Lundi 1 août 2022

Il y a 17 ans, le Canadair CL415 s'écrasait sur les hauteurs de Calvi

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hommage canadair
Le 1er août 2005 à 10h11, il y a 17 ans, la Balagne était plongée dans l'horreur, suite à la chute d'un Canadair CL 415 qui se disloquait en vol, avant de s'écraser au sol sur les hauteurs de Calvi au lieu-dit Pietramaggiore. Son pilote Ludovic Piasentin, 50 ans, et son co-pilote Jean-Louis de Bénédict, 55 ans, tous deux détachés à Ajaccio, perdaient la vie. Ce 17ème anniversaire a été marqué par une cérémonie au centre de secours de Calvi où une stèle est érigée.

17 ans après, la grande famille des pompiers n'a pas oublié cette tragédie du 1er août 2005. Ce jour-là, les feux font rage en Balagne, les flammes sont aux portes de Calvi, tous les moyens terrestres et aériens sont mobilisés.

À 9h10 du matin, trois Canadair sont dépêchés d'Ajaccio pour intervenir sur ce feu qui menace Calvi. Arrivés sur zone, les Canadair avec leurs pompiers du ciel effectuent plusieurs écopages du côté de la Revellata et déversent des tonnes et des tonnes d'eau pour ralentir la progression des flammes.

L’avion N°2011, Pélican 36, immatriculé  F-ZBEO de la Sécurité Civile, deuxième avion de la formation, se présente en virage à droite pour effectuer un 9ème largage sur le flanc d’une colline. Il pénètre dans une zone enfumée qui le masque pendant quelques secondes de la vue des témoins. Lorsqu’il réapparaît, la queue de l’appareil vient juste de se détacher du fuselage. L’avion engage alors un fort piqué en rotation à droite, s’écrase et explose. Le pilote, Ludovic Piasentin, 50 ans, et son co-pilote Jean-Louis de Bénédict, 55 ans, y perdront la vie.

Ce matin, à 9h30, pour ce 17ème anniversaire de ce drame, dans la cour de la caserne des pompiers de Calvi, au pied de la stèle érigée à la mémoire de Ludovic et Jean-Louis mais aussi aux pompiers du ciel qui ont donné leur vie pour notre terre, une cérémonie s'est déroulée, en présence de nombreuses autorités, au premier rang desquelles Yoann Toubhans, sous-préfet de Calvi, Ange Santini, Maire de Calvi, Hyacinthe Vanni, conseiller exécutif de Corse, Jean-Marc Borri et Frédérique Densari, conseillers territoriaux, Régis Marchandeau, commandant en second de la Compagnie de Gendarmerie de Calvi, le Colonel Thomas, chef de corps du 2e REP de Calvi, l'abbé Ange Michel Valery, archiprêtre de Calvi ainsi qu’une délégation d'anciens pompiers.

« Un souvenir horrible de ma carrière de pompier » 

Devant les troupes rassemblées, le Commandant Stéphane Orticoni, donnait lecture de ce drame du 1er août 2005 : « il est 09h10, le feu parti la veille, menace Calvi. 3 pélicans décollent alors d’Ajaccio. Le P36 va effectuer un virage à droite pour effectuer son 9ème largage. Nous sommes le 1er août 2005, Ludovic et Jean-Louis viennent de donner leur vie pour sauver notre terre! » 

Il était ensuite procédé à un dépôt de gerbes : celui de l'Amicale des pompiers de Calvi par le Commandant Frédéric Antoine-Santoni, l'adjudante-chef Deborah Brandaloni, et le sapeur de 1re classe Jean-François Quardelle, qui fête aujourd'hui ses 17 ans, celle de l'UIISC 5 de Corte par le capitaine Stalin, du SIS de Haute-Corse par le colonel Clément Préault, directeur adjoint du SIS 2B,  les administrateurs du SDIS, Frédérique Densari, et Jean-Marc Borri, la CDC de Corse, par le président du conseil d'administration du SIS, Hyacinthe Vanni, la sœur du sénateur Paul Toussaint Pariggi, celle de la sous-prefecture de Calvi remise par Yoann Toubhans, sous-préfet de Calvi, Ange Santini, Maire de Calvi et le Colonel Thomas. 

Sonnerie aux morts et hymne national mettaient un terme à cette manifestation du souvenir alors que le Canadair N°44 effectuait un passage à basse altitude, rappelant ce drame du 1er août.

Joël Brandaloni, pompier à la retraite, cachait difficilement son émotion : « dans ma carrière de pompier j'ai eu à intervenir à 5 reprises sur des crash d'avions mais celui-là m'a particulièrement marqué et reste un souvenir horrible de ma carrière. Ces moments-là, on ne peut les oublier. Nous étions sur le qui-vive depuis la veille avec ces incendies qui frappaient notre secteur. Au matin de ce 1er août, après une nuit difficile, j'ai procédé à la relève de quelques personnels alors que les Canadair effectuaient des rotations. Tout à coup j'ai entendu comme un bruit de déchirement, quand j'ai vu le fuselage d'un Canadair sortir de la fumée et piquer vers le sol. Dans un premier temps j'ai cru que les deux Pelican mobilisés sur le feu étaient entrés en collision mais rapidement j'ai compris que ce n'était pas ça. J'ai ensuite entendu une explosion avant de voir la carlingue glisser dans le maquis. Nous étions à moins de 100 mètres et j'ai cru un instant qu'elle allait glisser vers un de nos camions. Très vite, on est arrivé sur zone et on a tiré une lance. Au dessus de nous un hélicoptère de la Sécurité Civile nous prévenait lorsque le second Pelican effectuait des largages au-dessus de la carlingue en feu, afin de nous protéger. Dans cette glissade de la carlingue, l'équipage a été littéralement arraché du cockpit. Nous avons retrouvé un corps puis l'autre une dizaine de mètres plus haut. Oui, ça restera un souvenir horrible de ma carrière de pompier. Chaque année, depuis ce drame, je me dois d'être présent à cette cérémonie ».

À l'issue de la cérémonie, le commandant Orticoni conviait les personnes présentes à un rafraîchissement.

Gilbert Guizol