Vendredi 18 juin 2021

Territoriales 2021 : 5 questions à Pierre-François Bascoul (Core in Fronte)

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pierre françois bascoul
Dans le cadre de la campagne électorale des territoriales 2021, Stampa Paese a décidé de donner la parole aux candidats balanins qui se trouvent sur les différentes listes. Au tour de Pierre-François Bascoul, « Core in Fronte Da Per Noi », de répondre à nos questions.

Pourquoi cet engagement au sein de la liste Core in Fronte Da Per Noi menée par Paul-Félix Benedetti ?

Mon engagement dans cette élection territoriale n’est pas l’adhésion à une démarche électoraliste. Il est simplement la suite logique d’un parcours personnel, dans une famille engagée, avec très tôt, dès mon adolescence, une implication dans le monde associatif, culturel et syndical. C’est naturellement que j’ai rejoint Core in Fronte en 2016 et c’est tout aussi naturellement que je suis candidat. Core in Fronte c’est pour moi ce à quoi doit ressembler une démarche politique : la symbiose de femmes et d’hommes qui partagent les valeurs du travail, de l’honnêteté, de la droiture, du respect et de l’abnégation. Notre slogan « Da per noi » résume notre vision des choses. C’est par nous-mêmes que nous souhaitons construire ce pays, en nous engageant à travailler honnêtement, avec pragmatisme, dans le seul but de garantir un avenir prospère et sain pour notre peuple.
Ces dernières années, malgré son absence de l’hémicycle, notre mouvement a su démontrer son utilité par ses actions et ses prises de position. La voix de Core in Fronte doit désormais résonner au sein de l’Assemblée de Corse.

La Balagne est un exemple en termes de gestion des déchets, que préconisez-vous pour la Corse ?

La Balagne est peut-être une bonne élève, mais le constat à l’échelle régionale de la gestion des déchets est plus sévère. Nous devons faire beaucoup plus et beaucoup mieux, d’autant que la famille nationaliste a toujours érigé la protection de la terre et de l’environnement comme ses priorités. La gestion de nos déchets doit être fondée sur un plan global cohérent établi par la Collectivité de Corse ; un plan à la hauteur, réaliste, sans dogmatisme. Nous devons en finir avec l’enfouissement et bannir quoi qu’il en soit toute idée d’exportation. Il faut que les Corses comprennent que le tri, la valorisation et l’engagement de chacun feront partie de la solution. Travaillons avec les intercommunalités pour mettre en place les méthodes les mieux adaptées à chacune, optons pour des politiques incitatives telles qu’un bonus-malus sur les taxes d’ordures ménagères et renforçons la pédagogie.

À l'exemple de Figari, y a t-il une volonté politique de développer l'aéroport de Calvi-Balagne ?

Quand on analyse l’offre et les rotations, les moyens et les investissements, le constat est implacable : le déséquilibre entre Calvi et les autres aéroports est flagrant. Pour une région comme la nôtre, cette plate-forme aéroportuaire est incontournable. Économiquement, avec une centaine d’emploi directs, l’aéroport est un employeur important. Il permet à des dizaines de milliers de voyageurs d’arriver directement en Balagne, d’y séjourner et donc d’y consommer localement. Sur le plan sanitaire, il joue un rôle essentiel pour tous les balanins, qui, éloignés d’une offre de soin à la hauteur malgré l’hôpital de Calvi, sont nombreux au quotidien à se rendre dans les centres hospitaliers de Marseille et de Nice. Aujourd’hui, la Balagne ne doit pas se contenter de l’aéroport de Calvi tel qu’il est. Il doit être développé, mieux exploité, en misant sur le tourisme culturel, l’agro tourisme, et en proposant à l’année des grilles horaires plus fonctionnelles.

La Corse est une région marquée par la pauvreté, comment en sortir ?

Avec un corse sur cinq qui vit sous le seuil de pauvreté, il s’agit d’un mal profond. Un mal difficile à identifier, qui se cache bien souvent à l’intérieur des maisons. Pour lutter contre cette situation sociale, la Collectivité de Corse doit être plus offensive sur sa politique du logement, en augmentant le parc locatif social, et en garantissant un plus grand accès à des logements dignes, à l’année, et à des prix raisonnables. Elle doit renforcer son maillage territorial, mieux collaborer avec les intercommunalités et les communes, mais aussi le tissu associatif, pour identifier et accompagner les personnes en difficulté dans leurs démarches d’accès aux aides. Pour lutter contre la pauvreté à long terme, la Corse doit revoir ses orientations en matière de développement économique. Nous l’avons constaté avec la crise de la Covid-19, notre économie est bien trop dépendante du tourisme et de la saisonnalité. La Corse doit faire le pari des filières de formation et d’excellence dans les domaines du développement durable, de l’agriculture, du maritime, de la culture. Il est indispensable de former notre jeunesse notamment aux métiers du bâtiment, de l’hôtellerie ou de la restauration où chaque année le besoin est de plus en plus grandissant. C’est en se diversifiant, que notre économie offrira de meilleures opportunités pour les Corses. 

Si vous êtes élu, quel serait le premier dossier que vous défendriez à l’Assemblée ?

En vivant à L’Isula et en travaillant à Calvi j’ai vu le visage de la Balagne changer, voire défigurer, et c’est malheureusement valable aux quatre coins de la Corse. Il est temps de remettre l’urbanisme au centre des débats. Il est inadmissible de voir des jeunes professionnels vivre dans des logements locatifs à l’année scolaire, ou quitter leurs communes parce qu’il est devenu impossible pour eux de s’y loger dignement. Il est temps que cette frénésie immobilière cesse. Oui au développement qui rend la Corse plus forte. Non à la spéculation qui fait de notre île une chasse gardée pour quelques privilégiés au détriment des autres.

Propos recueillis par François Colombani