus universel : la capacité à faire vivre l'identité au-delà des frontières.
L'exil londonien de Pasquale Paoli
Après la défaite de Ponte Novu en 1769 face aux troupes françaises, Pasquale Paoli choisit l'exil en Angleterre, ennemie traditionnelle de la France. Le 18 septembre 1769, il débarque à Harwich, où des amis l'attendent. Rapidement, il devient une personnalité en vue, fréquentant des cercles intellectuels influents, notamment celui de Samuel Johnson. James Boswell, célèbre biographe de Johnson, se lie d'amitié avec Paoli et consigne ses mémoires dans « An account of corsica ».
La présence de Paoli à Londres ne passe pas inaperçue. Après plusieurs entretiens avec le roi George III, il reçoit une pension de la couronne britannique, avec l'entente qu'il soutiendrait les intérêts britanniques en Corse s'il retrouvait une position d'autorité. Cet exil londonien, qui dure jusqu'en 1789, est marqué par des échanges culturels et politiques intenses, renforçant les liens entre la Corse et l'Angleterre.
La diaspora corse en Angleterre
Si la communauté corse en Angleterre reste modeste en nombre, l'exil de Paoli contribue à sa visibilité. Autour de lui gravitent des exilés politiques, des intellectuels et des sympathisants de la cause corse. Cette diaspora, bien que restreinte, joue un rôle crucial dans la diffusion de la culture et des aspirations corses au sein de la société britannique. Les interactions entre Corses et Britanniques favorisent une meilleure compréhension mutuelle et ouvrent la voie à des collaborations futures.
Parallèles avec la diaspora anglaise
L'histoire de la diaspora anglaise, marquée par des migrations significatives vers l'Amérique du Nord, l'Australie et d'autres colonies, offre un point de comparaison intéressant. Après 1600, l'émigration anglaise devient l'un des mouvements de population les plus importants d'Europe, surpassant en nombre d'autres flux migratoires européens. Ces émigrants anglais, tout comme les Corses en exil, cherchent à préserver leur identité culturelle tout en s'adaptant à de nouveaux environnements.
Les deux diasporas partagent des dynamiques similaires comme :
- L’attachement à la terre natale : Malgré la distance, les membres des diasporas maintiennent un lien fort avec leur pays d'origine, perpétuant traditions et langues.
- L’adaptation et intégration : Tout en conservant leur identité, ils s'intègrent dans les sociétés d'accueil, contribuant à un enrichissement mutuel.
- Les réseaux transnationaux : Les diasporas créent des ponts entre leur pays d'origine et leur terre d'accueil, facilitant les échanges culturels, économiques et politiques.
Héritage et célébration
Le tricentenaire de la naissance de Pasquale Paoli est l'occasion de célébrer non seulement un héros corse, mais aussi une figure emblématique des liens entre la Corse et l'Angleterre. Son exil londonien illustre la manière dont les diasporas peuvent servir de passerelles entre les cultures, favorisant une compréhension et une coopération accrues. Aujourd'hui encore, l'héritage de Paoli résonne, rappelant l'importance de la résilience, de l'identité et des échanges interculturels dans notre monde globalisé.
Julen Auz-Gaffori
