Jeudi 26 janvier 2023

Affaire Douib : « Jour et nuit je vois ma fille dans son cercueil »

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DOUIB
Une vive émotion a parcouru la salle ce jeudi lors de la venue à la barre des parents de Julie et de son frère Jordan. Reprise du procès en appel ce vendredi matin avec les plaidoiries et le verdict attendu en fin de journée.

En ouverture d’audience de cette 5ème journée, il a été question des recherches informatiques (peine pour homicide avec arme, tentative de meurtre, fusillade, billets d’avion pour l’étranger …) effectuées par l’accusé le 1er mars 2019.

Ensuite, premier temps fort de cette journée : l’écoute des enregistrements audio des insultes et humiliations enregistré par Julie et diffusé dans la salle non sans qu’au préalable l’avocate générale prévienne les parties civiles de la nature de ces enregistrements. Les parents de Julie décident de rester au contraire du frère, Jordan, qui n’en avait pas la force. Au cours de ces écoutes déjà diffusé en première instance une vive émotion s’empare de l’ensemble des personnes présentes.

Invité à se lever, l’accusé reconnait les faits mais nie la préméditation et le fait que deux coups de feu ont été tirés et non trois. Timidement, il demande pardon à la famille de la victime et aux proches de Julie qu’il a menacé depuis la prison.

À la reprise de l’audience à 14h30, Me Eon demande à la cour de retenir l’altération de la responsabilité en raison de la consommation de stéroïdes de Bruno Garcia-Cruciani. Pour l’avocate générale l’expert psychiatre a déjà répondu sur ce point.

« Ce qu’il a fait c’est la pire chose qu’on puisse faire à une mère, c’est de tuer son enfant exprime Violetta à la barre et de rajouter : Il nous a tous bousillé. Quand Julie nous présente Bruno jamais on aurait imaginé qu’il aurait pu lui faire autant de mal qu’il la tuerait, qu’il serait son bourreau (…) On l'a aidé et au lieu de nous remercier on est là dans cette salle parce qu'il a tué ma fille ». Dans la salle l’émotion est à son comble. Avec difficulté elle poursuit : « Julie tout ce qu'elle demandait c'est être tranquille (…) Elle avait 34 ans ma fille. C'est juste un assassin, un voleur, un voleur de vie, un voleur de rêve. » Violetta parle aussi des enfants, « ils vont mieux, on essaie de leur réapprendre qu'ils ont la possibilité de choisir et même de se tromper, on n’impose rien. »

S’il sort on condamne mon mari

À la question de la présidente qui lui demande si elle a des craintes pour l’avenir, Violetta répond oui pour son mari par rapport aux menaces qu’il a reçu de l’accusé en s’appuyant sur les conclusions de l’expert psychiatre qui affirme que l’état paranoïaque de Bruno Garcia-Cruciani n’est pas soignable, pire, il empire avec l’âge. Elle conclue : « s’il sort on condamne mon mari (…) je veux une peine juste. »

Dans un climat toujours aussi lourd, Jordan, le frère cadet de Julie raconte avec une émotion qu’il ne peut dissimuler : « depuis 4 ans je vois tout en gris je deviens fou. Il a choisi de tuer ma sœur alors qu’il savait qu’il risquait perpétuité. Il a exécuté ma sœur par terre, comme un animal, il a embrassé ses enfants avec le sang de leur mère  (…) Tout ce que je sais et que je ressens c'est qu'en détruisant l'ordinateur de Julie j'ai perdu la mémoire de ma sœur, une partie de sa vie que je ne récupèrerai jamais. » Il termine en parlant des enfants : « au départ j'avais peur qu'ils ressemblent à leur père et maintenant quand je les regarde je vois Julie. »

À la barre Lucien Douib, le papa de Julie qui se bat depuis ce drame contre les violences faites aux femmes témoigne d’une fille rayonnante de joie dont son deuxième prénom était « Amour ». Depuis ce 3 mars 2019, ce père de famille se demande : « de quel droit il a pris ma fille, une sœur, une cousine, une nièce et de quel droit il a détruit la vie de ses enfants ? Comment un père peut infliger ça à ses enfants ? » Lucien rappelle que c’est eux qui ont la garde des enfants et martèle « il n'est pas question qu'on remette ça en cause, ce sont les enfants de ma fille, j'ai repris le rôle d'un père qui élève ses enfants. » 

Me Seatelli devait intervenir mais la cour en décidait autrement en mettant fin à cette audience qui aura été très éprouvantes. Reprise des débats ce vendredi à 9h15 avec les plaidoiries et un verdict attendu en fin de journée.

GILBERT GUIZOL