Samedi 3 septembre 2022

Christophe Gabaiel, foudroyé à Calvi : « J'ai cru que c'était une bombe »

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christophe G
Touché par la foudre hier matin sur le site religieux de Notre-Dame de la Serra à Calvi, Christophe Gabaiel est sorti du CH Calvi-Balagne alors que son épouse Véronique est toujours hospitalisée à Bastia. Retourné ce samedi à la mi-journée sur le site pour essayer de mieux comprendre ce qui s'est passé et pour récupérer sa voiture, encore sous le choc, Christophe s'est confié à Stampa Paese.

Polo bleu marine, bermuda et baskets, Christophe Gabaiel, encore sous le choc, est retourné ce samedi à la mi-journée sur les lieux du promontoire de Notre-Dame de la Serra où hier matin, il a été victime avec son épouse Véronique de la foudre.

Une fois de retour à la Résidence Thalassa de Calvi où le couple était en vacances depuis une semaine, pour Stampa Paese, Christophe a accepté de revenir sur cette matinée de vendredi.

« Tout d'abord, je voudrais donner des nouvelles de mon épouse qui fort heureusement sont plutôt rassurantes. Les brûlures sont moins importantes que ce que l'on craignait. Ils ont préféré la garder car ils craignaient des problèmes cardiaques. Les brûlures sont fort heureusement superficielles. J'irai la voir demain et ensuite je retournerai lundi pour des soins ». Et de poursuivre : « Hier matin, avec mon épouse Véronique, nous avions projeté de partir faire une randonnée sur le sentier des Douaniers, en direction de la pointe de la Revellata. Rapidement on a changé d'avis en raison des conditions météorologiques incertaines. Et comme cette randonnée implique 3 heures de marche, on a repris la voiture et on est allé sur le lieu d'un deuxième départ. L'orage s'éloignait et revenait. Beaucoup de gens passaient. On s'est regardé et  j'ai dit “non on ne part pas”. On a donc changé de plan et décidé de visiter le site de Notre-Dame de la Serra. On arrive, on gare la voiture. Il y avait 4 ou 5  personnes dans la chapelle. On n'est pas rentré et on est allé s'asseoir devant la statue. Le ciel n'était pas menaçant, il n'y avait pas le moindre bruit de tonnerre, c'était le calme absolu. On s'est assis et tout à coup un arc électrique s'est formé 30 secondes se sont écoulées et d'un coup on a entendu un grand boum, comme si c'était une bombe. Quand j'étais au sol, je me suis dit c'est un attentat. En fait la foudre a tapé sur la statue qui s'est cassé et que j'ai vu tomber ».

Christophe est visiblement gagné par l'émotion et a du mal avant de reprendre la parole : « Et on a pris une décharge électrique. On arrivait plus à bouger le bassin et on s'est dit, on va mourir là. Et puis, la panique s'est emparée de nous lorsqu'on a compris que nos vêtements brûlaient. Des gens sont arrivés pour nous jeter de l'eau dessus. Plus tard, les médecins nous ont dit que la foudre était rentrée par la chaussure gauche, avant de ressortir par la chaussure droite. Ce qui nous a sauvés, c'est que nous étions assis. Une chaussure a explosé et le short était en feu. Ma femme était en feu. Ce qui est terrible encore une fois, c'est que le ciel était bleu et au loin noir mais rien ne laissait présager ça. Moi je ne suis pas montagnard, mais un médecin m'a parlé d'un orage sec qui ne prévient pas et qui se charge en électricité. Et c'est précédé d'un calme plat, comme ce fut le cas. Avec le recul, quand est arrivé la-haut et que l'on s'est assis, plus un bruit, pas une mouche et le ciel était bleu. Après je ne sais pas. Je suis d'un genre timide, je sais pas. C'est choquant. Je n'ai pas réalisé tout de  suite, non, non… Je pensais que c'était une bombe, comme un souffle ».

Son témoignage correspond à celui du gardien de la chapelle qui disait la veille qu'il avait cru à un suicide de kamikaze et qu'il était retrouvé à terre sous l'effet du souffle. 

Toujours choqué, Christophe parle des vêtements déchirés, de brûlures superficielles sur les fesses et l'anus. Originaires de Normandie, entre Dieppe et Rouen, Christophe et Véronique sont arrivés en vacances samedi dernier, et doivent repartir le 10 septembre.

« On vient en Corse depuis maintenant 10 ans, dont 3 à Calvi. C'est un endroit que l'on adore ». Christophe avoue qu'il est traumatisé par ce qu'il vient de vivre et qu'il va devoir consulter pour chasser ces images. 

« Quand les pompiers sont arrivés, ça allait mieux au niveau des jambes mais je sentais rien quand ils touchaient les pieds et les mollets. Je sentais mes cuisses mais rien au niveau du bassin. Je suis coureur à pied et je dois faire le marathon de New York au mois de novembre et j'espère être rétabli, sinon ce serait une catastrophe. Je suis venu ici pour faire du sport et m'aérer. Pour les vacances, c'est foutu, on avait plein de choses à faire, mais bon, on restera jusqu'à la fin. Tout à l'heure je me sentais fort mais là j'accuse encore le coup ».

Bien que correctement stationné, Christophe a été contraint par la Gendarmerie de rapidement récupérer son véhicule qui parait-il gênait, alors que celui-ci était correctement stationné. Mais bon...

GILBERT GUIZOL