Lundi 23 mai 2022

Saisonniers : une pénurie de travailleurs frappe la Corse

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De gauche à droite, Cédric Boell, directeur du restaurant familial Les Gones Corses à l’Ile Rousse (2B), Carole Boell, cheffe cuisinière et directrice de l’établissement, Marie France Ricci, serveuse et Thomas Ricci, serveur également.  © Gabriel Page
Après des années de pandémie mondiale qui ont sévèrement affecté le milieu du tourisme balnéaire, de nombreux secteurs tels que la restauration, l'hôtellerie ou le campisme souffrent de ce manque de main d'œuvre.

Durement impactés par cette insuffisance de personnel en haute-saison, les employeurs essaient pourtant de rendre les propositions d’embauche plus attractives en promettant un logement, en défrayant la nourriture ou bien en augmentant les salaires. Au camping quatre étoiles La Pinède à Calvi, Fanfan, directeur du restaurant Carpe Diem, peine à trouver des saisonniers. “On embauche des saisonniers, oui, mais c’est difficile. Les deux dernières années c’est vrai, avec le Covid, on a fait des petites saisons de deux, trois mois donc ça a été assez compliqué de recruter.” 

Ludivine, 25 ans, saisonnière au Carpe Diem, est venue travailler en Corse jusqu’à la fin du mois de septembre. “Je me suis inscrite sur un groupe Facebook, “les Saisonniers de Corse”, et j’ai vu qu’ils recherchaient du monde donc je leur ai envoyé un message et c’est Fanfan qui m’a contacté. Moi, ils m’ont proposé le logement et m’ont dit que j’étais nourrie directement sur place.Il y a de moins en moins de saisonniers, poursuit-elle, car les gens maintenant cherchent un travail stable et les saisons sont un peu moins stables. On part du principe que les saisons, ce sont en partie pour s’amuser mais aussi pour travailler donc je me suis dit autant profiter ! Après, tant qu’il y a un logement convenable et un salaire assez motivant, je pense qu’après, tout le reste, c’est que du plaisir !”

L’hébergement, principal frein pour les travailleurs saisonniers

“Après le problème c’est que l’on a beaucoup de saisonniers qui arrivent et sont non-véhiculés, explique Fanfan, des logements aussi de plus en plus loin des établissements. On doit souvent sortir de la ville pour trouver des logements.”  

En effet, de nombreuses personnes viennent du continent pour pouvoir travailler en Corse estivalement. Pourtant, près de 300 000 postes saisonniers pourraient rester vacants à travers la France selon André D’Oriano, directeur de l’établissement A Siesta à l’Ile Rousse et président de la commission Plage de l’UMIH Corsica, l’union des métiers de l’industrie et de l’hôtellerie. 

“Pour venir en Corse, c’est sûr qu’il faut traverser la mer. Il faut prendre l’avion ou le bateau donc il faut absolument loger les saisonniers. Il est évident qu’au niveau budget, c’est très lourd mais je pense que maintenant, avec l’agence du tourisme de la Corse, avec les municipalités on essaiera de trouver des solutions pour justement mettre en place des structures d’hébergement pour accueillir les saisonniers. C’est primordial de s’occuper de ce dossier.” 

Cependant, et ce même si 10% d’emplois estivaux demeurent non-pourvus, les employeurs essaient de mettre à dispositions des locations pour les salariés épisodiques mais ces postes restent inoccupés. 

Les salaires souvent discutés

Même constat du côté de l’établissement familial Les Gones Corses dirigé par Carole et Cédric Boell. Ces restaurateurs fraîchement installés sur le port de l’Ile Rousse s’indignent de la situation. “Je pense que c’est vraiment une histoire de salaire. On arrive pas à en trouver parce qu’ils ne sont pas payés ce qu’ils devraient par rapport aux heures qu’ils font, détaille Carole Boell, mais en même temps ils ne viennent pas parce qu’on peut leur promettre certaines choses qu’ils ne reçoivent pas forcément à la fin donc c’est pour ça qu’il y a une pénurie de saisonniers. Maintenant, il faut relancer l’économie et tenir ses promesses, renchérit la directrice des Gones Corses, et essayer que des personnes du continent viennent chez nous. Mais il faut vraiment considérer ses employés déjà.”