Vendredi 15 avril 2022

Journée du sport et handicap au Ladies Open Calvi-Eaux de Zilia : Fabien Lamirault est un homme en or

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fabien lamirault
Originaire de Nans-les Pins, dans le Var, paraplégique, Fabien Lamirault, ambassadeur ENGIE Marseille et Var, joueur de para tennis de table, double médaillé d’or (simple et double) aux Jeux olympiques de Rio 2016 et de Tokyo en 2020, et double champion du monde était aujourd'hui l'invité d'honneur du Ladies Open Calvi Eaux de Zilia où il a participé à la journée consacrée au sport et handicap.

À son arrivée au village du Ladies Open Calvi – Eaux de Zilia, une haie d'honneur se formait pour accueillir notre multi champion olympique et champion du monde en fauteuil, Fabien Lamirault. Il était le parrain de cette journée des ¼ de finale de ce Ladies Open.

Étaient également présents, le Directeur du tournoi Jean Gour, la responsable de marketing et communication Michelle Alberti, le juge arbitre Yan Kuszak mais aussi des membres de la section tennis en fauteuil du Tennis Club de Moriani, Laurent Mazzetti et José Da Silva ainsi que deux ambassadeurs sportifs de Corse, le pilote de motocross Mathieu Santoni dans la catégorie handisport et le champion de squash Antonin Romieu dans la catégorie 15-18 ans. 

À ce titre, à 11 heures, il effectuait le tirage au sort de la rencontre opposant la française Estelle Cascino à l'ukrainienne Daria Snigur, tête de série N°2 du tournoi, avant de participer à un débat sur le thème de l'handicap et suivre cette rencontre ; l'ambassadeur d'Engie et champion Fabien Lamirault, acceptait de consacrer un peu de son temps pour parler du handicap et livrer ses premières impressions sur ce Ladies Open.

« À l'âge de 17 ans, j'ai eu un accident de voiture , qui a fait que je me retrouve tétraplégique et en fauteuil roulant. Avant, comme tout un chacun, je jouais au ping-pong en mode loisirs et activités scolaires. Après mon accident, en centre de rééducation, j'ai pu avoir accès au gymnase car j'ai toujours fait du sport, comme la boxe française ou le handball, et c'est là que j'ai retrouvé une table de ping-pong. Un peu plus tard j'ai pris une licence dans un club handisport de Paris mais sans aucune vue sur le haut niveau, juste pour le plaisir » précise Fabien, avant de parler de sa présence à Calvi : « Nous avons un partenaire commun avec le tournoi qui est Engie pour des opérations communes. Et comme la thématique du Ladies Open aujourd'hui était sur le thème du handicap, il était tout à fait logique que je sois là pour parler du sujet et des valeurs qui vont avec, mais aussi du sport. J'ai pu visiter les installations et rencontrer quelques joueuses, avant de donner le coup d'envoi de ces ¼ de finale. Je dois avouer que je suis impressionné par l'organisation du tournoi. Toutes les conditions sont réunies pour une belle journée de compétition dans cette belle ville de Calvi que je connais bien pour y passer des vacances ».

Fabien avoue s'être essayé au tennis avec ses collègues d'Avignon qui viennent faire le tournoi à Bastia, mais de ne pas y avoir trouvé les sensations souhaitées par rapport à son handicap.

« L'accueil que j'ai eu en arrivant ici, dès l'aéroport, est bien dans la tradition des corses qui savent faire. C'est la quatrième fois que je viens en Corse : la première c'était touristique et du reste à Calvi, au camping de La Pinède, dont on m'a dit qu'il était la propriété du Maire de la ville. Ensuite j'ai eu l'occasion de revenir ici mais aussi à travers l'île. C'est toujours avec un grand plaisir que l'on y revient ».

J'essaie d'apporter une voix positive au handicap

Fabien parle ensuite de la manière de vivre le handicap : « C'est très difficile quand ça vous tombe dessus, c'est jamais très facile à gérer et la manière d'aborder celui-ci est différent en fonction de la personnalité et du mental de la personne. L'handicap au quotidien, on y pense pas toujours et fort heureusement. Personnellement, dans l'univers qui est le mien, à savoir le sport, on est plutôt branché sur la performance et le haut niveau, plutôt que le handicap. On avance parce que le handicap fait partie de ma vie depuis plus de 20 ans. Il faut juste apprendre à connaître son corps, comprendre comment il fonctionne et ensuite on avance. Pour ma part, quand il m'est arrivé cet accident et que j'ai appris que je resterai en fauteuil, c'est sûr que c'est un choc. Je voulais être cuisinier et c'est un métier que je voulais faire. C'était une tradition familiale et j'étais du reste en école hôtelière quand est survenu l'accident ».

Quand on est à l'hôpital et que l'on se réveille avec une minerve et que l'on ne peut plus bouger, c'est obligatoirement un choc, mais on ne peut pas revenir en arrière. Il y a plusieurs étapes à franchir. Chacun les prend et les vis comme il peut. Il n'y a pas de règle, il n'y a pas de temps. On a beau faire le travail perso que l'on veut, mais sans soutien, sans aide, c'est impossible. Il faut les deux. Moi j'étais et je suis toujours bien entouré, il y avait à l'époque mes parents, ma sœur, mes amis qui étaient là pour me soutenir au quotidien. Ensuite, il y a eu le Centre de rééducation à Garche, qui est une pointure dans ce domaine du handicap. J'étais vraiment bien entouré. J'interviens souvent dans les écoles d'infirmières et je ne cesse de leur répéter que les patients qu'ils vont avoir pendant plusieurs mois vont devenir leurs confidents, leurs amis au quotidien. Ils font partie de la reconstruction. C'est ce que j'ai eu la chance d'avoir, et aujourd'hui, c'est moi qui le donne. J'essaie de leur donner avec le sourire et de leur apporter quelque chose. Comme je le fais dans les écoles, j'essaie d'apporter une voix positive au handicap ».

Me morfondre sur le handicap n'est pas dans ma nature

Fabien Lamirault est marié, père de 3 enfants, âgés de 18, 15 et 12 ans. Avec philosophie, le père de famille a, malgré ce handicap, plein de beaux messages à véhiculer.

« Le handicap, il ne faut pas le nier, il est là, mais on peut encore faire de belles choses avec, se construire, se marier comme je l'ai fait, avoir des enfants. C'est un message de réalité qui est le mien. On peut, je le répète, faire de belles choses, ramener des médailles… Il ne faut pas se mettre des limites qui n'existent pas, et ce même s'il y a des limites qui sont réelles et qu'il ne faut pas franchir. Les gamins, quand je vais les rencontrer et que je leur ramène des médailles, ils ont les yeux qui brillent et finalement, ils ne voient même plus le handicap. Me morfondre sur mon handicap, ce n'est pas dans ma mentalité, ce n'est pas dans ma nature et ce n'est pas dans le monde dans lequel j'évolue, qui est celui du sport et du haut niveau. Mais je ne jette pas pour autant la pierre à ceux qui en souffrent. Certains n'arrivent pas à se reconstruire ».

Très sollicité, Fabien Lamirault, profitera malgré tout de cette journée, dans cette île qu'il porte dans son cœur.

Gilbert Guizol