Vendredi 18 avril 2025

"5 mai 92" : un film pour ne pas oublier.

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Furiani
Le 5 mai 1992, une tribune s'effondrait au stade de Furiani, tuant 19 personnes et en blessant plus de 2 300. Trente-trois ans après, Corinne Mattei signe "5 mai 92", un film poignant qui revient sur ce drame collectif, entre hommage et transmission, pour que jamais ce drame ne tombe dans l’oubli.

Le film "5 mai 92" de Corinne Mattei plonge le spectateur au cœur d’une journée qui aurait dû être une fête pour la Corse, mais qui s’est transformée en cauchemar. Ce soir-là, le Sporting Club de Bastia s’apprête à affronter l’Olympique de Marseille en demi-finale de Coupe de France. Toute l’île est euphorique : la ferveur des habitants est palpable, les rues vibrent, les familles se préparent à vivre un événement historique. Mais l’effondrement d’une tribune, terminée le jour-même, provoque l’horreur : 19 morts, 2357 blessés, et un traumatisme indélébile pour toute une génération.

Un film pour rendre hommage

Corinne Mattei, elle-même touchée dans sa chair par la perte de son frère Christian lors de la catastrophe, choisit la fiction pour raconter l’avant-match, ces heures heureuses qui précèdent le drame et dont personne n’a parlé. Avec délicatesse, elle restitue l’atmosphère de Bastia ce 5 mai : l’excitation des enfants, les discussions au bistrot, la distribution des places à l’école, les drapeaux brandis avec fierté. À travers le regard de Romain, un garçon de 9 ans pour qui ce match est le plus beau cadeau d’anniversaire, la réalisatrice met en scène un quotidien universel, plein de tendresse et de simplicité. 

“La fiction c’est le vecteur d’émotions”

Ce choix de la fiction, Corinne Mattei l’explique par la rareté des images d’archives mais aussi par sa volonté de donner vie à des personnages dans lesquels chacun peut se reconnaître, “la fiction c’est vecteur d’émotions” confie-t-elle lors d’une interview avec Telepaese. Coécrit avec Marie Murcia, le scénario s’appuie sur des années de témoignages recueillis auprès de victimes et de familles, pour mieux restituer la vérité de cette journée. La caméra capte l’innocence des instants, la beauté des liens familiaux, mais aussi l’angoisse d’une mère, seule à pressentir que la fête pourrait mal tourner. Lorsque la catastrophe survient, la mise en scène est sobre et pudique. C’est la dignité qui prime, celle des victimes, des familles, de toute une communauté frappée par l’injustice. 

Un travail de mémoire

“5 mai 92” est un hommage à ceux qui ne sont jamais revenus, mais aussi un acte de mémoire pour les générations futures.

Au-delà du drame, "5 mai 92" interroge : comment la fête a-t-elle pu basculer ? Pourquoi n’a-t-on rien vu venir ? Et surtout, comment continuer à vivre, ensemble, avec cette blessure ?

Trente-trois ans après, le film de Corinne Mattei rappelle que la mémoire de Furiani est toujours aussi vive et importante. Comme l’explique Raphaël, un lycéen venu voir le court métrage avec sa classe, “le travail de mémoire est très important, c’est quelque chose qu’il ne faut pas oublier”.

Depuis 2021, à la suite d'une décision ratifiée par le Sénat, aucune rencontre sportive organisée dans le cadre des championnats de France professionnels de football, de la Coupe de France de football et du Trophée des Champions n’est joué à la date du 5 mai. Concernant les championnats amateurs qui pourraient se tenir à cette date, les participants arborent un brassard noir, symbole de deuil.

 

Alicia Faure