Vendredi 19 juin 2020

L'importance de "Jouer à inventer" pour le développement de l'enfant

La fiction peut être définie comme la construction imaginaire d’un univers qui est propre à chaque enfant. Paul Harris, un psychologue américain et professeur à Harvard spécialisé dans le développement de l’enfant va introduire la notion « d’imaginaire du réel » qui est le royaume de la fiction.

C’est un espace ou tout est possible. 

 

Ainsi, dans cet espace, l’enfant va pouvoir projeter et vivre ses désirs et envies mais aussi y mettre en scène ses angoisses.


Dans son monde, l’enfant utilise le jeu symbolique qui contribue à son bon développement.


Pour Harris, il est « à mis chemin entre l’acte moteur et la pensée ».

Le jeu symbolique chez l’enfant intervient quand l’enfant execute une action de mimétisme en dehors de son contexte, dans un environnement imaginaire qu’il crée.

Dans ce monde, l’enfant peut faire une double représentation de l’objet. Il découpe le réel entre la fonction première d’un objet et la représentation qu’il s’en fait dans son « imaginaire du réel ». Il connait la fonction première de l’objet par exemple une voiture qui permet de se déplacer d’un point A à un point B qu’il transforme dans son imaginaire en un vaisseau spatiale (deuxième représentation de la voiture dans son espace fictif) lui permettant d’aller à la conquête de Mars. L’enfant a conscience que la première représentation de l’objet existe toujours met il l’a met de côtéau profit d’un monde imaginaire le temps du jeu.

Cette capacité à la fiction est pour Harris une capacité spécifiquement humaine de l’imagination.

Cet imaginaire il le considère comme une base cognitive mais aussi affective qui accompagne les individus au cours de la vie. Pour lui les émotions que les enfants traversent dans leur espace de fiction sont bien réelles et vécues profondément.

Quand les enfants jouent à plusieurs, ils arrivent à entrer et partager un monde fictif ensemble. Ainsi, dans le partage de cette activité symbolique, les enfants partagent le même état mental.
Dans ce sens, Paul Harris voit les origines de la capacité à la théorie de l’esprit (capacité cognitive qui permet de se représenter les états mentaux d’autres individus et d’utiliser ces représentations afin d’expliquer ou de prédire le comportement des autres).

Ainsi, l’absence du jeu symbolique serait l’un des symptômes des troubles du spectre autistique.

Harris insiste aussi sur le fait que la fiction permettra à l’enfant (l’adulte en devenir) d’avoir accès à la science et à la culture. Il souligne le fait qu’il existe une forme de continuité développementale entre le jeu de fiction chez l’enfant et la créativité, les productions artistiques à l’âge adulte (on parle de «romans fictifs et de « fictions » qui sont désormais des catégories dans les univers respectifs de la littérature et du cinéma).

Quant à la science, il explique que de nombreuses découvertes scientifiques sont liées à l’imagination, (des procédés expérimentaux inventés au détour de l’imagination par exemple).

C’est en partie sur ce point qu’Harris entre en contradiction avec la théorie de Piaget pour qui le jeu symbolique disparait àla fin de la petite enfance. Harris va plus loin encore et il définit les capacités à entrer dans un monde fictif comme une base de la cognition humaine.

En somme, le jeu symbolique est une activité essentielle du développement du jeune enfant.

C’est une activité qui va lui permettre d’entrer dans un monde fictif où tout lui est possible.

L’enfant peut y réaliser ses désirs, mais aussi y projeter ses angoisses pour tenter de les vaincre. Le jeu symbolique peut être libre ou co-construit avec d’autres enfants.

Harris a insisté sur l’idée que le jeu symbolique est à mi-chemin entre l’acte moteur (courir, sauter, jouer avec des petites voitures...) et la pensée (l’imaginaire qui englobe l’action).

Les jeux symboliques seul ou a plusieurs vont aussi favoriser l’emergence des productions orales.

Pour finir, Harris a permis de rendre compte de l’importance de la fiction pour le développement au cours de la vie (lifespan). Les jeux symboliques auxquelles nous avons joué pendant notre enfance sont le socle de nos capacités et de notre attraction pour les sciences, la culture ou encore l’art.