Calenzana : si n'hè andatu Martin Grisoni

La bien triste nouvelle s'est répandue ce matin dans son village de Calenzana, en Balagne et aux quatre coins de l'île. Martin Grisoni s'est éteint des suites d'une longue maladie.

Martin était un garçon d'une extrême bonté et d'une immense gentillesse. Toujours présent pour rendre service, il ne savait rien refuser et ne pouvait admettre l'injustice. À l'époque de la création des Gilets jaunes, fin 2017, début 2018, ce mouvement social de protestation qui a gagné la France entière prend de l'ampleur. Tous les samedis, on retrouve les manifestants autour des carrefours et aux ronds points des villes et villages. Martin Grisoni est sensibilisé par cette cause et décide chaque samedi, en début d'après-midi, d'investir les abords du radar installé lieu-dit « Le Cormotan », en bordure de la RT 30. Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, il est là avec une poignée de parents et d'amis, brandissant A Bandera, couvrant symboliquement le radar automatique, ralentissant la circulation, le temps de protester contre le gouvernement du Président Macron. Le tout se déroulait dans la bonne humeur, sans la moindre violence.

Le 19 octobre 2019, il a même organisé une manifestation à travers la ville avant de se rendre devant les grilles de la sous-préfecture de Calvi. Là, il était reçu par le sous-préfet de l'époque Florent Farge, avec qui il a eu un entretien qualifié de cordial.

“Beaucoup de gens souffrent et d’autres vivent avec des richesses honteuses, il faut que tout le monde puisse vivre normalement et avec dignité, c’est un droit pour toutes les femmes et tous les hommes”  devait notamment dire Martin Grisoni, avant de repartir en croisade, jusqu'au bout de sa vie.

Une vie qui s'est arrêtée à l'âge de 70 ans, des suites d'un cancer dont il en ignorait presque l'existence, tant il ne pensait qu'à faire du bien pour les autres.

Aujourd'hui, à l'heure de partir pour un grand voyage, il laisse derrière lui le souvenir d'un homme très attachant qui restera à jamais gravé dans nos cœurs.

On n'oubliera pas non plus que Martin a exercé son métier de postier, avec beaucoup de professionnalisme, de générosité et de cœur. Comment parler de Martin sans évoquer aussi sa carrière de footballeur amateur chez les « Diables rouges » de l'AS Calenzana qu'il aura eu le bonheur de voir revivre cette saison grâce aux jeunes du village.

Ses obsèques religieuses seront célébrées ce lundi 6 mai à 14h30, en l'église Saint-Blaise de Calenzana.

En cette douloureuse circonstance, la rédaction de Stampa Paese présente à sa sœur Denise, à ses filles Annabelle, Marie, Dominique et à toutes les personnes que ce deuil afflige, ses condoléances émues et attristées. 

Riposa in pace amicu.