À Biguglia, la Corse ravive ses liens avec le monde étrusque.

Un itinéraire culturel à vocation multiple

Depuis 2017, l’INEACEM (Institut national d’études et d’applications culturelles en Méditerranée) coordonne un projet baptisé Corsica Etrusca. L'objectif : inscrire la Corse dans une dynamique culturelle autour de la civilisation étrusque. Un lien étroit avec les régions de l’espace tyrrhénien. La Corse est en effet la seule île à posséder des nécropoles étrusques en dehors de la péninsule italienne.

L’ambition est triple : scientifique, éducative et économique. L’itinéraire culturel veut développer un tourisme de qualité fondé sur l’archéologie, encourager les échanges avec la Toscane, et valoriser les savoir-faire corses (agritourisme, œnotourisme, artisanat). La présentation officielle du projet a eu lieu en février 2024 au palais des Congrès de Florence.

Biguglia, site stratégique du projet

Située au nord-est de l’île, la commune de Biguglia constitue une étape importante de l’itinéraire. Elle est associée au projet Maru Kursikè, qui vise à restituer le bateau antique du Golu, découvert en 1777 près de l’étang de Biguglia.

Cette restitution s’envisage sous trois formes complémentaires : une modélisation 3D, une projection holographique à taille réelle, et une reproduction physique navigante. La maquette du bateau à l’échelle 1/5, réalisée localement, servira d’objet d’étude pour les chercheurs.

Le 21 juin 2025, une présentation solennelle aura lieu au Spaziu Carlu Rocchi de Biguglia. Ce centre culturel sera transformé en espace muséographique pour accueillir conférences, expositions et animations autour de la navigation antique.

Une valorisation élargie à toute l’île

Au-delà de Biguglia, Corsica Etrusca prévoit la création ou le renforcement de plusieurs espaces muséographiques (Alalia, Rasenna, Bastia, Filitosa…). Le projet intègre également des actions itinérantes dans les établissements scolaires, des événements dans différentes communes corses, ainsi que des activités de tourisme durable : randonnées archéologiques, excursions en mer, parcours sous-marins virtuels ou encore balades équestres.

Enfin, une attention particulière est portée à la valorisation des produits corses (vin, huile, fromage, artisanat…) en lien avec les pratiques et les goûts de l’époque étrusque, avec une signalétique spécifique et des formations dédiées dans les établissements d’accueil.

Une dynamique interculturelle en cours de structuration

En s’appuyant sur le patrimoine antique, le projet entend renforcer les échanges culturels entre la Corse et les régions voisines de la Méditerranée, notamment la Toscane. Il s’agit d’une approche interculturelle où la référence aux Étrusques sert de socle pour des collaborations scientifiques, touristiques et économiques.

Le projet Corsica Etrusca, en construction, s’inscrit donc dans une logique de valorisation à long terme, mobilisant collectivités, chercheurs, professionnels du tourisme et du patrimoine.

Sharon Rouanet

crédit image : corsicaoggi.com