Lundi 14 mars 2022

67 blessés au cours des scènes d'émeutes et de guérilla urbaine à Bastia

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manif
Au terme de plusieurs heures d'affrontements et de violences entre manifestants et forces de l'ordre ce dimanche à Bastia, le bilan de cette manifestation qui a tourné à l'émeute et à la guérilla urbaine est lourd, très lourd. On dénombre plus d'une soixantaine de blessés chez les manifestants et forces de l'ordre, et des dégâts très importants avec des véhicules et poubelles incendiés, bâtiment du Centre des impôts en feu et autres dégradations...

Après Corte la semaine dernière, cette manifestation du dimanche 13 mars à Bastia, était celle de tous les dangers, et ce malgré les nombreux appels au calme, dont celui de Christine, sœur d'Yvan Colonna et de Marie-Noelle Acquaviva, sœur du regretté Ghjuvan Battista Acquaviva tué en 1987. 

Dès la fin de matinée, la tension était palpable à Bastia où un dispositif de sécurité se mettait en place. 

Dans la grisaille du ciel, il était 12 heures quand à l'initiative de Mgr François Bustillo, Évêque de Corse et du diocèse, les cloches se mettaient à sonner sur l'ensemble de l'île, comme un appel à la paix et à l'unité envoyé par l'église. Un message qui n'aura pas été entendu bien longtemps, d'autant que l'on apprenait que les forces de l'ordre venaient de mettre la main du côté de la gare sur un stock important de cocktails molotov. Une information qui était aussitôt confirmée par le Procureur de la République.

À 15h10, c'est dans ce climat de tension que les manifestants se rangeaient derrière la banderole, sur laquelle on pouvait lire : « Statu Francese Assassinu » et les représentants des syndicats étudiants, avant de descendre le boulevard Paoli et rejoindre la Préfecture de Haute-Corse.

La foule évaluée à entre 8000 et 10 000 personnes, scandait des slogans hostiles à l'État, tenu responsable de cette situation, pour ne pas avoir appliqué tout simplement la loi.

Aux représentants de la presse régionale s'ajoutaient des médias nationaux et des équipes de journalistes étrangers, dont des anglais.

Dans le cortège, on notait la présence du président de l'Exécutif de Corse, Gilles Simeoni, de la Présidente de l'assemblée de Corse, « Nanette » Maupertuis, de plusieurs membres de l'Exécutif, représentants de différents leaders nationalistes, conseillers territoriaux, élus....

Plusieurs heures d'affrontements entre jeunes et force de l'ordre

À la surprise générale, l'arrivée du cortège devant les grilles de la préfecture  était devancée par un groupe important de jeunes manifestants cagoulés et équipés de cocktails molotov, dont ils faisaient aussitôt usage.

Un affrontement violent opposait alors manifestants et forces de l'ordre. L'atmosphère devenait rapidement irrespirable. Aux cocktails molotov, bombes agricoles, pavés et autres objets, les forces de l'ordre ripostaient par des gaz lacrymogènes, canon à eau, tirs de LBD, grande assourdissante...

Ces affrontements se transformaient en véritable guérilla urbaine. Les manifestants se repliaient vers les rues adjacentes. 

Un passant et un enfant étaient blessés alors qu'un CRS était violemment pris à partie. Ces affrontements se poursuivaient dans le secteur de La Poste et en direction du port. Les manifestants se protégeaient à l'aide de panneaux arrachés alors que les face à face étaient de plus en plus violents et que l'air devenait complètement irrespirable. Les pompiers devaient intervenir à plusieurs reprises pour des malaises ou personnes blessées.

Gérald Darmanin, Ministre de l’intérieur, se rendra mercredi et jeudi en corse

Des bruits assourdissants de bombes étaient entendus au loin et une épaisse fumée montait dans les airs. Des poubelles étaient brûlées, des cocktails molotov étaient jetés, les grilles du Centre Départementale des Finances Publics étaient arrachées et le bâtiment incendié sur deux étages.

Vers 20 heures, les affrontements baissaient d'intensité et le calme revenait vers 22 heures.

Ce lundi matin, un bilan définitif du nombre des blessés était fait, il est le plus important de toutes ces manifestations organisées au lendemain du 2 mars, jour où Yvan Colonna a été grièvement blessé par un codétenu à la Centrale d'Arles. 

67 victimes au total : 44 membres des forces de l’ordre, 22 émeutiers, 1 passant.

À la demande du Président de la République et du Premier ministre, Gérald Darmanin se rendra en corse mercredi et jeudi afin de débuter un cycle de discussion dès ce mercredi avec l’ensemble des élus et des forces vives de l’Île.

Texte Gilbert Guizol. Photos Kevin Guizol / Eyefinity Prod