Vendredi 23 mai 2025

Vers la fin du cash ? L’Europe s'interroge face à la proposition de Gérald Darmanin

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Le ministre de la justice relance le débat sur la suppression des paiements en espèces, invoquant la lutte contre le trafic de drogue. Une idée qui divise, alors que plusieurs pays européens ont déjà amorcé la transition vers le tout numérique, sans pour autant renoncer complètement au liquide.

Faut-il en finir avec les espèces pour mieux lutter contre la délinquance ? Gérald Darmanin y croit. Mais l’exemple des pays d’Europe du Nord montre que si le cash recule, il reste un pilier de sécurité en cas de crise. Hier, lors d’une audition au Sénat, Gérald Darmanin a proposé d’en finir avec les paiements en espèces pour entraver les réseaux criminels. Selon le ministre de la justice, “une grande partie de la fraude de la délinquance du quotidien” passe par l’argent liquide. Il estime qu’en rendant l’ensemble des paiements traçables, à l’instar des cryptoactifs, les trafics seraient plus facilement repérables. 

Des pays européens déjà dématérialisés

 

L’idée n’est pas sans précédent. Dans plusieurs pays d’Europe du Nord, le Cash est déjà en voie de disparition. Au Danemark, seules 8% des transactions se font encore en liquide. En Suède, ce chiffre atteint 28%, et en Norvège 35%, selon une étude récente du cabinet BearingPoint. 

En France, la situation évolue : 51% des achats se font encore en espèces, contre 72% en 2019 selon la Banque centrale européenne. Les habitudes changent, poussées par la commodité des paiements par carte ou smartphone, et les distributeurs automatiques sont de moins en moins présents dans l’espace public. 


Une prudence assumée face aux risques numérique


Mais la dématérialisation totale des paiements reste un sujet sensible. Dans les pays les plus avancés sur la question, les autorités freinent l’abandon total du cash. Le Parlement norvégien a par exemple voté un amendement obligeant les commerces à accepter les paiements en espèces, afin de garantir l’accessibilité pour tous. 

Les ministères de la Défense et de la Justice en Suède, Norvège et Danemark soulignent les risques liés au cyberattaques, aux pannes informatiques ou encore aux catastrophes naturelles. Dans ces cas - là, l’absence d’argent liquide pourrait fragiliser toute l’économie du quotidien. 

La proposition de Géral Darmanin s’inscrit dans un débat complexe. Si les bénéfices sécuritaires d’une société sans cash sont mis en avant , les exemples européens soulignent aussi la nécessité d’un équilibre entre modernité, inclusion et résilience. 

Sharon Rouanet