Lundi 30 mai 2022

Gendarmerie : Opérations de prévention pour lutter contre le camping sauvage

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Sur la plage d'Algajola, les gendarmes se sont réunis avec les agents des services des littoraux et terrestres de la Collectivité de Corse. © Gabriel Page
Les opérations de prévention contre le bivouac sauvage ont débuté pour la gendarmerie, en partenariat avec le Conservatoire du littoral, en région balanine. Elles ont pour but de prévenir, voire de sanctionner, les personnes qui campent hors des zones qui leur sont dédiées.

Vendredi 27 mai dernier, une brigade de gendarmerie et des représentants du Conservatoire du littoral se sont rendus sur les bords de mer balanins afin de débuter ces opérations de contrôle. Nous avons rencontré Pierre Dolfi, chef de service des espaces littoraux et terrestres à la Collectivité de Corse.  

Bonjour M. Dolfi. Premièrement, qu'est-ce qu'est le bivouac sauvage ?

Alors, le bivouac sauvage est un phénomène auquel on est confronté pratiquement tout au long de l’année, un peu plus en été bien évidemment, et qui est en fait une infraction sur les terrains du Conservatoire du littoral, systématiquement. C’est encore plus une infraction quand on est dans le cadre d’un arrêté municipal car il y a des éléments de législation qui se superposent et nous avons pour mission d’expliquer aux gens qu’il faut qu’ils quittent les lieux. S’ils sont récalcitrants, on a en effet les moyens de les verbaliser ou de faire intervenir la gendarmerie.

Justement, qu’est-ce que peuvent encourir les personnes qui pratiquent le camping sauvage ?

Il y a des amendes qui varient en fonction d’un certain nombre de critères, en particulier s’il y a une superposition d’infractions, comme par exemple le fait de bivouaquer et d’avoir allumé un feu voire même d’avoir un barbecue. Il y a aussi des infractions liées à l’endroit où vous êtes stationnés. Vous pouvez être garé ici, sur du sable, mais si vous êtes garés là, sur une plante qui est protégée, vous avez une infraction supplémentaire liée aux espaces protégés, qui peut aller jusqu'à une dizaine de milliers d’euros donc c’est assez variable. 

Nous, on essaie de faire de l’explication, ce qui n’est pas toujours évident parce que les gens se retranchent parfois derrière ce qu’ils ont lu sur la Corse et le fait que ce soit toléré, ce qui est totalement faux. Parfois même sur ce qu’aurait dit certains loueurs ou certains particuliers qui louent des camping-cars, donc vous voyez c’est beaucoup de pédagogie mais on a également quand même la possibilité de sévir d’une manière assez douloureuse.

Quelles sont les conséquences de ce bivouac ?

Les conséquences du bivouac sont multiples. D’abord, vous êtes sur un espace où il y a, la nuit, de la biodiversité ; il y a de la vie et cette vie ne va pas se manifester s’il y a trop de monde, s’il y a trop de bruit, etc. Ensuite, il y a toujours le problème des déchets. De plus en plus, y compris les personnes ayant des camping-cars, sont attentifs à ça, or, vous trouverez toujours des objets plastiques et tout ce qui est de l’ordre des déjections humaines ou animales car les gens peuvent avoir des animaux domestiques, ça aussi c’est un autre problème. Un chien la nuit va circuler ici et là, va vous empêcher de laisser se développer l’habitat d’un rongeur, par exemple, d’un sanglier voire même parfois en journée, débusquent des tortues. 

En fait, ce qu’il faut comprendre c’est qu’on arrive pas dans un endroit vierge, on est dans un endroit où il s’y passe quelque chose. On est plus un invité qu’un propriétaire et cet élément-là, il est dur à faire comprendre ; la société s’y prête mal et puis les gens ont envie après les confinements de découvrir la Corse. Ça peut partir d’un bon sentiment mais ça peut être catastrophique. 

Quel est l’objectif de votre rapprochement avec la gendarmerie aujourd’hui ?    

De façon primordiale, c’est un but de rapprochement avec les services de l’Etat, une manière de coopérer sur des sites qui sont protégés où eux-mêmes ont une approche de leur fonction qui est différente à travers la législation, à travers la compréhension de ce qu’est une protection, un document de gestion, pourquoi est-ce que ces espèces ont été repérées et quel est l’impact de leur disparition ou de leur mutilation. Puis également, parce qu’ils ont une capacité de dissuasion bien supérieure à la nôtre et des moyens d’intervention qui sont des moyens très démultipliés. 

Cependant, on reste, dans ce cadre-là, tous les deux sous la responsabilité de la même hiérarchie qui reste le procureur de la République y compris les agents de la Collectivité de Corse qui sont assermentés, qui ont donc une formation particulière et des examens particuliers. C’est extrêmement important de pouvoir travailler avec eux parce qu’ils ont une présence sur le terrain que l’on n’a pas forcément. Ils peuvent également anticiper des situations de danger sur lesquelles, nous, nous n’avons moins de leviers qu’eux. 

Les gendarmes peuvent intervenir tout de suite par des réquisitions. Nous, on est obligé de faire un rapport, etc. Donc c’est vraiment très utile de mieux se connaître, de mieux connaître nos exigences réciproques, nos contraintes réciproques et surtout de bien s’insérer dans une protection environnementale. C’est une infraction qui a une incidence sur l’environnement mais aussi sur notre quotidien, sur le patrimoine naturel de la Corse, c’est surtout ça l’idée.