Date anniversaire ce vendredi 3 mars de la mort de Julie Douib
Cette année là, en 2019, 146 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-conjoint. Julie Douib était la 30e. Depuis, Julie est devenue bien malgré elle le symbole des féminicides. Son père Lucien et sa mère Violetta se battent pour que jamais plus ça ne se reproduise mais le chemin est encore long, trop long.
À l'initiative de la ministre Marlène Schiappa, il y a bien eu en septembre de la même année un Grenelle contre les violences faites aux femmes. Des mesures fortes ont été prises mais, implacables, les chiffres sont là pour nous rappeler que les mesures sont bien trop insuffisantes et qu'il en faudra beaucoup plus pour inverser la tendance.
Chacun a encore en mémoire ce dimanche 3 mars 2019, où l'ex-compagnon de Julie Douib a commis l'irréparable en se rendant au domicile de Julie, Résidence de la mer, route de Monticello, avant d'abattre de trois balles la mère de leurs deux enfants.
À l'annonce de ce tragique drame, l'onde de choc a été terrible à l'Ile-Rousse et en Balagne mais aussi dans toute la Corse et bien au-delà. Quelques jours plus tard, à l'Ile-Rousse, une marche blanche était organisée dans un silence pesant derrière une banderole où était écrit sobrement « marche silencieuse pour Julie », plus de 3000 personnes étaient présentes avec en tête du cortège ses parents Lucien et Violetta, son frère Jordan, ses enfants Anthony et Lucca, plusieurs membres de la famille, officiels et anonymes.
Mesdames, battez vous! Je vous remercie encore de lui avoir donné le courage de rester là, c'est grâce à vous
Ces mots de Lucien, le papa et ceux de Jordan, le frère de Julie ont raisonné jusqu'à Paris où à l'initiative de la ministre Marlène Scippa un Grenelle des violences faites aux femmes était organisé. Julie Douib est devenue le symbole des femmes victimes de violences conjugales et elle l'a payé de sa vie. Nul ne peut et ne doit oublier cette tragédie.
Depuis, suite au Grenelle de Paris, plusieurs mesures ont été prises. Parmi celles-ci, la mise en place d'un numéro vert, le 3919, numéro d’écoute anonyme et gratuit destiné aux femmes victimes de violence, bracelets anti-rapprochement ou encore l'augmentation de 80 % de places d'hébergement dédiées aux femmes victimes de violences.
En 2019, année de l'assassinat de Julie, on a dénombré sur le territoire 146 féminicides. Depuis, au fil des années, les chiffres sont en constante augmentation. Parmi ces victimes, près d'une femme sur trois (32%) avait déjà subi des violences conjugales. 64% l'avaient signalé aux forces de l'ordre.
« Nous avons conscience que c'est un combat difficile qui est mené, mais pas question d'abandonner ce combat. Plus jamais ça » confiait Lucien Douib, le 27 janvier 2023 lors du verdict du procès en appel à Ajaccio, où l'assassin de Julie a vu sa peine du procès en première instance confirmé : Réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de 22 ans de sûreté. L'auteur des faits a également fait l’objet d’un « retrait total de l’autorité parentale » sur ses deux fils âgés aujourd'hui de 12 et 14 ans qui vivent désormais sur le continent, entourés de tout l'amour et l'affection de leurs grands parents.
« C'est bien sûr pour nous un grand soulagement que de voir la justice le condamner pour ce qu'il a fait. Justice est rendue, notre Julie ne reviendra jamais et nous ne pourrons jamais faire notre deuil, mais elle reste dans notre cœur et le combat continue pour qu'elle ne soit pas morte pour rien » déclarait non sans émotion Lucien Douib à sa sortie du Tribunal d'Ajaccio.
En ce vendredi 3 mars, une pensée ira vers Julie et toutes ces victimes de féminicides
Ce vendredi 3 mars 2023, plusieurs cérémonies vont être organisées en Corse à la mémoire de Julie Douib, qui repose dans cette terre de Corse, à Monticello, comme elle l'aurait souhaité. Comme cela a été souligné à plusieurs reprises, en Corse, à l'initiative de l'association Femmes Solidaires, des bancs rouges symboles de la cause des violences faites aux femmes, sont inaugurés.
À l'Ile-Rousse, sur la Marinella, où Julie avait l'habitude de se promener, sur ce banc rouge on peut y lire ces simples inscriptions : « À la mémoire de Julie Amour Douib tuée le 3 mars 2019 et toutes les femmes victimes de féminicides. » Ailleurs, sur ce banc rouge, une petite plaque sur laquelle on trouve le n° national dédié aux femmes victimes de violences, le 3919 et ou encore celui du 0800 400 235, pour le régional.
Le 8 mars prochain, sera célébré la journée de la femme. D'autres manifestations seront proposées. Aujourd'hui, les féminicides sont hélas toujours d'actualité, comme tout récemment en Corse. Il est du devoir des instances nationales d'aller plus loin pour que ces mots de Lucien Douib : « plus jamais ça » aient un sens.
GILBERT GUIZOL
