Mercredi 25 janvier 2023

Affaire Douib : un document toxicologique déposé qui fait débat

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proces garcia cruciani
Un document toxicologue déposé par la défense fait, selon la partie civile, craindre le report du procès. Une journée au cours de laquelle de nombreux témoins ont été entendus.

En ouverture d'audience, c'est Nadine, l'une des sœurs de l'accusé qui, en visio conférence, est interrogée, notamment sur leur enfance. Comme lors de l'enquête, elle décrit son frère comme un garçon bien éduqué et préféré de leur père, ce qui n'est pas forcément en adéquation avec l'enfance violente avancée par l'accusé.

Nadine laisse la place à Christophe, son mari, aujourd'hui mis en examen et poursuivi en correctionnel pour complicité d'assassinat. Il est accusé d’avoir brûlé l'ordinateur et fait disparaître les affaires de Julie.

Pour rappel, la veille du drame, Bruno Garcia-Cruciani a payé les billets de sa sœur et de son beau-frère pour venir de Toulon en Balagne pour s'occuper des enfants, ce qui, pour l'accusation, accrédite la thèse de la préméditation.

Dans une écoute téléphonique, de sa prison, Bruno Garcia-Cruciani, reproche à son beau-frère cette initiative, alors qu'il pouvait revendre l'ordinateur. À l'avocat de la défense qui lui demande : « vous avez été mis en examen pour complicité d'assassinat. Ça vous a mis en stress beaucoup, passionnément ? », Christophe répond : « Oui bien sûr, tout ça pour avoir brûlé un ordinateur, j'ai eu le sentiment d'être au mauvais endroit au mauvais moment. »

À la barre, Marcel P, président du club de tir de Monticello où est inscrit Bruno Garcia-Cruciani, explique que ce dernier avait perdu ses droits et sa licence et savait très bien que de ce fait il devait repartir de zéro, avant d'ajouter qu'en la circonstance il n'avait pas le droit de porter d'arme puis qu'il n'avait pas réglé sa licence. La défense tente de pousser le président du club de tir dans ses derniers retranchements pour lui faire dire que leur client avait une licence pour tirer, ce qui n'est pas son avis. « Sous certaines conditions, il aurait pu tirer avec une arme du club mais il avait perdu le droit de détenir une arme » finit par lâcher Marcel.

Entendu à son tour, l'enquêteur de personnalité ne tarie pas d'éloges sur Julie Douib, avant de parler de sa rencontre avec Bruno Garcia-Cruciani, de la naissance des enfants en 2008 et 2011 et des difficultés dans le couple qui débutent en 2014/2015. La situation se dégrade. « Lucien Douib trouve Bruno Garcia odieux. Absence de vie sociale, dénigrement systématique, jalousie et côté maniaque du compagnon, interdiction de sortir… En 2018, Julie fait part à ses proches de sa volonté de quitter Bruno Garcia-Cruciani, mais pas sans ses enfants » ajoute l'enquêteur. « Julie laisse le souvenir d'une femme positive, avenante. En tant que compagne, elle est connue comme attentionnée à son couple, évitant les conflits. En tant que mère : attentionnée, proche de ses enfants. Professionnellement, un CDI devait aboutir au printemps 2019 » conclut l'enquêteur.

À la reprise des débats, la défense souhaite joindre un document toxicologique au dossier. Celui-ci a pour objet d'attirer l'attention de la cour sur la prise d'anabolisants par leur client qui, selon leur hypothèse, aurait pu influencer son comportement. Bien que légitime, cette demande entraîne de vives réactions de la défense : « Nous portons la douleur des parties civiles qui ont fait un effort surhumain d’être encore parmi nous toute cette semaine, il serait inimaginable que cette famille ait à supporter le report de ce procès pour des raisons injustifiées » martèle Me Jean-Sébastien de Casalta.

Il l'a fait ce con, pan ! pan ! 

Plusieurs témoins se sont ensuite succédés. Parmi eux, Sébastien G, le coach sportif et dernier compagnon de Julie Douib. Il a connu Julie à la salle de sport où elle était inscrite par l’accusé. « L'heure à la salle c'était sa bulle d'oxygène. Après, elle retournait dans sa vie et c'était terrible. Il poursuivait : les gendarmes ont très mal fait leur travail (..) Personne ne l'a aidée. » L’avocate générale lui demande s’il a déjà reçu des menaces de mort ? Sébastien répond par l’affirmative : « Il a dit que tous ceux qui se mettraient sur son chemin, il les monterait en l'air et les années en prison n'y changeront rien. » La défense pousse avec insistance le témoin dans ses derniers retranchements

« Quand Bruno Garcia a obtenu la garde des enfants en janvier ça l’a bouleversée plus que tout. Elle n’en revenait pas qu’on lui octroie un week-end sur deux un mercredi sur deux et pas plus » expliquait à la barre Véronique, voisine du couple. À la question de Me Seatelli demandant si l’accusé a pu utiliser ses enfants contre leur mère, elle repond : « À partir du moment où il a eu la garde des enfants il a pu s’en servir pour la pister. Il voulait le contrôle de la vision de ses enfants vis-à-vis de leur mère. » À savoir si elle a entendu les 2 coups de feu tirés dans le jardin la veille du drame, elle répond par la négative.

Roseline R, autre amie de Julie, rapporte dans une attestation datant de 2018 affirmant avoir entendu une conversation téléphonique de Bruno Garcia-Cruciani : « à cause d’elle j’ai fait de la garde à vue, ça ne peut plus continuer comme ça, je vais la tuer ! » Elle précise également que Julie avait été menacé de mort par l’accusé si elle refaisait sa vie avec un autre homme. « Julie n’est plus là pour vous le raconter mais moi je suis ici pour le faire »conclue Roseline.

Dernier témoin à la barre, Sandrine A, voisine de l’accusé et amie de Julie. C’est elle qui a annoncé la mort de Julie à son fils aîné : « il m'a demandé « si maman était morte, il l'a fait ce con, pan ! pan ! » et ce cri je ne l'oublierai jamais »

Tout au long de cette journée très difficile, la famille de Julie a reçu beaucoup de soutien de proches venu la soutenir.

Demain, reprise des débats à 9 heures avec l’interrogatoire de l’accusé qui n’a pu avoir lieu ce mercredi en raison de nombreux retards.

GILBERT GUIZOL