Affaire Bétarram : François Bayrou se défend lors d’une audition tendue à l’Assemblée nationale

Pendant plus de cinq heures, le Premier ministre a livré sa version des faits, dénonçant une instrumentalisation politique de l’affaire et réaffirmant n’avoir jamais bénéficié d’informations privilégiées.
C’est dans une atmosphère électrique que François Bayrou a comparu mercredi devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale chargée de faire la lumière sur les violences à Notre-Dame de Bétharram. Dès l’ouverture, il a exprimé le poids de l’événement : « Pour moi, le premier mot qui me vient quand je pense à cette audition c’est ‘enfin’. Pour moi elle est très importante, pour les garçons et les filles qui ont été victimes de violences, à Bétharram ou dans beaucoup d’autres établissements scolaires et institutions associatives, sportives, dans le monde du spectacle, en famille. C’est un continent caché qui apparaît, qui surgit ».
Bayrou, entendu sous serment, a tenu à rappeler le sens de sa démarche : « Si ma présence comme cible politique a permis que ces faits apparaissent, ce #MeToo de l’enfance, alors cela aura été utile”, dénonçant la volonté de ses opposants « d’abattre ce gouvernement » avec « l’arme du scandale ».
Face aux députés, le Premier ministre a maintenu qu'il n'avait aucunes autres informations que celles qui paraissaient dans la presse. Il a également contesté la véracité de certains témoignages, notamment celui de la professeure Françoise Gullung, et s’est montré particulièrement virulent à l’égard du député insoumis Paul Vannier : « Vous ne cherchez pas la réalité, vous la déformez tout le temps, et vous apparaissez dans ce livre », a-t-il lancé, en référence à l’ouvrage La Meute sur LFI.
L’audition a été marquée par de nombreux échanges tendus, les députés de l’opposition reprochant à François Bayrou des réponses « confuses, imprécises, parfois même grossières et agressives », selon la présidente de la commission Fatiha Keloua Hachi (PS). Sarah Legrain (LFI) a, elle aussi, jugé l’attitude du Premier ministre « pas à la hauteur ».
Interrogé sur l’absence de victimes à la commission, Bayrou a répondu : « Les victimes sont absentes parce que les victimes, personne ne s’en est occupé sauf moi. On les a utilisées comme une arme politique contre moi ». Il a regretté que l’audition ait tourné autour de lui, de sa responsabilité, sur le soupçon d’être intervenu dans l’affaire pour protéger des pédocriminels .
Malgré la longueur de l’audition, François Bayrou a qualifié ce moment de « libérateur », ajoutant que c’était « la première fois que je pouvais me défendre » concernant cette histoire. Pour autant, l’affaire Bétharram continue de peser sur le Premier ministre, alors que les critiques sur ses contradictions persistent et que l’opposition réclame davantage de transparence sur son rôle dans la gestion du scandale.
Alicia Faure.