Vendredi 19 novembre 2021

Balagne: Hervé Delannay l’ancien gardien de but de football fasciné par l’Ultra Trail

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Hervé Delannay
Sportif accompli depuis plus de 45 ans, Hervé Delannay, Major de Police au sein de la DDSP de Haute-Corse, en charge des Brigades de Nuit, a évolué en qualité de gardien de but de football à un bon niveau avant de découvrir la course en montagne à son arrivée en Corse pour finalement se plonger dans cette discipline intransigeante qu’impose l’Ultra Trail. Il compte à son actif plusieurs participations à des ultra Trail et Raid d’endurance. Portrait.

Second d’une fratrie de trois garçons, âgé de 50 ans, originaire du « Plat Pay », Hervé Delannay est installé en Corse, et plus particulièrement à Algajola, en Balagne depuis 2002, soit près de 20 ans.

Un anniversaire symbolique que ce robuste gaillard, sociétaire du club « A Ghjuventu Petralbinca » voudra marquer de la plus belle des manières, mais de cela, l’intéressé en parlera plus tard.

Attardons-nous d’abord sur son parcours professionnel et sportif.

« Professionnellement parlant, je suis entré dans la Police Nationale à l'âge de 19 ans, une véritable vocation, comme Gardien de la Paix et, à ce jour, suis Major de Police au sein de la DDSP de Haute Corse en charge des Brigades de Nuit après avoir exercé en Seine St Denis puis Tourcoing avant d'arriver en Corse il y a 13 ans, exerçant notamment au sein de la PAF à l’aéroport de Calvi.

J'ai connu la Balagne un peu par hasard, lors d'un 1er voyage vacances en 2002. L'arrivée au port de Calvi et la découverte de la Balagne aura été un véritable coup de foudre.

Très attaché à la microrégion, et bien que muté à Bastia, j’ai gardé mon pied à terre à Algajola où je compte des gens qui sont toujours là pour moi, notamment au sein de l’institution nationale. Je suis aussi bénévole au sein de la réserve communale de Sécurité Civile pour la commune de Corbara » précise Hervé, avant d’aborder le sport, sujet qui le passionne au plus haut point. 

« Je pratique du sport depuis maintenant 45 ans. Notamment, le football de 5 à 35 ans comme gardien de but sur le continent. J'ai participé en jeune aux présélections d'entrée aux centres de formations du LOSC et du FC Sochaux Montbéliard. À la fin, ils n'en ont gardé qu'un et il y aura eu toujours meilleur que moi.

Mais que du positif et, de bonnes expériences d'avoir pu déjà arriver dans les derniers carrés, lesquels m’auront permis d’évoluer adulte, à un bon niveau amateur.

Comme vous pouvez l’imaginer, autant dire qu'en tant qu'ancien gardien de but, la course à pied n'était pas ma tasse de thé !

La montagne m'a par contre toujours fascinée, moi le gamin du « plat pays » (originaire du Nord - né à Roubaix). Enfants, nous allions randonner en moyenne montagne (Pays Basque - Alpes de Haute Provence - Auvergne ...).

J'ai découvert la course montagne en arrivant en Corse, désireux de tirer un trait sur 30 ans de football.

Et très vite, ça a « matché » avec quelques amis et avons fondé le 1er club de trail de Balagne (E Muvre Balanine) ».

Parce qu'ils sont les plus beaux, j’ai participé à plusieurs Ultra Trail di Corsica (110 km), à l’échappée belle et l’Ultra Tour (220km) ou encore au Grand Raid des Pyrénées

Notre athlète raconte ensuite cette montée en kilomètres et en gamme qu’il s’est imposé afin de savoir jusqu’où il était capable de repousser ses limites :

« Il y a 10 ans, nous avions participé à notre 1er ultra Trail, l'UTMB (la CCC 98km à Chamonix) puis, voyant que cela se passait bien, les années suivantes la Trace des Ducs de Savoie (120km), les templiers (80km) puis l'endurance trail des Templiers (110km), la Maxi Race Annecy (86km), le Grand Raid des Pyrénées (165km), et ... parce qu'ils sont les plus beaux, j’ai participé plusieurs fois à l’Ultra Trail di Corsica (110 km), l’échappée belle et l’Ultra Tour (220 km), le Grand raid des Pyrénées ... »

Le sport et quelque soit la discipline procure des moments de joie comme nul autre peut provoquer mais aussi son lot de souffrance et de déception. Hervé bien évidemment n’y échappe pas, « l'ultra Trail Mercantour Côte d Azur (2017) aurait du être mon plus mauvais souvenir, ayant connu l'abandon au 90ème kilomètre. Avec un déficit de sommeil conséquent d'avant course, il m'aura toutefois été formateur pour les préparations des courses suivantes. Puis, j'ai pu faire connaissance de Jean Michel, un « camarade de galère du jour » devenu désormais un de mes meilleurs amis avec lequel je partage des courses.

