Manifestation en mémoire d'Yvan Colonna, le recueillement avant la violence
Après l'appel à manifester lancé le 30 mars dernier par un collectif nationaliste et syndicats des étudiants ainsi que la famille, ils étaient des milliers ce dimanche à se rassembler aux Salines, près de la Fnac.
Plusieurs élus et leaders de divers mouvements étaient présents, dont Gilles Simeoni, président de l'Exécutif, Jean-Christophe Angelini, maire de Porto-Vecchio, Jean-Guy Talamoni, ancien président de l'Assemblée de Corse, militant de Corsica Libera, Paul Toussaint Pariggi, sénateur de la Haute-Corse, Paul Félix Benedetti, leader de Core in Fronte, de nombreux membres du conseil Exécutif et de conseillers territoriaux...
Dans le centre d'Ajaccio, des mesures très strictes ont été prises pour éviter tout débordement.
Vers 15 heures, la manifestation se formait. Ils étaient des milliers et des milliers, brandissant A bandera mais aussi des drapeaux bretons et Catalans, à prendre la direction de la préfecture de région. Derrière la banderole, où on pouvait lire « statu francese assassinu », beaucoup de jeunes, voir très jeunes militants étaient là. Derrière, le fils d'Yvan Clonna, Ghjuvan'Battista, casquette noire vissée sur la tête, Stéphane, le frère d'Yvan Colonna, portant une veste kaki et d'autres membres de la famille et proches. Sur le trajet, beaucoup de chants et des applaudissements. Cette marche en mémoire d'Yvan Colonna s'effectuait dans le recueillement, jusqu'à l'arrivée aux abords de la préfecture.
Certains quittaient la manifestation, d'autres étaient bien décidés à en découdre avec les forces de l'ordre et porter cette manifestation sur un autre terrain, celui de la violence, avec des revendications que l'on connaît. Un mouvement de foule s'opérait, des projectiles, des cocktails molotov commençaient à fuser par-dessus le mur anti-émeutes et l'atmosphère devenait rapidement irrespirable.
Les pompiers étaient sollicités pour des feux de véhicules et de poubelles.
On entendait ensuite les sommations des CRS appelant les manifestants à se disperser, avant la riposte des forces de l'ordre qui avançaient et qui, à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, tentaient de refouler les manifestants.
L'objectif pour les CRS était de contrôler la place du Diamant et la Préfecture de région. Pour cela, ils avançaient et obligeaient les manifestants à se replier en direction du boulevard du Roi Jérôme et du marché au port d'Ajaccio.
Les affrontements, très violents, opposaient à distance, manifestants et forces de l'ordre en plusieurs points de la ville.
Les pompiers face aux CRS
À 18 heures, les échauffourées se poursuivaient entre la citadelle et le port. Une demi-heure plus tard, alors que la situation était toujours aussi tendue, les pompiers étaient appelés rue du Roi Jérôme pour une fuite de gaz dans le petit restaurant à l'enseigne « Le trou dans le mur ». Une épaisse fumée noire se dégageait et en raison d'un risque d'explosion, un périmètre de sécurité était mis en place. Les manifestants se regroupaient derrière les trois camions de pompiers en attendant la fin de l'intervention.
Mais tout basculait très vite. De l'autre côté des manifestants, les CRS faisaient usage de bombes lacrymogènes et grenades en direction de la foule regroupée.
Les pompiers occupés sur l'intervention, tentaient de les en empêcher, d'autant qu'une femme était grièvement blessée à une jambe par le projectile et qu'il fallait lui porter secours au plus vite.
Faute d'être entendus, les pompiers faisaient usage de leur lance à incendie alors que l'un d'eux s'avançait pour expliquer aux forces de l'ordre la situation et leur demander de stopper les tirs, en vain … Plusieurs pompiers ont été incommodés par des gazs lacrymogènes. Les secours pouvaient finalement prodiguer les premiers soins à la victime dans le calme avant de l’évacuer par ambulance vers le CH d'Ajaccio. On dénombrait une trentaine de blessés à 19 heures.
À 21 heures, les affrontements se poursuivaient.
Rappelons que les discussions sur le statut d'autonomie de la Corse devraient débuter à Paris, d'ici la fin de la semaine prochaine.
Gilbert Guizol