Territoriales 2021 : 5 questions à Dominique Guglielmacci (Campa megliu in Corsica)

Pourquoi cet engagement au sein de la liste « campa megliu in Corsica » menée par Michel Stefani ?
En 2017, la voix du parti communiste et de la gauche a cessé de raisonner à l’assemblée de Corse ! Ce qui a eu pour conséquence une dérive de la question sociale, humaine et écologique. Mon engagement avec la liste « campa megliu in Corsica » ( vivre mieux en Corse), menée par Michel Stefani et Anissa-Flore Amziane est motivée par mon indignation. L’indignation de voir se multiplier les inégalités, la misère, le manque cruel de logements sociaux, la vie chère et les bas salaires. L’indignation de voir ces nouveaux « sgiò » arrogants et dédaigneux qui n’ont en tête que leurs profits, où la Corse n’est pour eux qu’une terre d’affaire.
La Balagne est un exemple en termes de gestion des déchets, que préconisez-vous pour la Corse ?
La Balagne est la championne de Corse en matière de tri sélectif et on peut en être fiers, mais nous n’avancerons pas avec un système qui n’est pas uniformisé en Corse. Nous proposons une politique globale et publique du traitement des déchets. La maîtrise publique de la gestion des moyens doit permettre la cohérence et l’efficience d’une action publique, conforme au plan sanitaire du traitement de nos déchets, à la protection de l’environnement et la réduction des coûts qui pèsent sur les ménages. La taxe d’enlèvement des ordures ménagères est en moyenne 54% (184€) supérieure à la moyenne nationale (118€). La CAB de Bastia va voir une hausse de 50% de cette taxe. Ce dossier des déchets doit tenir compte de trois dimensions, sociale, écologique et technique.
À l'exemple de Figari, y a t-il une volonté politique de développer l'aéroport de Calvi-Balagne ?
Mon soucis serait de voir disparaître l’aéroport de Calvi-Balagne, au prétexte qu’il ne serait pas rentable. L’environnement géographique ne plaide pas en notre faveur, un développement des vols de nuit nécessiterait un balisage de tous les reliefs très coûteux. Après ce constat, son développement est freiné par une volonté de faire atterrir à Bastia des vols où la destination finale des passagers est la Balagne. La mission de service public assurée par Air Corsica doit continuer à se développer.
Les tarifs élevés pénalisent le taux de remplissage des avions. Je me suis rendu compte que les tarifs au départ de Marseille vers Calvi étaient souvent beaucoup plus élevés que sur Bastia. Il en est de même sur les promotions tarifaires qui sur Calvi sont quasi inexistantes. Figari ne subit pas toutes nos contraintes géographiques. Une réouverture du port de Calvi pourrait compenser notre handicap dans le domaine aérien.
La Corse est une région marquée par la pauvreté, comment en sortir ?
La pauvreté en Corse s’explique par le coût élevé des loyers, du manque de logements sociaux, les bas salaires, le manque d’emplois qualifiés, la mono-activité du tourisme et ses effets négatifs, la vie chère, le prix des carburants, la difficulté des jeunes agriculteurs à pouvoir s’installer, la disparition des services publics de proximité, l’échec scolaire. La crise du Covid a aggravé cette situation très préoccupante, cette pauvreté est un terreau fertile pour la délinquance. Quand à l’Assemblée de Corse, le plan de relance a été débattu, aucune voix ne s’est élevée pour dénoncer les inégalités. Le pacte de Gilles Simeoni repose sur les propositions du patronat. L’assemblée avait la possibilité de délibérer, pour demander des contreparties sociales aux grandes entreprises qui bénéficient d’aides financières considérables, près de 100 millions/an. Il faut se mobiliser pour une juste répartition des richesses. Nous devons engager la réflexion pour développer un secteur industriel. Il faut revoir le plan « salvezza e rilanciu » pour bouger le curseur et rendre aux ménages du pouvoir d’achat. Je termine avec une expression corse qui s’adresse aux responsables cette situation : « U techju un credde u famitu ».
Si vous êtes élu, quel serait le premier dossier que vous défendriez à l'Assemblée?
Si nous sommes élus, la priorité sera la question sociale et protéger ceux qui souffrent de la misère. Il y a urgence !!
Propos recueillis par François Colombani