Mon plus beau souvenir ... compliqué à les départager car il y en a tant ! ... Ma petite préférence tend vers l’ultra tour du Grand Raid des Pyrénées 2021. Je voulais le refaire (après une participation en 2019 en 60h12mn) pour mes 10 ans d'ultra Trail et mes 50 ans (une semaine avant le départ) et, descendre symboliquement en dessous des 60h. Mission réussie en 59h13mn, sur un parcours modifié et réputé plus dur (dixit les organisateurs), en dormant 40mn de plus qu'en 2019 (1h10 total) pour un classement totalement inattendu : 29ème au général et 6ème chez les « vieux » !

La gestion de l'effort fut quasi parfaite puisque je pointais 113eme au km 40 ... pour grappiller des places jusqu'au classement final.

Puis, son organisation et ambiance familiale rendent l'événementiel juste magnifique... à l'instar du Restonica Trail et de l'échappée belle.

Il aurait pu y avoir aussi la TDS 2012, couru en 30h dont 28 dans des conditions dantesques (déluge de pluie et de neige) au point que les organisateurs avaient décidés de réduire l'épreuve phare, l’UTMB, à 100km. Avoir pu figurer parmi les 38% de finisher aura été fondateur ».

Le goût de la gestion de course, la nature, les paysages et le dépassement de soi-même, cet amour du Trail Montagne, Hervé l’explique avec ses mots, ses tripes, son cœur :

« Le fait d'évoluer en pleine nature, la beauté des paysages permettent de se retrouver avec soi même. Sa grandeur, son immensité et sa "dangerosité" te rend humble.

L'exigence du terrain, des reliefs, le cumul des dénivelés et kilomètres te font sortir de ta zone de confort.

Les Ultras longues distances te donnent le goût de la gestion de courses (savoir gérer ses temps faibles notamment) et du dépassement de soi-même pour atteindre le graal d'être finisher à mon humble niveau de sportif amateur. L'ultra Trail c'est donc bien 70% de caboche et 30% de condition physique ! Le mental est prépondérant ».

La Swiss Peak 2022 avec sa traversée intégrale du Valais Suisse

Au tout début de l’entretien, Hervé nous a fait part de son intention de fêter ses 20 ans en Corse à sa manière.

« Mon prochain objectif est en effet de participer à la Swiss Peak 2022 et sa traversée intégrale du Valais Suisse. Motivé par l'envie de franchir un nouveau palier kilomètre/dénivelé et la gestion que cela nécessitera de par ses 364km et 26600m de dénivelé positif. Les paysages sont magnifiques et un Ami, Jeff Pieri m'en a parlé en Bien. Il va falloir adopter une autre « stratégie de gestion de courses ». Pour cela, je pourrai une fois encore compter sur les précieux conseils de mes amis et expérimentés Walter Dromard et Jean-Pierre Costa. Côté entraînement, je ne changerai rien à la méthode depuis 3 ans. Mieux vaut privilégier la qualité à la quantité.

Puis, reconnaissons qu'avec le GR20, nous avons un terrain de jeu de haute qualité.

Ça a été une aventure longtemps collective avant que certains comme les Laurent Richiardone et Bruma lèvent le pied pour diverses raisons (blessures ou se l'imiter à 100km) depuis la rude échappée belle 2014 (le plus gros ratio kilomètre/dénivelé, 155km pour 11000m de D+ dans un terrain typé GR20).

Je n’oublie pas qu’il y a 10 ans c’est avec eux que nous avons participé à notre premier Ultra Trail ».

Pour compléter ce parcours sportif qui honore notre ami Hervé, il convient de souligner que toujours pour le goût de l'effort, il a participé également à trois éditions du Corsica Raid Aventure qui reste aussi une belle épreuve.

Et puis Hervé ne pouvait terminer sans saluer et remercier son « staff médical » (médecin traitant, kiné et ostéopathe) lequel le suit afin de soigner ses lombalgies récurrentes (son point faible) et sans qui, il ne pourrait pratiquer correctement son sport et mener à terme ses courses tant la montagne use les organismes et articulations.

Gilbert Guizol