Jeudi 4 février 2021

Le 4 février 2021, une journée de grogne sociale en Corse

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Manif Bastia
Les agents des services de l'enfance se sont rassemblés devant les hôtels de région de Bastia et Ajaccio. Credit: ILP


De Bastia à Ajaccio, la journée de jeudi 4 février a été marquée par de nombreuses revendications syndicales, sur fond de crise sociale, voire sociétale.
En fin de matinée, c'est la CGT qui donnait de la voix contre la précarité. Un appel interprofessionnel, pour un message général « pour l'augmentation du Smic et contre la précarité en général », in fine, peu entendu au vu du faible nombre de manifestants devant les grilles de la préfecture de Haute Corse autant que devant celles de sa maison mère régionale à Ajaccio.

Mais, mobilisateur ou pas, l'appel est bel et bien le symbole d'un malaise général, aggravé par les incertitudes liées à la pandémie.

C'est ainsi le cas des services sociaux de l'enfance, dont l'intersyndicale était rassemblée jeudi après-midi, devant les hôtels de région de Bastia et Ajaccio. À 15h30, de la cité génoise à sa rivale impériale, les agents des services de l'enfance de la Collectivité attendaient d'être reçus par le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni. 

Avec 28 demandes de placements depuis le début de l'année, contre 39 en 2020, les structures d'accueil sont saturées, et les services débordés : « Le problème est national, nous manquons de moyens humains et techniques. Les assistants familiaux sont à plus de 110 % de leurs capacités, et les agents sont en souffrance » dénonce l'intersyndicale.

Tandis que les représentants des services sociaux passaient les portes de l'hôtel de région bastiais pour une réunion, les représentants du patronat et des chambres consulaires entraient dans la préfecture voisine. Un écho à une industrie du tourisme sinistrée, et, plus largement, d'une économie en danger. Une crise sociale qui devient sociétale, touchant toutes les strates de la société, qu'elle force à cesser une activité, ou qu'elle ne fasse qu'aggraver des problèmes plus anciens.

La réunion entre l'intersyndicale des services de l'enfance s'est finalement achevée prématurément : « Le président du conseil exécutif a bien été à l'écoute, mais son administration ne nous a rien proposé pour pallier à l'urgence. Nous allons donc durcir le mouvement » a-t-elle déclaré en sortant

Ainsi en est-il de la fonction publique hospitalière, dont le signal d'alarme ne date pas d'hier. En ce jeudi de grogne, elle s'est pourtant, en partie, apaisée, voyant se terminer la grève lancée à l'appel du STC. Lors d'une conférence de presse donnée lundi à Corte, le STC hospitaliers avait appelé à la grève à compter du mardi 3 février. Un mouvement qui n'aura duré qu'une journée, un accord ayant été trouvé avec l'ARS mercredi soir sur les différentes revendications du syndicat : paiement des indemnités compensatrices de congés à hauteur de 10 jours, l'octroi d'une enveloppe complémentaire sur le Plan Pluriannuel d'investissement, l'appui de l'ARS pour la création d'un Institut de formation des cadres de santé. La prime d'attractivité territoriale, comme appliquée en Île de France, sera discutée avec le ministère lors d'une réunion le 9 février.

« Au vu des avancées, nous avons décidé de lever le blocage, mais de maintenir le préavis régional » car certains points ne sont pas complètement aboutis, précise le communiqué du STC.

Un jeudi ou de nombreuses voix se sont exprimées, où il y a bien eu quelques avancées, mais qui n'est qu'un jour de plus vers des lendemains qui ne semblent guère vouloir chanter.

Texte par ILP