Calenzana : la santé en débat
![CNR calenzana](/sites/default/files/styles/content_header/public/2022-11/GZL-00276_0.jpg?itok=U8Cxb-03)
Il régnait une grande effervescence ce jeudi à 14 heures, salle du Préau à Calenzana où la Municipalité accueillait une réunion liée à la santé.
« Cette rencontre a pour but de récolter des propositions qui émanent d'acteurs locaux et de la population pour améliorer l'accès aux soins. Ce rassemblement se déroule en quatre temps : celui de l'accueil pour expliquer ce qui va se passer, celui de la visualisation des données du Pays de Balagne, suivie d'une intervention du Dr Dominique Simeoni, présidente du CPTS de Balagne, avant la répartition de quatre ateliers qui se dérouleront dans les salles de la mairie sur les thèmes des soins programmés, les médecins traitants, la prévention, et la démographie, où là, on va demander aux participants d'énumérer les problèmes rencontrés et de proposer des solutions les plus pragmatiques et concrètes. Tout cela va donner lieu à une réunion régionale en janvier 2023 avant de faire remonter sur Paris, où là, il va y avoir un travail d'analyse et un arbitrage, avant des décisions qui vont se concrétiser sur le territoire. L'objectif est une remontée ascendante des solutions car ce n'est pas une institution, ce n'est pas la préfecture, ou encore l'ARS qui apportent les solutions mais bien les gens qui viennent tous les jours et qui subissent les problèmes » a précisé Anne-Marie l'Hostis, présidente Départementale de l'ARS en Haute-Corse.
À la tribune, autour de Pierre Guidoni, maire de Calenzana, prenaient place Yoann Toubhans, sous-préfet de Calvi, Pierre Vivoni, président de l'association des maires de Haute-Corse, Anne-Marie L'Hostis, présidente départementale de l'ARS et le Dr Dominique Simeoni, présidente du CPTS Balagne.
Pierre Guidoni, remerciait tous ceux qui ont répondu à l'invitation avec un sujet comme le médical qui nous concerne tous. « Nous sommes fiers à Calenzana de vous accueillir et de pouvoir débattre avec vous d'un sujet aussi sensible que celui de la santé, notamment en milieu rural, et ce malgré qu'ici à Calenzana nous soyons doté d'une Maison Médicale. Nous manquons malgré tout de médecin. Cette réunion peut et doit faire avancer les choses ». Le maire de la commune poursuivait en rendant hommage aux pompiers pour leur travail accompli au quotidien, de jour comme de nuit.
Yoann Toubhans, sous préfet de Calvi, rappelait le cadre dans lequel cette réunion suivie d'ateliers se tenait et mettait l'accent sur ce volet santé au plan territorial qui s'inscrit dans le cadre du volet santé au plan territorial du conseil national de la refondation lancé par le Président de la République en septembre dernier, qui veut qu'il y ait une participation plus proche du terrain afin de faire remonter les informations. Pour conclure, il devait prononcer quelques mots du chef de l' État sur ce dossier.
Anne-Marie l'Hostis détaillait ensuite le déroulé de cette réunion d'échange et d'ateliers : « L'objectif aujourd'hui est d'apporter des solutions concrètes venant du terrain. Pas d'auto censure, apportez les solutions, n'hésitez pas ».
Pierre Ange Vivoni prenait à son tour la parole pour se réjouir que ce rendez-vous ait lieu en Balagne.
« Je pense que le Président de la République a eu une excellente idée. Je ne sais pas si ça va se concrétiser mais en tout cas j'en formule le vœu pour cette première réunion ici à Calenzana, parce que les territoires ruraux sont abandonnés depuis longtemps. Ce matin, je disais à mon Directeur que, nous autres, nous avons vu partir nos écoles, nos Trésoreries, nos Gendarmeries… Maintenant, nous voyons partir les Médecins. Ce problème va devenir celui des deux décennies à venir. Aujourd'hui, le monde rural est vide. Le problème de la santé est beaucoup plus complexe que nous le pensions. Aujourd'hui en Corse, je sais que nos médecins, pour trouver des spécialistes, sont obligés d'envoyer leurs patients sur le continent. C'est quelque chose que nous ne pouvons continuer à faire ».
Parler de Désert médical en Balagne c'est encore plus faux qu'ailleurs
Le Dr Dominique Simeoni avançait quelques chiffres en indicateur de santé pour la microrégion de Balagne montrant que bon nombre de ces patients, dont plusieurs âgés de plus de 70 ans n'ont pas de médecin traitant. Elle faisait également état du retard accumulé en matière de dépistage, avant de faire le point sur le nombre de médecins qui exercent en Balagne.
Le Dr Simeoni précisait également que Calvi n'était pas une Maison Médicale, au contraire de l'Ile-Rousse et de Calenzana.
Et de terminer : « Préparer l'avenir c'est aussi l'enjeu d'aujourd'hui, c'est se projeter dans les 5 à 6 années à venir ».
Auparavant, le Dr François Agostini intervenait pour inviter les participants à partager et évaluer tous ensemble les besoins et les perspectives. Et de poursuivre : « On emploie parfois des mots qui sont mal attribués. J'ai entendu par exemple parler de désert médical. Vous, comme moi, vous connaissez les déserts mais désert médical ça ne veut rien dire du tout, et en Balagne en particulier, c'est encore plus faux qu'ailleurs. En effet, en Balagne, je crois qu'au niveau de l'offre de soins, nous sommes sincèrement bien dotés. On a pas tout, il nous manque encore beaucoup de choses. Il manque des spécialistes ou encore améliorer l'Hôpital de Calvi, qui fait un travail colossal. Comme l'a dit Dominique Simeoni, ce qui importe aux maires et aux usagers c'est l'accès aux soins. Comment le jour où je suis malade, je peux avoir un médecin, une infirmière, ou tout simplement avoir des soins? Imaginer que dans tous les villages de Corse on va avoir un médecin, oubliez ça, c'est terminé, ça c'est le vieux monde et il n'existera plus.
Aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est que l'on puisse répondre aux besoins d'une population, de manière adaptée, la meilleure possible, sans pour autant avoir besoin d'un médecin. Le tout, c'est que le patient soit le mieux soigné que possible. Moi qui prétend qu'à l'Ile-Rousse, à Calenzana, aujourd'hui les gens sont certainement mieux soignés qu'il y a 20 ou 30 ans et sans doute aussi mieux que dans beaucoup de villes. Je pense sincèrement que la chance qu'ont les gens ont d'avoir une Maison de santé à l'Ile-Rousse et à Calenzana avec une prise en charge des pathologies chroniques, extrêmement adaptée, qui font du bien aux gens, qui améliorent leur vie, il n'est pas sur qu'ils aient la même chance à Ajaccio, Bastia. Les soucis que nous avons nous, professionnels de santé, élus, c'est de voir comment faire pour que le soin persiste et soit le mieux et qu'il s'améliore. Aujourd'hui, l'objectif est de nous pencher sur ce qui est le plus important pour l'avenir ».
Le public était invité à prendre connaissance des panneaux affichés, avant de prendre part aux différents ateliers.
GILBERT GUIZOL