Gestion du sport par les collectivités : La Corse vertueuse par rapport à d’autres régions.

Le CNFPT, Centre National de la Fonction Publique Territoriale, est un établissement public paritaire déconcentré dont les missions de formation et d’emploi concourent à l'accompagnement des collectivités territoriales et de leurs agents dans leur mission de service public. Il a quatre missions principales : la formation, l’observation, l’organisation des concours des cadres d’emplois A+, et l'apprentissage. En Corse la délégation réside à Ajaccio avec une antenne à Bastia. Lors de cette journée il était représenté par Jérôme Boggio, conseiller en formation du sport à Ajaccio et Marina Marchetti, responsable de l’antenne de Haute-Corse.

Au niveau de l’ANDISS, Association Nationale des Directeurs et des Intervenants d'Installations et des Services des Sports, la Corse est insérée dans la délégation PACA. «Nous formons un réseau du sport territorial et nous sommes présents dans 14 régions » souligne Rémi Magne-Barrière, président d’ANDISS PACA. « Nous avons plusieurs objectifs comme partager les bonnes expériences, organiser des journées de formation, faire des états des lieux ou établir des prospectives sur l’évolution du sport. On a aussi un rôle de syndicat pour défendre les droits et les conditions de travail des agents de la fonction publique, qu’ils soient communaux, régionaux ou départementaux, qui, de près ou de loin, ont un rapport avec le sport ».
Cette journée bastiaise qui avait rassemblé une trentaine de personne en présentiel venues de Bastia, Ajaccio, Corte, Porto Vecchio, de Balagne…et plus de 70 en visio pour les agents de Provence-Alpes-Côte d’Azur, avait pour thème : « Comment maintenir une bonne gestion du sport local en tenant compte de la baisse des financements publics et privés ? ».
Un problème bien d’actualité face aux défis budgétaires croissants qui touchent les collectivités territoriales. Une journée d’échange et de réflexion sur les évolutions des financements du sport local animée par Patrick Bayeux, expert reconnu des politiques publiques sportives et des équipements sportifs.
« Avec un budget annuel de 12,5 milliards d’euros consacré par les collectivités au sport, cette thématique s’inscrit au cœur des préoccupations des élus et professionnels du secteur » explique l’intervenant, auteur du site « Les décideurs du sport  » .
L’objectif de la journée était triple :

• Discerner les différents types de financement du sport ;
• Comprendre l’évolution des financements publics et privés ;
• Identifier de nouvelles sources de financement.

Le public visé ? : Éducateurs sportifs, ETAPS, animateurs des APS, agents d’exploitation, directeurs des services des sports ou équipements, DGS, DGA, Étudiants...

«Cette conférence remet en perspective l’évolution du sport en France et le rôle des collectivités, le point sur les gouvernances et les grandes tendances sur les 15 prochaines années, les clubs de demain, leurs rôles » explique P. Bayeux. « Il y a une baisse des financements publics au niveau de l’Etat et des collectivités et donc ça interroge sur l’avenir. Le sport est une compétence facultative et donc peut être fortement touché par les baisses de financement ».
Des solutions ? « Il faut s’accorder sur ce constat qu’est la baisse des financements et il faut réunir autour d’une table tous les acteurs : Etat, collectivités, monde économique pour trouver les complémentarités. Le travail, déjà amorcé, est urgent car nous sommes face à une crise des financements »
La Corse ?

«Le cas de la Corse est un peu différent car ici on est dans une structure administrative différente et pertinente. Avec la Collectivité de Corse il peut y avoir un travail pour porter une vision commune et définir une politique dévolue au sport. En 2014 j’étais venu à Bastia pour établir un schéma directeur des équipements sportifs de la Communauté d’Agglomération de Bastia*. Je constate aujourd’hui que 80% de ce qu’on avait préconisé a été mis en place. Bien des choses ont été réalisées notamment dans les investissements et les aménagements. Ici on n’est pas statique, la feuille de route est bien suivie, les concertations ont servi et c’est vertueux».

Pour Thomas Nutti, référent corse de l’ANDISS, bien connu du monde du sport en région bastiaise, la gestion du sport local ne peut plus se penser comme hier. « Il va de soi qu’aujourd’hui le sport local doit amorcer sa transition. L’analyse de Patrick Bayeux est aussi lucide qu’inspirante sur les défis actuels de la gestion sportive locale. On doit composer avec vieillissement de la population, nouvelles pratiques sportives plus libres, digitalisation, IA et outils connectés, urgences environnementales et surtout comme il l’a martelé : La baisse continue des financements publics. La gestion du sport local doit donc intégrer ces mutations pour rester pertinente et durable. Pour moi cela passe par une nouvelle gouvernance territoriale du sport, des coopérations élargies entre collectivités, clubs, citoyens, acteurs économiques et une vraie capacité d'innovation dans les modèles économiques ».

*A l’époque François Tatti était président de la CAB, Gilles Simeoni, maire de Bastia, vice-président de la CAB, chargé de la politique sportive à la CAB et Louis Pozzo di Borgo, président de la commission « Sport et équilibre social communautaire »