Langue corse à l’école : la FCPE 2A s’oppose à la généralisation de l’enseignement bilingue
Depuis plus de dix ans, la Corse se distingue par la mise en place de deux filières scolaires : une filière standard en français, et une filière bilingue français-corse. Cette cohabitation, saluée par la FCPE comme un modèle respectueux de la liberté des familles, permet aux parents de choisir entre deux approches pédagogiques pour leurs enfants. Or, depuis la rentrée 2023-2024, des établissements scolaires entament une transformation vers des sites exclusivement bilingues. Selon la FCPE 2A, cette évolution s’est accompagnée de refus d’inscription en filière standard, obligeant certaines familles à scolariser leurs enfants hors de leur secteur, avec des contraintes de transport et de mobilité.
Une réforme appuyée par un nouveau cadre académique
La mise en œuvre de ces transformations s’appuie sur une lettre-cadre académique datée de mars 2024. Ce texte autorise la bascule d’une école vers l’enseignement bilingue exclusif, à condition que le Conseil d’école en vote la décision. La FCPE déplore cependant que certaines communes, pourtant membres de droit de ces conseils, soient écartées du processus décisionnel.L’exemple d’un conseil d’école à Ajaccio est cité par la fédération, qui dénonce un vote effectué sans consultation formelle ni implication des représentants locaux.
Un projet académique ambitieux mais controversé
Depuis janvier 2025, l’académie de Corse travaille sur un nouveau projet intitulé Scola 2030. Ce projet fixe comme axe prioritaire la volonté de faire de la langue corse un savoir fondamental, au même titre que lire, écrire, compter et respecter autrui. Pour la FCPE 2A, cette orientation marque un tournant : elle rendrait, à terme, l’enseignement bilingue obligatoire pour tous les élèves de l’île. La fédération estime que cette co-officialisation de fait du corse avec le français rompt avec le principe de libre choix et pourrait générer des inégalités.
Des inquiétudes pour les élèves en difficulté
La généralisation du bilinguisme soulève également des préoccupations pédagogiques. La FCPE alerte sur l’impact potentiel pour les élèves souffrant de troubles DYS, estimés à près d’un sur dix. Pour ces enfants, l’apprentissage dans deux langues pourrait aggraver les difficultés déjà rencontrées. La situation est également délicate pour les enfants issus de foyers non francophones, pour qui l’apprentissage du français représente déjà un défi majeur. L’introduction obligatoire du corse pourrait selon la FCPE complexifier leur parcours éducatif et aggraver le risque d’échec scolaire.
Défendre le principe d’égalité au sein du service public
Enfin, la FCPE 2A rappelle que de nombreuses familles ne pratiquent pas le corse à la maison, rendant le suivi scolaire plus difficile. Elle insiste sur le droit des parents à choisir une éducation comparable à celle du reste du territoire national, au nom du principe d’égalité. La fédération demande l’arrêt de la suppression progressive de la filière standard en Corse, et le respect du libre choix des familles en matière d’éducation. Elle se dit prête à dialoguer avec les autorités, tout en réaffirmant son attachement à un service public d’éducation national, égalitaire et inclusif.
Sharon Rouanet
