Jeudi 17 mars 2022

Gérald Darmanin est arrivé hier à Ajaccio

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En visite officielle jusqu'à vendredi en Corse, le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, a rencontré le président de l'Exécutif de Corse avant d'enchaîner une série de réunions avec les acteurs politiques, économiques et sociaux de l'île. Le ministre a demandé de réfléchir sur ce que la Corse souhaite sur l'évolution institutionnelle de l'île qui pourrait peut-être aller jusqu'à l'autonomie.

La Corse qui sort de deux semaines d'affrontements et de violences attendait avec beaucoup d'intérêt la venue hier à Ajaccio du ministre de l'intérieur.

Une visite qui s'annonçait sous haute tension, avec l'occupation le matin même, par des militants nationalistes de l'Hôtel des impôts d'Ajaccio.

Dans le même temps, dans un communiqué publié par notre confrère de Corse-Matin, le FLNC menaçait de reprendre la lutte, devant le « déni méprisant » de l’État face aux aspirations du peuple corse.

À 14h30, la presse pourtant accréditée par la préfecture se voyait interdire l'entrée de l'Assemblée de Corse par la même préfecture ! Seul était autorisé un pool de 4 médias : 2 nationaux et 2 régionaux !

Malgré les interventions répétées du personnel de la CDC pour que l'ensemble de la presse assiste à cette série de consultations programmée avec les acteurs politiques, économiques et sociaux de l'île, le refus était catégorique !

Pour ces médias, dont certains venus de Paris ou travaillant pour des titres nationaux, il ne restait plus qu'à faire le pied de grue ou tout simplement à trouver une solution pour tout simplement traiter l'information !

Une prison n'est pas un lieu de non-droit

Cela étant dit, à 15h41 la voiture ministérielle, précédée par les motards de la Gendarmerie arrivait à l'Assemblée de Corse où Gérald Darmanin et Gilles Simeoni échangeaient une poignée de main franche et cordiale.

Les deux hommes se sont entretenus de longues minutes, avant que le ministre n'entame une série de discussions avec les présidents de groupe de l'Assemblée de Corse, syndicats d'étudiants et de salariés, socioprofessionnels, représentants de la société civile.

Laurent Marcangeli, Maire d'Ajaccio redescendait au rez-de-chaussée pour s'exprimer face aux médias. « J'ai voulu exprimer d'abord une volonté de ce  qui me semble être celle la majorité de la Corse, à savoir un retour à la sérénité, au calme et au dialogue afin que l'escalade de la violence ne conduise pas au drame qui nous enfoncerait encore un peu plus dans la gravité d'une situation qui nous échappe pour la plupart d'entre nous. Ensuite, j'ai dit qu'il faut que la lumière soit faite sur ce qui s'est passé il y a deux semaines à la prison d'Arles, parce que c'est une justice élémentaire pour la famille Colonna,  mais également, je pense, pour l'ensemble de notre système démocratique. Une prison n'est pas un lieu de non droit. Et, celles et ceux qui sont détenus bénéficient d'une protection, encore plus lorsqu'ils sont Détenus Particulièrement Signalés ».

Et de poursuivre : « J'ai évoqué avec le ministre la nécessité de rapprochement dans les plus brefs délais des détenus valides que sont Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Ensuite nous avons parlé politique puisque le ministre a prononcé un terme, celui de l'autonomie pour la Corse… Je considère qu'il ne faut pas piéger les mots. Il y a 10 ans, j'avais dit que le  mot autonomie ne me faisait pas peur. Rassurez-vous, je n'ai pas changé d'avis. Je considère qu'il faut pour la Corse aller demain vers un mode d'organisation qui soit fécond pour la Corse. Je crois qu'une démocratie doit se faire d'une manière apaisée et efficace mais dans le dialogue. Le débat, on doit l'avoir avec l'ensemble de la société corse, avec un représentant primordial, c'est l'Exécutif, parce qu'il a été choisi démocratiquement par le peuple. Demain, une fois que les idées se seront échangées et rapprochées pourquoi pas justement associer l'ensemble de la société corse qui pourrait se prononcer sous forme de référendum pour déterminer son avenir ».

Des chants mais aussi des banderoles et des slogans hostiles à l'État

À l'extérieur, un groupe entonnait des chants qui montaient vers l'Hôtel de région. Très rapidement, ils étaient plusieurs centaines à écouter ces chants entrecoupés de paroles très hostiles à l'État.

Sur les grilles, plusieurs banderoles étaient accrochées. On pouvait lire : «Statu francese assassinu », « Libertà pà i patriotti », etc.

La tension montait d'un cran, la Police Municipale interdisait la circulation et mettait en place une déviation.

Il était un peu plus de 19 heures quand les discussions prenaient fin.

Le ministre se pliait à un entretien télévisé avant de s'attarder encore quelques minutes et de quitter l'Assemblée de Corse par l'arrière du bâtiment.

Mon interlocuteur privilégié, c'est le Conseil Exécutif

Gérald Darmanin s'est réjouit de cette série de rencontres et des avancées des discussions autour d'un possible statut d'autonomie.

« Pour cela le calme doit revenir, rien ne peut se faire sous la violence. Je suis prêt à écouter et discuter avec tout le monde mais mon interlocuteur privilégié c'est le Conseil Exécutif ».

De son côté, à l'issue de la réunion, Gilles Simeoni parlait « d'un processus de portée historique ».

Les manifestants qui se trouvaient toujours à l'extérieur alors que Gérald Darmanin avait déjà quitté l'Assemblée de Corse par l'arrière du bâtiment, dans la foule, nombreux étaient ceux à s'interroger sur la volonté du ministre de l'intérieur et du chef de l'État.

Les premières interrogations montaient. « Une autonomie pour la Corse, mais laquelle ? » pouvait-on entendre. Ou encore « Ce sont des paroles pour rassurer à un mois de l'élection présidentielle ».

Gilles Simeoni et l'Exécutif n'étaient pas épargnés par les critiques.

Gérald Darmanin poursuivra sa visite en Corse aujourd'hui à Ajaccio et Porto-vecchio. Un périple au cours duquel il rencontrera des policiers et gendarmes.

Il quittera la Corse demain.

Gilbert Guizol