Mercredi 19 juillet 2023

Spuncatu offre ses chants à la science

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Les confrères de Spuncatu ont enregistré leurs voix et leurs chants pour l'Histoire
Spuncatu a accueilli, pendant quatre jours, le musée de la Corse et des ethnomusicologues afin d'enregistrer les chants polyphoniques sacrés du village. L'objectif étant de comprendre et maintenir dans le temps ce patrimoine immatériel.

Chaque région, chaque pieve et chaque village possèdent leur typicité, il en va de même pour le chant sacré. Le musée de la Corse souhaite conserver la polyphonie traditionnelle et c'est pour cela qu'elle a convié trois ethnomusicologues pour enregistrer, observer et comprendre cette tradition orale séculaire.

« Le projet a débuté par un séminaire avec notre partenaire, le centre national de création musicale Voce de Pigna, détaille Damien Delgrossi, responsable de la phonothèque du Musée de la Corse. Cette première approche a permis à ces professionnels de se familiariser avec le chant traditionnel corse. À la suite de ça, nous avons décidé d'organiser une enquête de terrain. Nous avons choisi Spuncatu car il y a une confrérie très active, qui a maintenu une continuité historique de son patrimoine musical liturgique. »

La confrérie s'est donc prêtée au jeu de l'enregistrement. Un exercice pas toujours évident pour eux. En effet, s'ils ont l'habitude de chanter ensemble, ils ont dû, cette fois, passer l'un après l'autre pour poser sa voix.

« Le chant est un partage, un échange, le faire seul a été difficile, explique le Confrère Raphaël Quilici. Chaque village possède ses chants, ses versi, ses intonations. Nous ne chantons pas de la même façon ici et a Nesce ou Felicetu. C'est ce qui fait la richesse du chant en Corse. »

Une découverte aussi pour les ethnomusicologues, qui, s'ils ont l'habitude d'étudier beaucoup de polyphonies, ont été envoutés par la richesse musicale insulaire.

« Lorsque l'on m'a proposé de travailler sur les musiques corses j'ai été très intéressé, déclare Simha Arom, J'ai beaucoup travaillé sur les musiques africaines et sur la tradition orale. Ici c'est un paradis. Mon travail consiste à étudier les musiques qui n'ont pas d'écriture, transmises par la mémoire. Cette musique, sauf par les gens qui la pratiquaient, ils ne la théorisaient pas. L'objectif du musicologue est de rendre accessible ce chant par la théorie. »

Avec l'apport de ces professionnels, le chant corse livre toujours ses secrets.

Reportage Télé Paese ici