Mardi 24 janvier 2023

Affaire Douib : « il nous a toutes tuées »

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proces garcia-cruciani
Reprise des débats ce mardi matin à Ajaccio du procès en appel de Bruno Garcia-Cruciani, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sureté de 22 ans. Une journée consacrée aux expertises balistiques, morpho-analyse, micro-analyse et informatique mais aussi aux témoignages dont celui d’une ex-compagne de l’accusé qui n’avait pas souhaité témoigner en première instance par peur des représailles.

En ouverture de cette troisième journée, les expertises balistiques, morpho-analyse, micro-analyse et informatique étaient au centre des débats. Des expertises qui contredisent la version des faits de l’accusé. Les trois tirs qui ont ôté la vie à Julie Douib sont confirmés : un tir qui touche Julie dans la chambre des enfants, un tir qui finit dans le mur, et un tir qui touche Julie sur le balcon. Selon les constatations et les expertises, l’un de ces tirs a été tiré à bout touchant. Au contraire des déclarations de l’ex-compagnon de Julie, toujours d’après l’expert la victime n’était pas debout sur le balcon mais au sol.

Bruno Garcia-Cruciani accuse le coup dans son box.

Je vais faire de ta vie un enfer, te faire payer pour tout

Autre moment attendu, contrairement au procès en première instance où une ex-compagne de l’accusé, Saveria C. craignait des représailles, elle a accepté cette fois de venir témoigner à la barre. Le portrait qu’elle dresse de l’accusé n’est pas flatteur pour ce dernier. Elle évoque notamment sa liaison qu’elle qualifie de toxique : « je savais que je devais partir mais je n’y arrivais pas. Et de poursuivre : à la séparation, Bruno a eu un grave accident de moto. Je suis restée le temps qu'il guérisse quelques mois puis j'ai voulu partir. Et là, ça s'est accéléré… Il m'a dit : « je vais faire de ta vie un enfer, te faire payer pour tout. » » Les violences que subissaient Saveria l’ont poussé à quitter la balagne. Ce harcèlement s'est arrêté le 3 mars 2019... Le jour du meurtre de Julie Douib. 

Dans la salle Lucien Douib ne pouvait retenir ses larmes. Un témoignage bouleversant que les avocats de la défense tentaient de contredire en poussant le témoin à revenir sur ses propos.

Non je n’ai pas de haine, j’ai surtout de la tristesse parce que Julie ne reviendra pas

Autre témoignage, celui de Stéphanie C, amie de Julie qu’elle décrivait comme une personne solaire, douce, très belle avec un regard profond. Puis d’ajouter : « je pense que Bruno n'aime pas les femmes, d'abord il ne nous regarde pas dans les yeux, il ne nous parle pas, on ne l'intéresse pas. Le dimanche 3 mars 2019, il a bousillé ses enfants, anéanti une famille, il nous a toutes tuées, il a volé l’innocence de nos enfants. »

Dans la salle l’émotion est à son paroxysme, une suspension de séance était décidée avant que Stéphanie ne reprenne sa déposition. De son côté la partie civile souligne ces témoignages mettant en avant les qualités de Julie.

Le témoin ne se laisse pas impressionner par les propos de la défense. À la question de savoir si elle haïssait l’accusé elle répond : « non je n’ai pas de haine, j’ai surtout de la tristesse parce que Julie ne reviendra pas. »

Outre les experts qui accréditent dans leurs conclusions la préméditation, on retiendra de cette journée les témoignages poignants de Saveria et Stéphanie.

Reprise des débats demain à neuf heures.

GILBERT GUIZOL