Bastia : Un atelier d’écriture avec l’écrivaine et enseignante Keltoum Staali.
La venue de l’écrivaine s’inscrivait dans le cadre du projet pédagogique intitulé « De la lecture à l’écriture : A la rencontre d’un écrivain » mis en place par Corinne Giordano, professeur de Lettres/Histoire au lycée professionnel Fred Scamaroni à Bastia.
« J’ai connu Keltoum Staali lors d’une unité de recherche à Aix en Provence » confie C. Giodarno « Avec mes collègues on a eu l’idée de la solliciter pour cet atelier d’écriture dont le but est de motiver les élèves, qui ne sont pas des élèves de classes littéraires, pour l’écriture et leur donner le goût de la lecture ».
Après des études de Lettres modernes à l’Université d’Aix-en-Provence, Keltoum Staali a décidé de s’installer en Algérie, son pays d’origine. Elle y travailla comme journaliste à l'hebdomadaire Révolution Africaine puis au quotidien Alger Républicain. Revenue en France après les tragiques événements des années 90, elle anime alors une bibliothèque de quartier et se forme aux ateliers d’écriture, avant de se tourner vers l’enseignement des Lettres, tout en continuant à collaborer à divers journaux, revues et sites web. Elle est l'auteur de deux recueils de poésie, Talisman (2005) et Identité Majeure (2010), ainsi que d'un récit, Le Mimosa de décembre (2011, préface de Gilles Perrault). En 2022, son roman « La ville aux yeux d’or » a obtenu le Prix Orange du Livre en Afrique.
« Le principe des ateliers d’écriture consiste à regrouper plusieurs personnes et les faire écrire, car tout le monde peut écrire, produire du texte que ce soit de la poésie, de la narration, des récits » explique K. Staali. «On débute par un échauffement d’une trentaine de minutes, à partir d’un mot, d’un acrostiche, avec quelques consignes d’écriture, comme écrire une histoire à partir des lettres de leur prénom placées à la verticale. Ensuite les élèves écrivent leur texte qu’ils liront aux autres en fin de séance. A ce moment-là quelque chose se produit car la lecture d’un texte a des effets sur les autres, les fait réagir. En fait il s’agit d’une première publication avec réaction du public. Il y a de l’émotion, du rire, de la tendresse. Le lecteur prend conscience de ce que vaut son écrit face à la réaction des auditeurs. Ça leur permet d’expérimenter des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de faire».
Après une belle séance mardi avec deux groupes d’élèves de Premières professionnelles du lycée, ce mercredi, elle en a rencontré d’autres, des élèves de Seconde des sections Hôtellerie et Mode ainsi que leurs professeurs. « Je leur explique ma démarche et le principe de ces ateliers que je dirige régulièrement sur le continent et en Algérie. J’en dirige même dans des prisons avec des thèmes ».
Tous les élèves n’ont certes pas été sensibles au même degré par la démarche mais ce fut pour certains une belle découverte, une occasion de se rapprocher d’un art parfois bien éloigné de leurs études. «Je fais des études dans l’hôtellerie mais j’aime lire » souligne ainsi Cléa. « Cela m’intéresse aussi de savoir si je peux écrire et comment. Cette rencontre m’a permis d’avoir quelques clés et c’est encourageant ».
Et les retours sont parfois très bons. « Cela encourage, autorise l’écriture chez certains qui publient par la suite des poèmes et autres textes. Une personne qui avait participé à un atelier s’est inscrite en DU pour être formée à l’atelier d’écriture » déclare K. Staali. Parallèlement à ses ateliers, à son métier d’enseignante, Keltoum Staali a réussi en novembre dernier sa thèse de doctorat sur la création littéraire, roman et essai. «Cette thèse pourrait d’ailleurs faire l’objet d’un livre, une fois retravaillée. Mais j’ai aussi un roman en préparation » conclut notre intervenante.