Le Club fête son demi-siècle aujourd'hui

Le Club, c'est le lieu où se retrouvent habitués, familles, clients de passages, touristes ou hommes d'affaires. Tout le monde a, au moins une fois, fréquenté la terrasse du Club sur la plage : que ce soit le bar, la partie restauration rapide, la boulangerie ou le désormais cinquantenaire restaurant, il est difficile de venir à Porticcio sans y faire une halte.

C'était pourtant un pari risqué lorsque, à peine âgé de 23 ans, Sébastien a repris cet établissement qui avait déjà plusieurs faillites à son actif : une première affaire qui allait devenir son unique affaire, et dans laquelle il a mis, depuis aujourd'hui 50 ans, toute son énergie, son savoir-faire, son sérieux et son cœur.

Mais également une affaire de famille, avec sa fille Perle, déjà à la tête du glacier voisin, le New Ice Club, qui aujourd'hui prend de plus en plus ses marques dans l'établissement. Une façon de suivre les rails de son père, tout en apportant sa jeunesse. Le restaurant est désormais géré par Charles Tarsitano, depuis 2016, qui maintient le même esprit que Sébastien depuis le tout premier jour : proposer une cuisine de qualité à base de produits locaux. Une restauration qui se veut traditionnelle dans l'esprit, avec nappes blanches et double verres, mais qui n'hésite pas à innover pour offrir quelque chose de différent « déjeuner ou dîner au Club, c'est découvrir ou redécouvrir des plats que l'on ne mange pas à la maison » explique Charles.

La petite paillote des débuts en 1971, à une époque où Porticcio comptait seulement 2 restaurants, a bien changé. Sébastien Baldacci a su innover et s'adapter à la clientèle qui, bien évidemment, a énormément changé en 50 ans.

Celle des débuts, jusqu'aux années 80, était insouciante, fortunée et dépensait sans compter « c'était les belles années, celles d'avant la crise, les saisons étaient extraordinaires, on travaillait énormément mais dans une ambiance de fête permanente » se souvient Sébastien « certains clients de l'époque le sont toujours aujourd'hui, comme le sont souvent également leurs enfants et petits-enfants ». Une des caractéristiques des établissements devenus des institutions.

La promenade hebdomadaire en famille sur la rive sud se termine très souvent au Club, devant un thé, une pâtisserie ou un apéritif. Une habitude perdue depuis trop longtemps, covid oblige. Et si la partie boulangerie a pu continuer à fonctionner normalement, Sébastien, Perle et Charles ont hâte de pouvoir à nouveau faire ce pour quoi ils ont choisi ce métier « prendre soin de nos clients, leur proposer de belles et bonnes choses : faire notre travail tout simplement ».

Ils avaient d'ailleurs prévu, depuis des mois, de fêter cet anniversaire peu courant en faisant appel à leurs clients habitués. Ils espéraient réunir des photos, des cartes, des objets publicitaires, toutes sortes de souvenirs pour retracer l'histoire du Club et la partager. Mais c'est à 3 seulement qu'ils ont pu passer quelques moments à se remémorer les cinquante années passées, devant les albums photo.

Et lorsqu'on demande à Sébastien son meilleur souvenir de ce demi-siècle, sans hésiter il raconte la jet-set, les stars de l'époque et la jeunesse dorée d'Ajaccio qui avaient tous leurs habitudes au Club, les bœufs improvisés autour du piano, la fête et l'ambiance, le bar et la terrasse pleins à craquer. Avant que la crise des années 80 n'arrive, et que la clientèle fortunée ne jette son dévolu sur Porto-Vecchio qui allait devenir leur nouvelle destination fétiche.

Un virage à 180° que Sébastien a su prendre, en s'ouvrant à un public plus large et en diversifiant son offre avec la boulangerie et l'espace restauration rapide et sandwicherie. Il n'en a pas délaissé pour autant la restauration traditionnelle, en continuant d'offrir des produits locaux de qualité et un accueil personnalisé.

Savoir s'adapter tout en gardant le même cap, la qualité et le sérieux dans son travail, le voilà très certainement le secret de la longévité de la famille Baldacci.

Texte et photos Sylvie Gibelin