Lundi 5 avril 2021

Euthanasie et suicide assisté : un droit à mourir dans la dignité

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Christiane Muretti
Le 8 avril 2021 sera présenté à l'Assemblée Nationale un projet de loi visant à mettre en place l'aide active à mourir ou suicide médicalement assisté. Jusqu'ici, le droit français encadrait les conditions de fin de vie par les trois lois successives du 4 mars 2002, du 22 avril 2005 et du 2 février 2016. Cette dernière propose au patient le droit de refuser ou limiter son traitement ainsi que la mise en place de la sédation profonde et continue jusqu'au décès dès lors que le pronostic vital est engagé à très court terme (après discussion collégiale).

À l'instar de la lettre ouverte écrite par son membre d'honneur Line Renaud et adressée à l’Assemblée des députés, l'Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité (ADMD) s'est elle aussi fendue d'un message adressé aux élus corses. L'association qui fête d'ailleurs ses 41 ans d’existence est présidée par Jean-Luc ROMERO-MICHEL, fervent militant dans la lutte contre le sida.

Ce qui différencie le projet d'avril 2021 de la loi de 2016 : La volonté de faire du malade le principal acteur de décision. En effet, jusqu'ici ce choix final relevait de la compétence d'un comité médical.

 

Des obstacles toujours présents

 

La déléguée adjointe régionale Christiane MURETTI nous rappelle que si une majorité de la population est favorable à une ouverture vers l'euthanasie, le sujet reste tabou car il soulève des questions d'ordre moral où il est difficile d'apporter une seule vérité quand celle-ci dépend d'une réflexion profondément individuelle.

Si les partisans de l'euthanasie sont pour la liberté de choisir sa fin de vie, des contre-arguments soulignent plusieurs points : une dimension philosophique axée sur le caractère sacré de la vie (que l'individu soit croyant ou non) et, du côté d'un bon nombre de médecin, une certaine réticence à entacher une vocation soumise au serment d'Hippocrate. À ce propos, madame la déléguée évoque que dans nos pays voisins où la loi a été adoptée (en Belgique ou en Suisse notamment), il existe une clause de conscience qui fait que celui qui ne veut pas agir peut laisser sa place à quelqu'un d'autre.

 

L'exercice de la volonté

 

Si le consentement ne peut pas toujours être formulé en raison de l'état du patient, Christiane MURETTI évoque la possibilité d'écrire tant que la situation le permet ses volontés ou directives anticipées.

Il s'agit de remplir un formulaire (modèle présent sur le site de l'ADMD) qui précise les conditions de départ et qui désigne une personne de confiance (il est conseillé de choisir une personne sans lien d'héritier pour des raisons que l'on devine aisément).

Ce document reste révocable à tout moment, et doit être laissé accessible (donné à un médecin traitant, à un proche, enregistré sur son Dossier Médical Partagé ou même sur le site de l'association).

Le médecin peut toutefois décider de ne pas l'appliquer dans deux cas : s'il estime que les informations présentes paraissent inappropriées ou en cas d'urgence empêchant une analyse complète de la situation.

À l'heure actuelle, pas moins de 3000 amendements déposés en majorité par les députés LR viennent faire barrage contre la proposition de loi, ce qui risque grandement d’empêcher son adoption ce jeudi avant minuit.

Texte Thomas Sartini