Gérald Darmanin à Ajaccio pour le XXVème anniversaire de la mort du Préfet Erignac
Au moment où Elisabeth Borne rendait hommage dans un tweete à Claude Érignac, grand serviteur de l'État, assassiné à Ajaccio le 6 février 1998 alors qu'il se rendait au théâtre, et qu’Emmanuel Macron, Président de la République, ne s'apprête à recevoir à l'Élysée, l'épouse et les enfants de Claude Érignac, Gerald Darmanin, ministre de l'intérieur et de l'Outre Mer arrivait peu après 11 heures ce lundi rue Colonel Colonna d'Ornano à Ajaccio où il présidait une cérémonie en hommage au Préfet Claude Erignac, assassiné de trois balles, il y a 25 ans jour pour jour.
Accompagné du préfet de Région Amaury de Saint-Quentin, et entouré de Stéphane Sbraggia, maire d'Ajaccio, Gilles Simeoni, président de l'Exécutif de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse, des députés de Corse du Sud et de Haute-Corse, sénateurs, élus de Corse, évêque de la Corse, et autres, le ministre de l'intérieur a rendu un hommage poignant à Claude Érignac et a prononcé un discours qui se voulait ouvert vers l'avenir.
« Servir, au premier rang, à découvert, au milieu des passions, ces mots ont été choisis pour raconter Claude Érignac, pour dire ce qui l'animait, pour exprimer ce que voulait dire être Préfet. Mesdames et Messieurs l'étymologie du mot Préfet c'est celui qui ouvre la voie, être celui qui avance, être celui qui s'efface devant une cause bien plus grande que lui, la cause de la République, la cause de la France, dans laquelle il a trouvé la mort. Rien n'est précaire comme vivre. Rien comme être n'est passager comme disait Louis Aragon. Oui, la vie d'un homme peut lui être ôtée en un instant, mais ce qu'il a été demeure, ne passe pas, ne s'efface pas. Tant qu'il y aura des femmes et des hommes qui feront mémoire de sa vie, tant qu'il y aura des femmes et des hommes assoiffés de paix, qui feront tout pour que son sacrifice ne soit pas vain, tant qu'il y aura l'intérêt général, comme guide des fonctionnaires de la République, alors oui, rien comme être des passagers. C'est pour cela que nous commémorons en ce jour l'assassinat de Claude Érignac. Pour sa mémoire de l'homme, mais surtout de la mission qu'il avait librement accepté. Vingt-cinq ans après, c'est lui qui nous réunit au service de la paix » soulignait Gérald Darmanin.
Cette nouvelle page de la Corse ne peut être écrite qu'avec les corses eux-mêmes, avec leurs représentants, et avec ceux, comme nous, je l'espère, portent une certaine idée de la France
Puis de poursuivre : « En ce jour, en ce moment, je veux avoir une pensée respectueuse pour sa famille, son épouse Dominique, ses enfants Christophine et Charles-Antoine. Je le sais, chaque corse est sensible à cette douleur inextinguible, à cette douleur d'une famille meurtrie. Claude Érignac a aimé la Corse, il a aimé ces hommes, ces femmes, ce terroir inégalable et ces paysages magnifiques. Cet homme tourné vers les autres, pénétré de la conviction que chaque français doit trouver, où qu'il habite, quelques soient ses croyances, ses origines, les raisons d'espérer. Cet homme croyait profondément que l'État doit s'engager pour que chacun puisse, dès aujourd'hui, choisir son destin. Claude Érignac était un grand serviteur de l'État, auquel il a donné toute sa vie. Sa vie entière, sa vie professionnelle, sa vie familiale, sa vie affective. Et comme tous les membres de la Préfectorale, il savait comme tous les fonctionnaires qu'ils ne s'appartiennent plus au moment où ils s'engagent. Claude Érignac s'est engagé parce qu'il était persuadé que seul l'État pouvait protéger chaque citoyen, l'aider à avoir la force d'affronter l'injustice et la violence. C'est parce qu'il avait sciemment choisi une vie au service de la France qu'il a trouvé la mort en ce funeste jour de février 1998. Oui, à cet endroit précis, le Préfet Claude Erignac a été assassiné de trois balles tirées de sang-froid, dans la nuque et dans la tête. Il y a 25 ans, l'île de beauté était entachée du sang d 'un homme de bien qui n'avait de cesse que d'oeuvrer à la paix et à la réconciliation. Il y a 25 ans, un Préfet de la République était tué dans l'exercice de ses fonctions, paroxysme sanglant d'une décennie de violence qui avait endeuillé la Corse et donc la France toute entière ».
Mesdames et Messieurs les élus, les morts nous regardent
Gérald Darmanin tenait ensuite un discours axé sur le dialogue, la paix et l'ouverture : « C'est la paix en Corse, Mesdames, Messieurs les agents de l'État, que vous poursuivez l'oeuvre de concorde à laquelle Claude Érignac s'était attelé pour rétablir la paix civile, pour consolider la lutte contre toutes les violences, contre tous les trafics, et pour approfondir l'identité culturelle de l'île de beauté. C'est pour la cause de la paix que l'État, les élus locaux, Monsieur le Président du Conseil Exécutif, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs les élus, que nous avons renoué le dialogue et vivifié ces derniers mois le nouveau projet pour la Corse, pour les corses, les projets institutionnels, économiques, environnementaux, culturels, éducatifs et sociaux. C'est d'ailleurs parce que la paix est une condition du progrès qu'ont pu être entrepris ces dernières années des chantiers d'envergure pour tout le territoire et ses habitants. À présent il faut laisser la lumière estomper le contour des tombeaux, comme le dit Jérôme Ferrari. Aujourd'hui, le temps a fait son œuvre et une génération est passée. Si hier l’assassinat du Préfet Érignac a plongé la France dans les ténèbres, vingt-cinq ans plus tard, nous devons faire collectivement le choix de la lumière. Il y a vingt-cinq ans le Préfet Érignac est mort alors qu'il essayait de construire la Corse de demain. Reprenons son exemple et son courage. Soyons fidèles à l'esprit de toutes ces femmes et ces hommes d'honneur et de ténacité capables d'embrasser un plus grand dessein qu'eux. Faisons ressortir les ressentiments, jetons les rancunes à la rivière, et être là, debout, face à l'histoire qui nous attend. Cette nouvelle page de la Corse ne peut être écrite qu'avec les corses eux-mêmes, avec leurs représentants, et avec ceux, comme nous, je l'espère, portent une certaine idée de la France ».
Le ministre de l'intérieur concluait son intervention par cette phrase : « Mesdames et Messieurs les élus, les morts nous regardent. Vive la Corse, vive la République ».
Plusieurs gerbes ont été déposées devant la stèle du Préfet Érignac. C'est à pied, que le ministre a remonté le cours Napoléon pour se rendre à la préfecture où plusieurs convives étaient invités à un déjeuner.
Gérald Darmanin regagnait la capitale en début d'après-midi. Dans son entourage, on annonçait son retour en Corse au tout début de la deuxième quinzaine de février.
GILBERT GUIZOL