Mardi 21 avril 2020

L'Histoire de la première école de l'Ile Rousse

La précieuse documentation au sujet de l’instruction dans l’île nous renseigne sur le visage de l’école à l’époque des révolutions de Corse.

Ainsi, trois zones se détachent clairement au milieu du XVIIIesiècle : une Corse des villes littorales (Ajaccio, Bastia, Bonifacio, Calvi) plus alphabétisée ; une Corse rurale (Alta Rocca, Balagne, Cap Corse, Castagniccia, Cinarca, Nebbio, Taravo) alphabétisée ou en passe de l’être et une Corse muette sur laquelle les données manquent. À première vue, il n’existe pas dans l’île une corrélation étroite entre urbanisation et alphabétisation. [ 1]

Pour le département du Golo, le questionnaire de l’an X (1801-1802), destiné aux maires, aux sous-préfets et aux juges de paix du département du Golo nous renseigne utilement. En général, en Balagne, la rémunération du maître est constituée pour tout ou partie de blé.[2]

Le recensement de 1818 de L’Île-Rousse ne liste qu’un seul maître d’école : Ange Emanuelli [3]. Ceci laisse supposer qu’à cette date, une seule école existait, destinée aux garçons et située probablement dans l’une des rares maisons au Scalu, quartier de la mairie.

Louis-Magloire Cottard, inspecteur chargé des fonctions rectorales en Corse, achève le 18 juin 1821 l’inspection de l’arrondissement de Calvi où il note les bons résultats de l’école des Frères de la Doctrine Chrétienne créée en 1819 à Calvi. Pour le canton de Sant’ Angelo, il confirme que ses efforts pour enseigner le français sont récompensés à L’Île-Rousse qui désire créer une école similaire.

En effet, le maire de la cité paoline Giovan Battista Muzio-Olivi et son conseil municipal déclare à l’unanimité qu’il sera prélevé à cet effet chaque année la somme de cinq cent francs pour un maître de langue française.[4]

Comme prévu, en 1823 une école d’enseignement primaire des Frères de la doctrine chrétienne fut ouverte aux frais de la commune et de la fabrique de l’église. Il y en avait quatre à cette époque en Balagne[5].

On peut penser que cette école à classe unique, où on commence à enseigner la langue française, se trouvait dans la maison Vesperini située proche de la mairie et qui à l’époque était un couvent. Puis les garçons déménagèrent dans une salle au rez-de-chaussée de la maison Orsoni, actuelle boutique Giorgi.[6]

 

 

Stéphane Pergola

Professeur certifié de corse

Auteur du livre « L’Isula », Ed. Albiana, 2018

 


[1]Gherardi, Eugène F.-X., Précis d'histoire de l'éducation en Corse : les origines de Petru Cirneu à Napoléon Bonaparte, CRDP de Corse, 2011 : « Une alphabétisation aux contours mouvants ».

[2]op. cit. note 1 : « Statut et salaire du maître d’école ».

[3]Recensement de L’Île-Rousse en 1818, ADCS en ligne.

[4]Thiers, Jacques, Les Potirons, l’Inspecteur et le Gecko, Ed. Albiana, 1993 : p. 73.

[5]Gherardi, Eugène F.-X., En semant ses bienfaits dans le cœur des enfants, Regards sur l’éducation en Corse (Fin XVIIIe– XIXesiècle),Ed. Albiana, 2016.

[6]Colombani, Pierre, L’Île-Rousse racontée par l’un de ses enfants, Ed. Lacour, 2005.