Samedi 24 avril 2021

Pascal Acquaviva : le tatouage dans la peau

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Pascal Acquaviva
Pascal Acquaviva, jeune tatoueur de 30 ans, est installé depuis 2019 dans son salon « owls tattoo » situé à Calvi. Une trajectoire atypique pour cet artiste aussi attachant que talentueux. Les 3 confinements ont touché de plein fouet son activité classée parmi les commerces dits « non essentiels », malgré cela, le carnet de commande est plein grâce à une réputation déjà bien établie.

Le salon owls tattoo est à l’image de Pascal Acquaviva, chaleureux et accueillant, décoré d’objets qui parleront à tous les fans de culture pop et aux geeks.

Inauguré en 2019, ce lieu dispose d’un petit espace cosy où l’on peut peaufiner ses projets avec l’artiste tout en buvant le café ou un verre que Pascal offre systématiquement à ses clients toujours plus nombreux et fidèles.

Un parcours atypique pour ce tatoueur, il ne s’en cache pas, l’école c’était pas son truc.

« Je dessinais plutôt que de suivre les cours et faire mes devoirs, on peut parler d’échec scolaire. Alors après la troisième j’ai fait tous les boulots possible de la restauration, au bâtiment, pour me retrouver dans la menuiserie pendant pas mal d’années. »

La révélation est tardive, ce passionné de dessin voit dans l’univers de tatouage une façon d’exprimer son talent artistique pour le dessin et se donne 2 ans pour y arriver.

« Je cache pas qu’au début, malgré la démocratisation du tatouage, mon entourage était circonspect, l’insularité pouvait être un frein, ça aurait pu être un effet de mode. »

En 2017, l’opportunité vient par un maître d’apprentissage d’origine lituanienne, Marius, l’artiste reconnu était installé en Balagne et le prend sous son aile pour le former.

« Grâce a Marius qui était reconnu et très doué, j’ai eu la chance d’être un an en immersion dans son salon. Il m’a tout de suite dit qu’il fallait tout reprendre à la base, même le dessin. Le travail sur les ombrages, le réalisme, les volumes, c’est lui qui m’a tout montré et permit de faire mes premières armes. C’était l’école de l’Est donc très rigoureux et je n’ai commencé à tatouer que lorsqu’il a décrété que j’étais prêt. »

Mon univers est le réalisme et je me réalise là-dedans

« Au début, lorsque j’ai ouvert le salon, j’ai fait de la publicité mais ça n’a pas trop marché. C’est vraiment le bouche à oreille qui a fonctionné pour moi, le tatouage, ça marche beaucoup à la confiance. »

Les locaux composent une grande partie de sa clientèle mais officiant dans une station balnéaire soumise à la saisonnalité, l’été malgré un planning surchargé, il adapte ses horaires pour les touristes afin de satisfaire les envies « estivales ».

« J’essaie de conseiller le client et bien que nous soyons à Calvi, on subit les effets de mode des stars de la télé-réalité et des people. Mon univers est le réalisme et je me réalise là-dedans mais je me colle aux envies des clients et fais des propositions pour satisfaire les attentes de ces derniers, ça reste le plus important. »

Il met en garde les gens sur une profession qui a longtemps souffert d’une réputation sulfureuse.

« En Balagne, on a des artistes installés dont le travail est connu, je mets donc en garde les gens qui seraient attirés par des individus proposant des tatouages à domicile ou dans leur garage à des tarifs défiant toutes concurrences. D’une part il y a un risque sanitaire et le résultat risque d’être désastreux. »

Les salons de tatouages sont considérés comme non essentiels et de ce fait lors des 3 confinements, Pascal a été obligé de baisser le rideau comme bon nombre de petits commerçants.

Pourtant c’est une profession où l’hygiène est un critère capital, port des gants, lavage des mains, outils stérilisés.

« Je n’ai pas compris notre obligation de fermeture étant donné que les mesures sanitaires nous les appliquons au quotidien. Malgré cela, le premier confinement, je l’ai assez bien vécu. Je me suis arrêté et ce n’était pas facile mais on était dans l’inconnu. Pour le second, je l’ai considéré comme un retour de bâton assez injuste. On avait pas la possibilité de bosser et les aides, c’était assez flou et compliqué car on était noyé sous la paperasserie surtout moi qui suis touché de phobie administrative... Le dernier, j’en ai profité pour avancer sur mes projets en cours, la peinture et donner un coup de fraîcheur au salon mais là encore c’est difficile à digérer et il me tarde d’exercer ma passion. »

Depuis quelque temps, Pascal expose ses peintures à l’huile dans le salon.

« C’est un peu inspiré par la pop culture et c’est une activité qui me permet d’exprimer mon côté artistique et qui n’est pas indissociable avec mon métier. En 2021, je vais essayé de produire un peu plus. »

En fin d’année, si la pandémie le permet, il souhaite se rendre un trimestre au Canada, afin de se perfectionner, d’apprendre de nouvelles techniques, parfaire ses connaissances et s’enquérir des nouvelles tendances de l’autre côté de l’Atlantique.

Une collaboration peut être envisagée pour occuper le salon si le projet prend forme.

Pascal souhaite aussi transmettre son savoir, « j’ai cette volonté de partager mes connaissances et permettre à un jeune de se lancer dans l’activité. »

Texte François Colombani